Photos : page de photos 9-14 et 10-14

     Vallées de La Gela, de Saux, de Badet et du rio Pinara : le pic Gerbats par le cirque de Troumouse

Le pic Gerbats (note 2) est l'emblème de la vallée de La Gela et la tentation est grande pour un montagnard qui monte vers le refuge de Barroude de grimper à ce fier sommet et contempler d'en haut à la fois la vallée de La Gela et le cirque de Troumouse.
    C'est ce qu'ont fait les frères Jean et Pierre Ravier et leurs compagnons de cordée, en 1952 par la face est, première des voies qu'ils ont ouvertes dans la muraille de Barroude, puis en 1970 par la face est directe. 
    Mais ce versant est n'est pas accessible au simple randonneur. En revanche il peut monter au pic Gerbats par son versant opposé, celui du cirque de Troumouse, en empruntant la voie normale, peu difficile quoique obligeant à franchir le célèbre "mauvais pas du Gerbats" (note 4) et comportant un peu d'escalade facile dans sa partie terminale.


       
   L'envers du pic Gerbats (par rapport au versant du cirque de Barroude), tel qu'on le voit du cirque de Troumouse (à gauche : la cabane de la Vierge). On voit bien les larges couloirs parallèles de son soubassement, creusés dans le calcaire (dévonien, celui de la muraille de Barroude de l'autre côté) et séparés par des éperons, ainsi que la franche limite entre ce calcaire blanc et le schiste brun dont le sommet est constitué.

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     CARTE du pic Gerbats indiquant par un tireté rouge l'itinéraire de la voie normale qui, à partir du cirque de Troumouse passe par le col de la Sède (2651 m). L'arête qui suit vient buter sur l'éperon vertical que présente au nord-ouest la partie rocheuse du pic Gerbats, ce qui oblige à franchir le fameux (note 4) "mauvais pas du Gerbats", impressionnant et exposé (note 3) : descente d'une cinquantaine de mètres dans une pente raide d'herbe et de schistes instables vers un éperon mi-schisteux, mi-calcaire, suivie d'un parcours, d'une centaine de mètres, à peu près horizontal (il faut surmonter une dalle), sur d'étroites nervures, à la limite (franche) entre le schiste et le calcaire, le tout au-dessus de deux impressionnants toboggans de 200 m. de haut. Par une traversée ascendante (vague sentier) on gagne ensuite plus facilement l'arête du cirque de Troumouse, d'où on découvre, du haut de la grande muraille de Barroude, le cirque du même nom. Puis, sur un gradin d'éboulis, on longe les murailles sud-ouest du pic de façon à aller versant nord pour escalader facilement la partie supérieure de son arête nord-ouest, sur des ardoises aigues et branlantes.
    La carte indique aussi, en pointillés orange :
  - deux variantes un peu plus difficiles, par la face nord (PD sup.) et la facette sud-ouest (couloir en III et IV) (Guide Ollivier, Pyrénées centrales II, p. 291 et 292 (note 1);
  - le haut des deux "voies Ravier" au Gerbats : face Est (ouverte en 1952, avec Xavier Defos du Rau) et face Est directe (ouverte en 1970, avec Paul Bouchet)

 

   Versant Troumouse du  pic Gerbats.
  



   Sur le schéma ci-contre le tireté rouge indique le cheminement de la voie normale..
    Surlignage rouge : le "mauvais  pas".
   


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   Le pic Gerbats vu, le soir, des abords de l'auberge du Maillet..

     
  COUPE GEOLOGIQUE (simplifiée et en partie hypothétique) entre le cirque de Troumouse (à l'Est-Sud-Ouest) et la vallée de la Géla (à l'Est-Sud-Est), passant par le pic Gerbats, Le trait gras marron figure le plan du chevauchement de la nappe de charriage de Gavarnie sur le socle.
  (diorite : roche plutonique de la famille du granite ; migmatites : micaschistes ou gneiss entreladées de filons de granite résultant d'une fusion partielle [anatexie] de ces roches, sous haute température et haute pression : voir une photo ci-dessous).

      
    Le pic Gerbats tel qu'il se présente le matin lorsqu'on traverse le cirque de Troumouse pour atteindre le col de la Sède (à gauche).

