Photos : page
de photos 4-2
Le calcaire crétacé :
:la
mince couverture du "socle"
Sur cette PHOTO de la falaise
nord du cirque de Barrosa, la roche inférieure jaune clair (une
cornéenne, ancienne roche schisteuse recuite au contact du granite
voisin lorsque celui-ci s'est mis en place à l'état fondu et
l'a partiellement infiltrée) appartient au "socle", et la
roche supérieure violet foncé (une ampélite) à
la nappe de charriage de Gavarnie (au sujet de l'ampélite voir la
page qui lui est consacrée).
Entre les deux : un liseré blanc d'épaisseur
variable (un à dix mètres environ). C'est la couverture,
en calcaire crétacé supérieur, du "socle",
c'est-à-dire de l'ensemble rocheux (dit "autochtone")
formant le soubassement, au-dessous du plan de chevauchement sur lequel s'est
déplacé la nappe de charriage, laquelle est dite "allochtone".
Cette assise appartient donc au "socle" : on
parle de "crétacé autochtone" (par opposition au calcaire
crétacé inclus dans la nappe de Gavarnie, dit "crétacé
allochtone".
Cette couverture en calcaire crétacé
supérieur du "socle" a subi un rabotage profond, parfois
total, et un laminage, par le déplacement vers le sud de la nappe de
Gavarnie.
Le chemin a été aménagé (au
besoin à coups d'explosifs) le plus souvent sur ce calcaire qui lui
sert de chaussée (voir la page consacrée au chemin des mines
dans la falaise nord),
donc au niveau du plan de chevauchement, parfois un peu au-dessus, dans les
ampélites, parfois un peu au-dessous dans le calcaire lui-même.
Ce calcaire, blanc, résulte
d'un dépot sédimentaire dans une mer peu profonde, sur une plate-forme
continentale du bord nord de la plaque ibérique, entre le Cénomanien
et le Santonien (étages du Crétacé supérieur),
donc entre -100 et -80 millions d'années, juste avant que ne commence,
à cette époque sous les eaux, la surrection des Pyrénées
par collision (ou "affrontement") intra-continentale de l'Ibérie
contre la plaque eurasiatique (note 1).
(VOIR AUSSI un schéma
de la structure géologique générale du cirque de Barrosa)
La falaise nord du cirque de Barrosa telle qu'on la voit
quand on monte vers le port de Barroude par le sentier (voir la page
consacrée à cette montée). On y distingue le fin
liseré blanc de calcaire crétacé entre l' épaisse
couche d'ampélite sombre et le "socle" clair paléozoïque
composé de cornéennes (roche brulée par le contact avec
le granite intrusif voisin, lorsqu'il était encore en fusion, au cours
de la surrection de la chaîne hercynienne, il y a environ 300 millions
d'années) et de lames et corps de granite.
Vue rapprochée de la partie nord de la falaise
nord, où on voit très bien, en bas et au milieu de l'image,
la mince couche de calcaire crétacé blanc qui couvre le "socle"
paléozoïque jaune, sous l'ampélite violet foncé
qui appartient, avec la couche de calcaire dévonien blanc qui repose
sur elle, à la nappe de charriage de Gavarnie.
Vue, de plus prés, sur
la couverture de calcaire crétacé du "socle", épaisse
de 2 à 5 mètres, à l'extrémité sud de
la corniche nord, coupée par deux cascades. Aprés la traversée
de la première cascade en venant de la gauche (sud) le chemin monte
de deux ou trois mètres, provisoirement, dans les ampélites.
La couverture de calcaire repose ici sur une cornéenne
Vue du même endroit, sous un autre
angle, un 18 octobre, époque à laquelle la neige est absente
et la cascade (la trainée noire) moins abondante. Les randonneurs donnent
l'échelle.
Ici le chemin (du moins le sentier qui en est actuellement
le vestige) abandonne le calcaire crétacé (qui s'est peut-être
effondré ou a été creusé par la cascade) pour
monter de 2 ou 3 mètres dans les ampélites. Ce ressaut peut
être surmonté dès la cascade franchie (pas de II-III),
soit 10 à 20 mètres plus loin par une courte cheminée
facile. Le sentier retrouve le calcaire plus loin (note
2).
Au fond, à droite, le port de Barroude, sous lequel
on devine les lacets du chemin, au-dessous desquels on voit le calcaire crétacé
en deux endroits où il sépare l'ampélite, en haut, du
grès rouge, en bas, qui, là, fait partie de la couverture du
"socle".
