Photos : page de photos 5-5
Les minerais
Le principal minerai extrait des mines du
pic Liena est la galène, ou sulfure de plomb, ou plomb argentifère,
sous forme de très petits cristaux
cubiques gris foncé. Cette photo
montre un amas de petits cristaux cubiques de galène extrait
des mines de l'Escaro, dans les Pyrénées Orientales.
L'auteur du site
montrant un petit bloc rocheux trouvé sur le chemin du cirque et portant
de petits cristaux de galène.
Photo d'un tel bloc rocheux.
PHOTOS de blocs
de minerai, trouvés sur le terre-plein des mines de Mallo Ruego,
tels qu'ils se présentent à l'oeil nu, avec indication
des minéraux qui les composent : mais ce sont les même types
de minerai qu'on trouve aussi aux mines du pic Liena, et à celles de
La Géla.
L'utilisation du plomb pour la tuyauterie,
la peinture et l'essence tend à disparaître, mais il reste utilisé
dans les accumulareurs et les vernis anti-oxydants. L'argent l'est
en bijouterie et pour fabriquer des micro-circuits pour ordinateurs, et des
pellicules et papiers photographiques.
A noter la couleur de la pyrite
(dont le nom signifie "pierre à feu", ou "pierre de
feu") : on l'appelle l'"or des fous". On l'utilise dans la
fabrication des peintures.
La sidérite des mines du pic Liena, traitée
dans les forges de Bielsa, donnait un fer dont la qualité était
mondialement reconnue. Il a servi à la confection des grilles du palais
de l'Escurial, prés de Madrid.
A côté
d'un affleurement de granite (à gauche), bloc de l'un des autres minerais
extraits, ici de la sidérite, aux mines Luisa, sur le versant
est du pic Liena. On y voit la trace d'un trou percé pour abattre le
minerai dans les galeries, à l'aide d'une barre à mine
enfoncée à coups de masse, ou plus efficacement grâce
à une machine pneumatique.
(voir une page contenant un croquis des mines
du pic Liena, et la page de photos consacrée aux mines
Luisa).
GROS CRISTAUX, centimétriques,
ne provenant pas des mines de la région du cirque de Barrosa mais d'autres
gisements. Ils montrent l'aspect que peuvent prendre les minéraux de
ces mines dans des conditions exceptionnellement favorables à leur
cristallisation :
- en haut,à gauche : cristaux provenant d'un gisement
du Pérou, cubiques (gris métallique) de galène
(sulfure de plomb, PbS, argentifère, le principal minerai exploité
dans les mines du pic Liena), sur un lit de petits cristaux de quartz (blanchâtres,
enchassés dans une gangue contenant des micro-cristaux de pyrite jaunâtres)
(note 1) ;.
- en haut, à droite : cristaux provenant également
du Pérou, cubiques, de pyrite (sulfure de fer, FeS2), dans leur
gangue ;
- en bas : cristaux de galène provenant des
Etats-Unis (près de Joplin, état du Missouri), de diverses tailles,
les uns cubiques, les autres octaédriques.
(afin d'en savoir plus sur la minéralogie
en général, et faire une visite virtuelle des minéraux
du Museum d'histoire naturelle, cliquer
ici ; aller sur "Les espèces" pour en voir de splendides
photos).
En fait la gamme des espèces
minéralogiques qu'on peut trouver dans les mines du pic Liena (comme
d'ailleurs dans toutes les mines) est beaucoup plus large si on y inclut tous
les MICRO-CRISTAUX qu'y trouvent les "micromonteurs",
ces passionnés de microminéralogie qui, munis de leur loupe
binoculaire, les cherchent, les reconnaissent, les collectionnent et les photographient
(on appelle "monture" la petite boîte transparente dans laquelle
ils fixent un fragment de roche porteur de microcristaux, et qu'ils posent
sous l'objectif de la loupe).
Jean-Marie Laurent, membre du club de géologie et de
minéralogie "Le
Béryl" [n° 28 dans la liste des Liens] de Tournefeuille,
près de Toulouse, est un de ces micromonteurs qui a découvert,
dans les déblais (ou"haldes") des mines du pic Liena (Robert
et Luisa), et des installations minières de l'Hôpital de Parzan,
de multiples "petites merveilles" dont il a fait le sujet d'un
article intitulé "Les anciennes mines de Pb/Ag de Bielsa,
Aragon, province de Huesca, Espagne" (pour en prendre connaissance,
et voir les nombreuses photos de microcristaux qui l'illustrent, cliquer
ici )
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1. La
galène
cristallise en effet sous forme de cubes d'un gris métallique
caractéristique, parfois d'octaèdres. L'argent (Ag) peut y remplacer
le plomb (Pb) mais il y est surtout présent sous forme d'inclusions
microscopiques d'argent natif ; lorsque sa teneur atteint 1% la galène
est exploitée comme minerai d'argent.