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    Le col de la Sède, en bas à gauche, et le sommet aigu du même nom vers lequel montent des moutons en file indienne.
    Au loin, à gauche, le massif du Vignemale.

 

      
    Un de ces moutons languedociens, au-dessus de la pente modérée dans laquelle le sentier monte du cirque de Troumouse au col de la Sède.

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    Voilà comment se présente, vue de l'endroit où la crête montant du col de la Sède vient buter sur l'éperon nord-ouest du pic Gerbats (note 1), la première partie du "mauvais pas", à savoir la descente sur une pente raide, de schistes peu solides et d'herbe, jusqu'à l'éperon mi-calcaire, mi-schisteux qu'on voit à gauche, au-dessus d'un des toboggans calcaires surplombant le cirque de Troumouse..
    Le moment n'est pas à la géologie : on remarque cependant, dans le cirque, une grande moraine avec ses arcs emboîtés. Elle date de la période post-glaciaire (après la fin de la dernière glaciation, c'est-à-dire entre -10000 et -5000 ans).

 

      
   Deuxième partie du "mauvais pas" : après l'éperon (signalé par un cairn) on suit, sur d'étroites nervures, la limite entre calcaire et schistes, notamment pour surmonter une dalle, avant d'entamer une traversée ascendante moins pentue dans les schistes. Un randonneur est visible dans le coin supérieur droit de l'image.

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    Des abords de l'arête du cirque de Troumouse, vue sur la facette sud-ouest du pic Gerbats, à gauche, et une partie de sa face est, à droite. Celle-ci est entaillée d'une étroite cheminée sur les bords (gauche en bas, droit en haut) de laquelle se déroule l'itinéraire de la voie directe tracée en 1970 par les frères Ravier. Dans la facette sud-ouest s'ouvre un dièdre dont la brève escalade (III, IV) mène au sommet (Guide Ollivier, Pyrénées centrales, II, n°308a, p. 291). Sinon la voie normale consiste à parcourir l'éboulis à mi-hauteur vers la gauche pour basculer sur le versant nord et aborder aussitôt l'escalade (facile) de la partie supérieure de l'arête nord-ouest.
    Au deuxième-plan : le pic des Aiguillous et, derrière les nuages, le pic de Campbieil.
   (voir en note 4 une photo de Lucien Briet prise à peu près du même endroit)

 

      
    Depuis le sommet du pic de La Gela, vue, à gauche, sur la face nord du pic Gerbats et, de profil, sur sa face est, plus claire. Dans la voie normale on aborde l'arête nord-ouest en haut d'une courte cheminée, au-dessus du névé de droite (note 7).
    L'itinéraire de la face nord passe à droite de l'arête nord (Guide Ollivier, Pyrénées centrales, II, n° 309, PD sup.). Cette face nord s'aborde depuis le haut de la vallée de l'Aguila (environs du col de La Gela, 2706 m) qui est accessible (voir une carte où la voie figure en pointillé jaune),
  - de la vallée de La Gela (notamment du refuge de Barroude) par la Hourquette de Chermentas et le pic de La Gela (moyennant une perte de dénivelé de 145 m) ;
  - de la vallée de Badet par la Hourquette de Héas (2608 m).
    Au fond : le massif du Mont-Perdu.

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    De l'arête nord-ouest du pic Gerbats, vue sur la partie orientale de la crête de Troumouse jusqu'au pic de La Munia, à droite, en passant par le petit pic Blanc et par le pic Heïd. Le "mauvais pas" du Gerbats est la première difficulté qu'on rencontre lorsqu'on se lance dans le parcours intégral de cette crête orientale du cirque de Troumouse.
    A gauche : le haut de la muraille de Barroude.

 

      
   Depuis le sommet, vue surplombante, vers l'est, sur la muraille et le balcon de Barroude, fermé à l'est par le pic de Port Vieux et le pic Barrosa, et au sud par le port de Barroude.
   Derrière le pic Barrosa : les puntas Sulsa et Fulsa. Au-dessus du port de Barroude émerge le pic Liena. Au fond, le massif du Cotiella.

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    Détail de la photo précédente : les lacs glaciaires de Barroude. Le refuge est bien visible, pas loin du petit lac.