L'ombre met le doigt sur le plan de chevauchement
(le contact anormal) de la nappe de Gavarnie, en haut (représentée
par de l'ampélite), sur la couverture du "socle", en bas
(représentée par du calcaire crétacé).
.
A la traversée de la cascade
de l'extrémité sud de la corniche nord, où le chemin
des mines (la flèche à la peinture rouge indique la direction
du port de Barroude) est taillé dans le calcaire crétacé,
on voit de très prés le contact (anormal, c'est-à-dire
le plan de chevauchement) entre l'ampélite (datant du Silurien
: en gros 400 à 500 millions d'années) de la nappe de charriage
en haut, et le calcaire crétacé (datant du Crétacé
supérieur, probablement entre Cénomanien et Santonien, soit
entre -100 et -80 millions d'années) qui est la couverture du "socle",
en bas.
Ce calcaire, outre qu'il est tranché par une faille,
a un aspect feuilleté lié au cisaillement subi (sous
forte pression et température relativement élevée) lors
du mouvement de la nappe du nord vers le sud (ici de droite à gauche
(voir la page consacrée à l'effet
du charriage sur les roches).
Songer que l'ampélite était à
l'origine, avant la surrection des Pyrénées, 10 à 15
km plus au nord, et que la nappe de Gavarnie s'est déplacée
lentement, par à-coups liés à des séismes, de
cette distance pendant la surrection.
A gauche, la flèche à la peinture rouge
indique la direction du port de Barroude, au nord.
Toujours dans la falaise nord : il semble qu'il y ait, dans
sa partie centrale, un dédoublement de la couche de calcaire
crétacé supérieur.
Ce phénomène pourrait s'expliquer, comme l'indique
le dessin (très schématique), ainsi : la nappe de Gavarnie,
dans son déplacement vers le sud, aurait entrainé sous elle
une partie de cette couche (avec un peu de "socle") et l'aurait
amenée, après franchissement d'une rampe, à chevaucher
la partie laissée en place. On parle de "digitation par
redoublement".
Dans la partie centrale du cirque
de Barrosa, le chemin des mines, envahi par l'herbe et les chardons ("fausse-carline")
qui poussent sur la terre provenant du délitement des ampélites
violet foncé sus-jacentes, profite, là aussi, de la chaussée
que lui offre (moyennant parfois quelques coups d'explosif : voir le trou
de barre à mine à droite) la couche de calcaire crétacé
couvrant le "socle" granitique. Celui-ci, jaunâtre, est visible
à gauche sous l'assise de calcaire blanc.
PHOTO d'un passage de la vire dans
la falaise sud (voir aussi une autre photo
du même endroit). On y retrouve la même disposition des roches
: la couche de calcaire crétacé (sur laquelle court le chemin)
est prise en sandwich entre deux contacts anormaux, contact en haut
avec un banc d'ampélites sombres, surmonté de la falaise de
calcaire dévonien (c'est le plan de chevauchement),
contact en bas avec le granite. Ce deuxième contact (une discordance)
est ici frappant, entre un calcaire déposé par une mer au Crétacé
supérieur (entre -100 et -80 millions d'années), et une roche
magmatique qui était montée dans la croûte continentale
lors de la formation de la chaîne de montagne hercynienne vers -300
millions d'années.
Sur une vue de loin de la falaise
sud on retrouve, comme dans la falaise nord, le liseré blanc de
calcaire crétacé (les flèches jaunes sur la partie
agrandie), entre le granite du "socle" en bas, et le calcaire
dévonien de la nappe de charriage en haut (sous lequel se glisse une
lame d'ampélite), liseré qui là aussi sert de support
au chemin des mines.
En haut à droite, le pic Robiñera.
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NOTES :
VOIR AUSSI
:
- en cliquant
sur le dessin ci-dessus la page de photos
consacrée à un magnifique sentier en boucle à partir
de Gavarnie, permettant de voir de près le calcaire crétacé
autochtone dans la haute vallée de Gavarnie ;
- les brochures :
* par des enseignants chercheurs des universites
Bordeaux 3 et Paul Sabatier de Toulouse,
Pyrénées : 500 millions d'années, itinéraires
géologiques dans le Parc national, co-édition BRGM-PNPO,
1983, pp. 75-85 ;
* R. Mirouse, Pyrénées centrales
franco-espagnoles, collection des guides géologiques régionaux,
édition Masson, 1992, pp. 160-164).
2. Les photos de la page, celle-ci en particulier, sont à rapprocher des photos du charriage du Moine ("the Moine thrust"), dans les Highlands, au nord-ouest de l'Ecosse, figurant dans une page du site de l'université d'Oxford .
Page de photos mise à jour le 11 janvier 2021