Chemin
des mines
Carte
de Roussel
(Carte générale des monts Pyrénées
et partie des royaumes de France et d'Espagne. Par Roussel, ingénieur
du roi, Eau-forte,
fin du XVIIIe siècle)
Copyright
: Musée Paul Dupuy, Toulouse
Echelle
: 1/330000
Le
nord est en bas, le sud en haut (note
1).
La carte de Roussel est
une carte de l'ensemble des Pyrénées, commandée par le
Régent à des fins militaires, levée entre 1716 et 1719
par Roussel, ingénieur du roi, et La Blottière, un autre ingénieur
géographe auteur d'une légende, et gravée en 1730, à
l'échelle du 1/330000. L'exemplaire dont
une partie est reproduite ici date de la fin du XVIIIe siècle.
C'est une carte
approximative où le relief est donné par des montagnes imaginaires
en perspective cavalière, et sans cote d'altitude (note
1).
L'image ci-dessus
reproduit la partie de la carte centrée sur les vallées de
Bielsa, d'Aure et "de Barèges" (qui autrefois
désignait la haute vallée du gave de Pau, en amont des gorges
de Pierrefitte, le "pays Toy" actuel). La partie colorée
en vert est reproduite ci-dessous.
La toponymie est plus ou moins
différente de la toponymie actuelle (note
2). La frontière est marquée par un
pointillé, à mi-hauteur de l'image (note
3), sur lequel se greffe un autre pointillé,
la limite entre Comminges et Bigorre.
Agrandissement
de la partie de la carte (dans le cadre
vert) comprenant les hautes vallées d'Aure et de
Bielsa, et la vallée de Pineta (avec la "Chapelle de Pinede")
.
Au centre y figure le "Port de Birousse",
qui est certainement le port de Barroude (ou de Barrosa) actuel. Le chemin
qui l'empruntait passait donc par la vallée de Barrosa, le cirque de
Barrosa et la vallée de La Géla. Les ports voisins, Port Vieux
et port de Bielsa, sont bien figurés. Le "Port de Badet ou d'Aure"
est le port de Campbieil (note
4).
Remarquer l'"Hopital de Bielsa", c'est-à-dire
l'Hôpital de Parzan, placé (probablement par erreur ou approximation)
un peu en amont du confluent des rios Barrosa et Pinara (alors qu'il était
vraisemblablement en aval)
(note 5),
et symbolisé comme une chapelle.
Symétriquement, côté français, est
signalé de la même façon l'"Hopital de Chaubère"
: c'est l'hôpital qui incluait alors la chapelle dite des "Templiers"
(seule encore debout aujourd'hui, avec son clocher-mur, pas loin du hameau
de Chaubère : image ci-contre), les Templiers étant
cet ordre de moines-soldats, fondé au début du XIIe siècle,
au service des pélerins et des voyageurs, en particulier sur les chemins
donnant accés aux cols (note
6).
Les chemins empruntant les trois ports ("Birousse",
Vieux et Bielsa) convergent, côté français, vers l'hôpital
de Chaubère, et, côté espagnol, vers l'hôpital de
Bielsa où aboutit également celui qui passe par le port d'Héchempy.
Plus à l'est figurent deux autres "hopitaux"
ou "hospices", celui de "Rioumayou" côté
français, et celui d'"Arragon" côté espagnol,
de part et d'autre du port de Plan, sur l'ancienne voie romaine traversant
les Pyrénées dite "la Ténarèse" (voir
la page consacrée au port
de Plan).
"Chapelle des Templiers" (Photo de Louis
Drouot, figurant à la page 71 de son beau livre, sorti en octobre 2006,
"Pyrénées, fugue en sol
sauvage", éditions Toillies, 2006, récit, illustré
de trés belles photos, d'une traversée à skis et à
pied des Pyrénées, par étapes réparties entre
1989 et 2000 ; on peut s'en faire une idée et l'acheter en ligne à
l'adresse : http://www.pyrenees-fugue.com
). >
A noter aussi dans la carte, au-dessous du nom "Aragnuet"
(Aragnouet, dont l'origine est Aragonet, petit Aragon, ou, autre hypothèse,
prunellier en occitan) le signe conventionnel d'une usine, associé
au mot "Forgeron" : c'était probablement une forge
et peut-être y traitait-on un minerai de fer. C'est en tout cas le signe
de la vocation minière, déjà, de la région (note
7).
"La Canalle" est le port de La Canau, passage
le plus court pour aller de Héas dans la vallée de Pineta et
à Bielsa (note
8).
Le Port d'Estaubé est sans doute le port neuf de
Pinède actuel, au sud du Port Vieux (celui qui fait communiquer les
vallées d'Estaubé et du rio La Larri).