 
      
    Autre détail : au pied de la muraille de Barroude et à l'ouest du port de Barroude, le névé auquel se réduit maintenant l'ancien glacier qui a été pendant le petit âge glaciaire (terminé au milieu du XIXe siècle) l'auteur de la grande moraine.
    Au deuxième plan, séparé du port de Barroude par la haute vallée du rio Barrosa, le pic Liena derrière lequel se situent les anciennes mines de galène argentifère.

 

      
   Plan élargi vers le nord sur la région de Barroude. A gauche de l'image, les pentes du Pichous de Barroude, le ravin où se déverse le grand lac, l'arête nord-ouest du pic de Port Vieux, le Port Vieux la vallée du rio Pinara et.au fond, le massif des Posets.
     On peut voir dans le site de Mariano (https://www.topopyrenees.com), un splendide panorama à 360° pris du sommet du pic de La Gela, montrant en particulier, dans sa partie initiale, le cirque de Barroude puis le cirque de Troumouse. Pour le voir, ouvrir la page consacrée à l'ascension du pic de La Gela dans une randonnée en boucle passant par les crêtes de ce pic (page contenant de nombreuses et belles photos) : http://www.topopyrenees.com/randonnee-pic-de-la-gela-2851m-en-boucle-par-les-cretes/ ,
et cliquer sur le petit projecteur jaune au-dessous de la première grande photo.

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    Du sommet du pic Gerbats vue vers le nord sur le pic de La Gela, le haut du couloir de Barroude et le col de La Gela. Au deuxième plan, la partie moyenne de la vallée de La Gela : le grand replat et son flanc oriental, la Hourmagerie. Au-delà : le flanc oriental de la vallée de Saux.
 

      
    Au sud-ouest, vue sur la partie sud du cirque de Troumouse, dans la partie gauche de l'image, avec le couloir dit "la Canau" qui descend dans le cirque entre deux gros frontons calcaires. Au milieu de l'image, les pics d'Estaubé.
    Au fond, le massif du Mont-Perdu : Cylindre et Marboré à gauche, brèche de Roland et Taillon à droite.

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    Au sommet du pic Gerbats, une grosse touffe de génépi (ou plus précisément d'"Armoise lâche") (voir la page consacrée aux fleurs)
 

                            
    Juste sous le sommet, photographie d'une autre fleur, le Sisymbre des Pyrénées.
 
                                                                            

       
    Sur la partie supérieure de l'arête nord-ouest du pic Gerbats.

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   Dans la traversée du cirque de Toumouse le sentier passe aux abords d'une ancienne cabane (en haut, le 15 juin 2012) au toit gazonné, le "Coueyla des Aires" (ou des Erès, ou des Hérès). Au fond, à l'aplomb de la cabane, le pic de Gabiedou (2809 m) et, en avant de lui, le Tumeu (= proéminence, cf tumeur, tumulus) de Bouneu (ou Bounéou ; en calcaire dévonien clair ; 2597 m).
   Le 31 août 1895 une photo (en bas) avait été prise du même endroit. On y voit Lucien Briet, assis à droite de la porte, vêtu de sa pélerine, en compagnie de ses compagnons de course, et de bergers. Il y a séjourné à plusieurs reprises pour quelques heures ou pour la nuit. En 1895 une première tentative d'ascension du pic de Bouneu par le Mail-Arrouy et la Pène Blanque avec Chapelle et Soulé est arrêtée au sommet de Pène Blanque par un orage. Briet écrit (citation qui figure dans le livre de Céline Bonnal consacré aux cabanes de bergers en vallée de Barèges) (note 6) : "Je dévalai sur les talons de Chapelle, qui nous dirigea vers un auvent de schiste qu'il savait derrière le Mont Arrouye. Nous profitâmes d'une éclaircie, l'orage menaçait de s'accentuer, pour gagner les Aires, au fond du cirque de Troumouse ; je renonçais à monter sur la cime qui nous avait réconfortés dans son giron abrupt. En manière de consolation, je me fis portraiturer assis devant le coueyla, en tête-à-tête avec une grande tasse de hêtre, une "cubat" [ou un "cuba"] pleine de lait, que venait de m'apporter un des bergers. Soulé répéta sous le feu des plaisanteries le geste d'ôter et de remettre en dix secondes l'obturateur. Le cliché fut escellent".
   La cabane a été restaurée en 2005 par le Parc national (voir ci-dessous la note 5 : les autres cabanes du cirque de Troumouse).
    (la photo ancienne, qui fait partie de la collection du Musée pyrénéen du chateau-fort de Lourdes, est reproduite à partir d'une illustration d'un article paru dans la revue
Pyrénées, n° 216, 4e trimestre 2003, p. 384)

         
   Photo de cette même cabane prise le 24 juin 2019.
 