Sa densité est trés élevée.
La galène est un semi-conducteur permettant
de capter une onde electromagnétique, propriété découverte
en 1874 par l'allemand Karl Ferdinand Braun (ce qui lui vaudra le prix Nobel)
et qui le conduit à réaliser en 1906 le premier poste de radio,
le célèbre "poste à galène". Avec
un morceau de galène ramassé sur place il peut être amusant
et pas trés difficile de bricoler un poste à galène,
guidé par, entre autres, le site "Comment
fabriquer un poste à galène" (Pdf).
La
structure de la galène à
l'échelle atomique ( figure ci-contre)
explique sa cristallisation en cubes : dans la plus
petite unité possible (la
maille) d'un cristal de galène,
les atomes de plomb (Pb : 4 valences +) et de soufre (S : 2 valences -) s'inscrivent
sur les faces (pour les atomes de Pb et 2 atomes de S) ou les angles (pour
8 atomes de S) d'un cube (pour chaque atome il reste une valence pour
une liaison avec des atomes des cubes voisins
[+ pour le Pb, - pour le S]).
Pour voir une
image tridimenssionnelle de cette srtucture, avec la possibilité
de la faire tourner à sa guise, aller dans la site Webmineral.com (cliquer
ici)
La galène est avant tout un minerai pourvoyeur
de plomb et surtout d'argent. En tant que pourvoyeur d'argent
son importance
économique a été grande dans le passé, ce qui
explique l'existence de nombreuses mines de plomb argentifère (et parfois
de blende : sulfure de zinc), notamment en France (dont celle, proche, de
Pierrefitte-Nestalas), ce dont témoigne la fréquence des toponymes
tels que Argentière.
En Grèce, l'exploitation de la mine de plomb
argentifère de Laurion, dans l'Attique, a contribué à
l'essor d'Athènes au Ve s. av. J.-C., en particulier en assurant, sous
l'impulsion de Thémistocle, le financement de la construction de la
flotte qui permit aux Athéniens de remporter sur les Perses la victoire
navale décisive de Salamine,
racontée par Eschyle dans la tragédie Les Perses
(voir
la page
consacrée
aux mines du pic Liena, note 1).
La
séparation du plomb et de l'argent se fait (depuis l'Antiquité)
par la technique de la "coupellation", qui tire parti de la
différence entre les deux métaux : fusible à basse température,
quand il est oxydé, pour le plomb, fusible à haute température
et peu oxydable pour l'argent. Elle est schématiquement la suivante
: on met du plomb argentifére dans une coupelle réfractaire,
poreuse, en cendre d'os compressée. On le chauffe à 1200°
par un flux d'air chaud ; le plomb oxydé fond et est absorbé
par les parois de la coupelle. Reste au fond de celle-ci un bouton solide
d'argent quasiment pur (voir : Pour la science, n° 309, juillet
2003).
Mais au cours de ce processus une partie du plomb,
très volatil, s'échappe dans l'atmosphère. Les Romains,
qui avaient une forte activité minière, consistant surtout en
l'extraction de minerai de plomb argentifèrze, utilisant le plomb pour
fabriquer des conduites d'eau et l'argent pour créer de la monnaie.(dans
des mines disséminées en Europe : en france on en trouve dans
les Alpes, le Massif central et les Pyrénées). Beaucoup de plomb
a été ainsi relaché
dans l'atmosphère,
y mutipliant sa teneur par un facteur 10 par rapport à celle du plomb
naturel dûe aux volcans. C'est ce qu'a révélé l'étude
des couches profondes de la glace dans le massif du Mont-Blanc, au col du
Dôme (entre le Dôme du Gouter et le refuge Vallot). Elle a repéré
deux pics d'émission de plomb : l'un à l'époque de la
République (entre 350 et 100 avant notre ère), l'autre durant
la période de l'Empire (les deux premiers siècles de notre ère)
(voir : Pour la science, n° 501, juillet 2019, p. 9)
Page de photos mise à jour le 6 mars 2021.