Remarquer l'ancien et éphémère Lac
de Héas, sur le cours du gave de Héas, en aval du cirque
de Troumouse, entre la chapelle d'Héas et Gèdre, juste en amont
du confluent avec le gave d'Estaubé, au lieu-dit "l'Araillé",
où, comme ce nom l'indique, un chaos rocheux encombre la vallée
(note
9).
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HISTOIRE
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d'accueil
Les
ports de "Modanc" (Moudang, ou port de Trigoniero, 2495 m.,
et de "Rivière" (ou" Riuière", Arriouère,
2588 m., difficile) sont à peu près
bien placés, mais le tracé des chemins qui en descendent
côté espagnol est faux (dans la réalité
celui du port d'Arriouère se branche sur celui du port de Trigoniero,
qui atteint le rio Barrosa en aval de l'Hôpital de Parzan). A noter
que le port de Moudang a été longtemps fréquenté
par les contrebandiers pour faire passer des marchandises entre la vallée
du Moudang (donc la vallée d'Aure) et la vallée de Bielsa :
d'où l'existence dans le passé (en fonction jusqu'à l'entrée
de l'Espagne dans l'Europe) d'un poste de douane (ou de carabiniers) au débouché
de la vallée de Trigoniero dans la vallée du rio Barrosa, 1,5
km en aval de l'Hôpital de Parzan. (retour
au texte)
Haut
de page
5.
Sur sa carte au 1/100.000 des Pyrénées Centrales,
élaborée entre 1877 et 1902, Franz Schrader inscrit "Hospital
(Ruines)" un peu en aval du confluent des rios Barrosa et Pinara (voir
une page où est
reproduite une partie de cette carte, et la
page consacrée aux installations minières de l'Hôpital
de Parzan). (retour
au texte)
6.
Cette chapelle (photos ci-dessous) se situe en haute vallée
d'Aure, au bord de la route D118, au carrefour des routes de l'Espagne et
de Piau-Engaly, près du hameau de Chaubère et du village du
Plan, au confluent
des vallées de La Gela, de Badet, et de Saux, où convergent,
à 1325 m. d'altitude,
les chemins qui descendent des cols (ou ports), qui, à l'extrémité
de ces vallées, font communiquer la vallée d'Aure avec l'Espagne
ou la vallée du Gave de Pau (carte
ci-dessous).
Actuellement (année 2012) elle est en cours de restauration.
Dans les années 1820 le bâtiment de l'hospice
existait encore : J. Cervini, auteur du texte qui accompagne le recueil de
lithographies de A.-I. Melling, "Voyage pittoresque dans les Pyrénées
françaises" (voir la note 9), écrit :
"[...] nous arrivâmes à la maison de Chaubère.
Cette habitation, qui était autrefois un hospice tenu par les Templiers,
n'est plus aujourd'hui qu'une chétive auberge, exploitée par
un mntagnard pour son compte".
En fait l"'hôpital de Chaubère", et
la chapelle qui en faisait partie, ont
été construits (comme
d'ailleurs l'Hôpital de Parzan qui est son pendant en Espagne),
au XIIe siècle (entre 1160 et 1170), non par les Templiers, mais par
l'autre ordre religieux chargé de la protection des pélerins,
l'ordre des Hospitaliers (ou Chevaliers) de St-Jean de Jérusalem.
Il faisait partie intégrante de la commanderie d'Aragnouet (commanderie
d'Aure), qui au début du 14e siècle perd son statut de maison-mère
au profit de la commanderie de Poucharramet (près de Rieumes).
L'hôpital a été pris en charge par
cet ordre jusqu'au 17e siècle, ensuite par des communes de la vallée
d'Aure et le clergé de celles-ci. Il n'en reste rien.
La chapelle a plusieurs autres noms : "Chapelle (Notre-Dame)
de l'Assomption", "Notre-Dame des Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem",
"chapelle (ou hospice) du Plan". Elle a été dépouillée
de son orfèvrerie pendant la Révolution .
Le clocher-mur est séparé de la chapelle.
Il a été construit plus tard (il porte une date, 1876, mais
qui correspond sans doute à une campagne de restauration) (voir
le site
Montagne Pyrénées).
La chapelle dite des Templiers est un jalon sur un
des chemins de Saint-Jacques de Compostelle.
Chapelle dite des Templiers :
- ci-dessus : vue de la route D118 à gauche,
le chrisme au fronton de la porte à droite ;
- ci-contre : l'intérieur, à gauche,
et la vierge noire, protectrice des Templiers, tenue dans un lieu secret mais
qu'on y transporte lors de cérémonies, à droite.