         
   Vue le même jour sur l'enclos adossé à la cabane (peut-être utilisé pour la traite des brebis), limité à gauche par de grandes dalles, et à droite par un gros rocher.
   En toile de fond, à l'est, la falaise du cirque entre le pic Heïd et le pic de Troumouse.

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   VOIR AUSSI :
   - en
cliquant ici, l'intéressant récit par Lucien Briet d'une ascension du pic Gerbats par "le mauvais pas" (dont il retrace l'historique depuis le passage des officiers géodésiens Peytier et Hossard en 1826 ; note 4), illustré de deux belles photos de lui, paru en 1904 dans la revue La Nature, n° 1619, pp. 119-121 (à signaler qu'une page du site de l'Agnouède de Céline Bonnal (note 6) donne accès à d'autres récits, par Lucien Briet, de courses dans la région, dont l'un intitulé "La vallée d'Héas") ;
   - dans le présent site,
      * d'autres pages de photos du cirque de Troumouse et de la vallée d'Héas, consacrées à :
          - la randonnée dite
circuit Briet ;
          - la
tour de Lieussaube ;
      * une page consacrée à la
carte Roussel mais apportant dans la note 8 des informations sur la vallée d'Héas.
   

 

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   NOTES :

   1. De l'endroit où la crête qui monte du col de la Sède vient buter sur l'éperon de l'arête nord-ouest du pic Gerbats on peut, au lieu de passer par le "mauvais pas", gravir cette arête nord-ouest pour atteindre directement l'éboulis à l'endroit où par la voie normale on attaque sa partie supérieure ; mais cette escalade esr assez difficile (passages de IV+ et IV-) (voir la page du site camptocamp consacrée à la traversée col de la Sède- col de La Munia).

   2.  Selon Lucien Briet le nom Gerbats, qui se prononce dans le patois local "yerbat-se", veut dire herbeux ("ger" serait là une déformation de yer, yerba = herbe, du latin herba). Il devrait ce nom à sa situation entre deux riches pâturages des Aiguillous et de Troumouse et au facile passage des troupeaux de l'un à l'autre par le col de la Sède à ses pieds.
   Cependant" ger" pourrait aussi être une déformation de "gar" = rocher, piton rocheux.

    3. Voir aussi un topo du site de Philippe Qeinnec qui a gravi en 2007, en circuit depuis Piau-Engaly, le pic de La Gela et le pic Gerbats.

     4.  Plusieurs anciens pyrénéistes parlent dans leurs récits du "mauvais pas du Gerbats" :

   - les officiers géodésiens Peytier et Hossard, après être montés, en 1825, au sommet du pic de Troumouse, pour y effectuer leurs travaux de triangulaztion (afin de préparer la carte d'Etat-major au 80000e), par le port de Barroude et l'arête est, y reviennent en 1826 mais cette fois, pensant trouver un meilleur chemin, à partir d'Héas et par le mauvais pas du Gerbats qu'ils sont les premiers à franchir ; dans son rapport Peytier écrit : "Argeles, 23 août - Mon général ; j’ai l’honneur de vous adresser les observations faites au sommet du pic de Troumouse, qui est un des plus élevés et celui dont l’accès est le plus difficile parmi ceux qui me servent de points de station. Le voyage et le séjour au sommet de ce pic nous ont offert de grands dangers à M. Hossard et à moi. Avant d’arriver au signal, il a fallu suivre pendant trois heures le haut du cirque de Troumouse, ayant constamment à côté de nous un précipice de 600 mètres, le cirque. Pendant le trajet, le porteur du cercle était attaché et soutenu par deux autres hommes. Sans cette précaution, il serait probablement tombé dans le cirque avec l’instrument ; il marchait pieds nus." ;

   - Henry Russell écrit au sujet de ce fameus passage (dans Les Grandes Ascensions des Pyrénées, 1866, p 193).: "Très mauvais pas, où la moindre glissade à droite est une mort certaine. Je ne connais guère de plus mauvais pas dans les Pyrénées."

   - Alphonse Lequeutre : Le 14 septembre 1869, il quitte Héas avec le guide Henri Paget, dit Chapelle. Il atteint le pic de la Munia (sa quatrième ascension , Lequeutre avait déjà fait cette ascension en 1864, avec Henru Paget) depuis le col de la Sède en franchissant le « fameux mauvais pas », puis en suivant la crête. De ce passage il écrira : "On contourne l’intérieur du cirque sur des anfractuosités de rochers ayant de trois à quatre doigts de largeur, quelque fois un peu plus, rarement moins. A gauche au dessus de nous, des escarpements verticaux, à droite un abîme de neuf à douze cents mètres de profondeur. La moindre glissade serait mortelle."  (Lequeutre aurait vraisemblablement pu descendre par le versant nord de la Munia dans le cirque de Troumouse, mais le Gerbats l’attire. Il décide donc de repartir par la crête et c’est ainsi qu’au retour, Alphonse Lequeutre et Chapelle réalisent la première ascension du Gerbats).

   - Lucien Briet raconte une couse réalisée en 1902 (?) dans la revue La Nature" Il faut gagner la brêche du Gerbats [sur la crête du cirque de Troumouse au sud de celui-ci] en descendant d'abord avec précaution, puis en filant à flanc d'abîme sous les escarpements du pic et par les parois du cirque de Troumouse. Tel est l'endroit que l'on a appelé le "mauvais pas" du Gerbats. [...] Les guides, généralement, commencent trop bas cette marche de flanc ; le seul Paget-Cantou, de Héas, connait admitrablement le lieu. [...]. De fait, le comte de Monts m'a déclaré la passade du Gerbats bien moins effrayante avec Cantou qu'avec ceux qui l'a lui avaient fait une première fois traverser. Le plus dangereux, à mon avis, c'est la descente préalable dans le vide, la roche pourrie cédant par places et manquant d'aspérités. Sauf par-ci par-là, le reste, à la rigueur, peut aller : ma corde demeura au fond du sac. On suit la rencontre du schiste et du marbre ; deux plates-formes herbeuses permettent de se reposer. La falaise du Gerbats, rougeâtre et toute en lambeaux, a autant d'élan que de difformité. Des bosses surplombent ; une immense carie émiette tout. On finit par se hisser sur des graviers, puis sur des banquettes ; une pente de débris ardoisiers amène ensuite sur la brêche du Gerbats dont la crête largement aplanie fait plaisir à rencontrer."

        
   Photo de Lucien Briet illustrant son article paru dans la revue La Nature. et reproduite dans le mémoire de Philippe Barrère avec une citation de Briet : "L'inaccessible pic Gerbats, cette tour semblant une constructin romaine et qui est à la crête de Troumouse ce sue le Casque est à la crête de Gavarnie ".
  
    -
Jean Arlaud sffectue avec ses compagnons, le le 22 août 1937, le tour du cirque de Troumouse du col de La Munia au col de La Sède à partir d'Héas (l'intention était de le faire dans l'autre sens mais le brouillard les a égarés ; pour contourner le pic de Serre Mourène ils descendent de la crête par de "mauvais escarpements sur les talus de terres mouvantes versant français [...]. C'est fort mauvais partout, surtout vers la fin" ). Ils arrivent au bas du Gerbats ; Arlaud a noté dans ses Carnets (tome II, p. 396) : "Le mauvais pas. Bien moins mauvais que celui de Serre Mourène, car ici ce sont des corniches roches et herbes. On descend par échelons pour arriver dans dernière partie à la limite entre schistes rouges et le calcaire blanc ; celui-ci file en grandes parois vers le cirque, sans un ressaut. Fort impressionnant. Un cairn signale la sortie (ou l'entrée du passage) et par deux petits cirques, on s'élève jusqu'à la crête du col de La Sède-Gerbats."  

  SOURCES :
  - article de Philippe Barrère dans la revue
Pyrénées, n° 237, janvier 2009, p. 5 à 25, "La conquête de Barroude par les pyrénéistes" (extraits du mémoire qu'il a présenté pour l'obtention du Brevet d'Etat d'accompagateur en moyenne montagne, session 2008) ;
  - aricle de Lucien Briet dans la revue
La Nature n° 1619, 32e année, 4 juin 1904 ," Le pic Gerbats" (consultable en ligne sur le site de la CNAM) ;
  - Carnets de Jean Arlaud, tome II, p. 396.

   5. Il y a, ou il y avait, dans le cirque de Troumouse d'autres cabanes : voir la carte ci-dessous :

   Cette CARTE situe les différents "coueylas" du cirque de Troumouse.

   Un coueyla désignant dans le pays Toy l'ensemble formé par une cabane, surtout, et, à proximité, un enclos pour rassembler les bêtes, un "leytès", c'est-à-dire un abri pour le lait, et un saloir.
   

   A noter que le mot coueyla est celui utilisé aussi dans la vallée d'Aspe, alors que c'est le mot "courtaou" qui est utilisé dans les vallée des Nestes, dont la vallée d'Aure, et la vallée de l'Adour (vallée de Campan).

   


    Dans le passé (notamment autour de 1900) il y avait trois coueylas (surlignés en orange sut la carte) dans le cirque de Troumouse : celui des Aires, celui du Cot, et celui de Lieussaube.
 

  
    Actuellement on peut voir :

    
       -  L'ANCIENNE CABANE DES AIRES, encore debout, avec son toit gazonné, faisait partie du "Coueyla des Aires" (ou des Erès, ou des Hères) : voir ci-dessus un montage associant sa photo actuelle (prise le15 juin 2012), à celle prise (le 31 août 1895) avec l'appareil-photo de Lucien Briet, suivi de deux photos prises le 24 jun 2019.

      - La NOUVELLE CABANE DES AIRES :  Construite en 1966 plus au nord que l'ancienne, elle est bien visible de loin, perchée sur un promontoire surplombé par le pic Gerbats.
  
          
 
    Elle porte, inscrite sur sa façade, la devise du pays Toy (c'est-à-dire le bassin du gave de Pau en amont de Pierrefitte, soit le canton de Luz-St Sauveur) : U TOY NOU CRASN QUE DIOU, ETS PERICLES - ERA LID !  (Le Toy [l'habitant du pays Toy] ne craint que Dieu, l'orage, et l'avalanche).

  - Les ANCIENNES CABANES DU COT et l'actuelle CABANE DU COT (dite aussi "cabane de la Vierge"). Sur une ancienne carte postale publiée dans les années 1900, signée A. Villatte, éditeur à Tarbes (document communiqué par Céline Bonnal [note 6] ) on voit les deux belles et typiques cabanes de bergers, telles qu'elles étaient encore au début du XXe siècle, . Il n'en reste aujourd'hui que deux tas de cailloux. mélés à de la végétation. Elles ont été remplacées par un petite cabane récente, perchée sur une éminence proche.

         

   L'arrière-plan de la carte postale (où l'arête nord du pic de Gabiédou se détache sur les pics d'Estaubé qui se situent plus de 1 km plus loin) permet de localiser exactement l'emplacement, au centre du cirque de Troumouse, de ces deux cabanes : au sud de la butte portant la statue de la Vierge, entre la nouvelle cabane du Cot (ou de la Vierge) et un enclos construit de pierres sèches et appuyé sur un rocher. Mais à cet endroit il ne reste plus de ces cabanes qu'un tas de cailloux, qui prend cependant approximativement la forme de deux rectangles infiltrés par la végétation (y compris des aconits).
 

       
   Vue d'en haut sur les vestiges de ces deux cabanes réduits à deux tas de cailloux, et sur la nouvelle cabane du Cot (ou de la vierge de Troumouse).
 

          
    Vue rapprochée sur ces vestiges, mélés à de la végétation, avec en toile de fond les falaises du cirque : de gauche à droite, LaMunia, le Mont Arrouy, la Pène Blanque et la Hèche de Bouneu.
 

       
  Sur la photo du haut on voit le tas de cailloux prendre à peu près la forme de deux rectangles.
  La photo du bas situe les ruines, envahies par la végétation, de ces deux anciennes cabanes : entre l'angle de l'enclos (à droite) et la nouvelle cabane de la Vierge (ou du Cot), au sud (à gauche). Au loin on devine le parking du cirque de Troumouse, qui n'est qu'à 300 m de là. A l'arrière plan : le sud de la paroi du cirque, à gauche de l'image, formée par les pics de Bouneu et de Gabiédou de part et d'autre du couloir appelé La Canau. En arrière de ces sommets, à droite, les pics d'Estaubé. 
 

       
   Vue d'en haut, de nouveau, situant les vestiges des deux cabanes, proches de la cabane du Cot, dans la partie sud du cirque de Troumouse.
On y voit les grands pâturages qui s'étendent sur les moutonnements d'ampélites noirâtres (on y distingue à droite le parking), au pied de la crête occidentale du cirque, avec de gauche à droite : la Hèche de Bouneu, le passage du cheval rouge (dans des schistes sombres) , le Tumeu de Bouneu qui cache le pic du même nom, le port de la Canau, et le pic de Gabiédou.

  Lucien Briet, familier de la cabane des Aires, a aussi été plusieurs fois, lors de ses excursions, hébergé par les bergers des cabanes du Cot. Le 13 aoùt 1902 il monte de Gèdre, où il séjoune, coucher à ces cabanes ; le 14 il parcout la crête occidentale du cirue (Bouneu, Pène Blanque, Mont Arrouy), le 18 il remonte y coucher pour tenter le lendemain l'ascension du Soum d'Aspé (où il est arrêté par un orage à quelques mètres du sommet). Il en parle dans ses écrits (cité dans le livre de Céline Bonnal consacré aux cabanes de bergers en vallée de barèges [note 6]) : "On accède par le Maillet à la station pastorale de Cot. Elle se compose de deux cabanes, l'une habitée et l'autre servant de cuisine [une cabane pour dormir, dit-il ailleurs, et un cabanon pour la cuisine]. En avant, des blocs aplanis font office de sièges et de tables. Le pèle-mêle des chaudrons, des menus objets de ménage, des ustensiles, pendus, bouculés à l'extérieur comme à l'intérieur, tous spéciaux à la vie du "pastou" barégeois, ferait merveille au musée ethnographique du Trocadéro. Les bouses ne manquent pas non plus, car les animaux sont quotidiennement ramenés sur place, où la traite s'effectue. Le piétinement que ce va-et-vient occasionne a rongé le gazon ; on patauge, quand il pleut, dans une boue hideuse. Les cahutes s'appuient à des protubérences avec lesquelles elles se confondent".
   
Eugène Sinturel, pyrénéiste familier de la vallée de Barèges entre les deux guerres, note (cité dans le même livre), dans les années 30, la dégradation de ces cabanes : "Deux coueylas ou cabanes en mauvais état au milieu de véritables parterres d'aconits dressant leurs hampes violettes". On voit encore des aconits sur la photo des ruines figurant à la page 203 du livre de Céline Bonnal.

   6. Céline Bonnal est l'auteur du livre "A la découverte des cabanes de bergers en vallée de barèges", éditions Monhélios, paru en 2014. Elle est aussi l'auteur de l'intéressant site web L'agnouède consacré à l'agro-pastoralisme en vallée de Barèges, mais qui donne aussi accès à de nombreux documents, en particulier à des récits de pyrénéistes, tels Lucien Briet, ou Ramond de Carbonière, entre autres.

    7. Voici, ci-dessous, trois photos de Maurice Heïd (1881-1957 ; montagnard et cartographe, il a participé aux travaux cartographiques de A. Meillon et surtout F. Schrader dont il a été le disciple et l'ami), légendées (elles illustrent, dans le numéro 296, daté de mars 1938, de la revue du CAF, La Montagne, un article de Andrée Martignon, écrivain, poète, pyrénéiste , 1888-1977, intitulé Barroude et la Géla) .
  - en haut : Vue prise du port de Barroude (2542 m.) vers le pateau lacustre de la Géla ;
  - au milieu :
Le pic Gerbats vu du sommet de la Géla ;
  - en bas : Les lacs de la Géla vus du sommet du Gerbats.

          

          

         

                              
   
                              

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  Page de photos mise à jour le 21 Février 2022