Sur
le fronton de la porte d'entrée de la chapelle est gravé un
"chrisme" typique des vallées d'Aure et du Louron,
constitué (schéma ci-contre) par les lettres grecques
Chi (X) (effacée dans ce chrisme dans sa partie supérieure en
raison d'un défaut de la roche), et Rho ([P), monogramme
du Christ, auquel sont ajoutées
les lettres Alpha et Oméga ; et la lettre S ([pour Sanctus-Spiritus,
qu'on trouve surtout dans les chrismes de l'Aragon, notamment à la
cathédrale de Jaca), soit le Fils, le Père, et le Saint-Esprit
; un trait horizontal représente la croix ; le tout est inscrit dans
un cercle étoilé, ou un disque (solaire ?) (voir, entre
autres, la page
d'un site consacré aux églises des vallées d'Aure et
du Louron).
Installés au point de convergence de chemins
transfrontaliers ou au pied des passages de montagne les plus fréquentés,
les hospices et les hôpitaux étaient destinés
à servir d'abri en cas de mauvais temps, à porter secours aux
voyageurs, et à leur offrir, comme
les refuges actuels, le gîte et le couvert.
Ramond a écrit : "Dans les passages fréquentéset
qui sont praticables pour les bêtes de somme, il y a ici [dans les
Pyrénées] comme en Suisse et en Italie, des Hospices appelés
Hôpitaux. Dans les Alpes, il n'y en a communément qu'un à
chaque passage , et il est placé au plus haut de la montagne [comme
au col du Grand-St-Bernard]. Dans les Pyrénées
il y en a ordinairement deux, qui sont situés au bas des deux montées".
Le mot "hospice" s'applique plutôt
aux établissements gardés par des civils, seigneurs puis communautés
villageoises, et offrant aux voyageurs une aide matérielle de courte
durée (une nuit), tandis que le mot "hôpital"
s'applique plutôt aux établissements tenus par des religieux,
ordres de moines-soldats (Templiers, ou Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem),
ou clergé séculier des paroisses proches, ajoutant à
l'aide matérielle une assistance spirituelle, au cours d'un hébergement
qui pouvait être de plus longue durée.
Voici une illustration, littéraire, de ces hospices,
qu'on doit à Gustave Flaubert qui, lors d'un voyage dans les
Pyrénées en 1840, à l'âge de 19 ans, séjourne
à l'Hospice de France avant de monter au port de Vénasque
: "[...]. Avant de gravir le plus rude, on s'arrête à
l'hospice, grande maison nue au dehors comme au dedans, où nous n'avons
vu que les enfants du gardien qui se taisaient en nous regardant. La cuisine
est haute et voûtée pour soutenir le poids des avalanches ; des
meurtrières dans les murs remplacent les fenêtres, et quand on
ferme les auvents, il fait nuit. La fumée sortait en nuages du foyer,
et le vent qui venait du dehors passait sur les murs noirs et l'agitait autour
de nous sans l'entraîner en se retirant. Des chênes dégrossis,
placés devant le feu servent de bancs, et bien des belles voyageuses
qui venaient là s'y asseoir au mois d'août, en compagnie, heureuses
d'être dans les montagnes et de pouvoir le dire, ne pensent guère
que quelques mois plus tard, sur ces mêmes bancs, dans les nuits d'hiver,
viennent s'asseoir aussi, armés et sombres, les contrebandiers et les
chasseurs d'ours. On ferme les ouvertures avec du foin et de la paille, la
résine éclaire la voûte, et l'arbre brûle dans cet
âtre sombre autour duquel sont réunis quelquefois jusqu'à
cinquante hommes, montgnards égarés, chasseurs, contrebandiers,
proscrits. Tous se rangent en cercle pour se chauffer ; les uns guettent les
bruits de pas sur la neige, les autres laissent venir le jour et fument sous
le manteau de la cheminée. Je crois qu'on y cause peu, et que le vent
qui rugit dans la montagne et qui siffle dans les jointures de la porte y
fait taire les hommes ; on écoute, on se regarde, et quoique les murs
soient solides on a je ne sais quel respect qui vous rend silencieux".
Beaucoup de ces "refuges" anciens ont disparu,
mais ont laissé des toponymes : Hospital, Hospitalet, Espitau, Astau.
Autre
illustration littéraire d'un hospice du versant espagnol des Pyrénées,
celle laissée par Ramond de Carbonnières qui, de passage
à l'hospice de Boucharo
le 8 novembre 1792, la décrit ainsi dans
"Les carnets pyrénéens" (édition MonHélios,
p. I-139) : : "Le mouvement de l'hospice était considérable
; les muletiers, les marchands, les contrebandiers, les gardes, chacun s'agitait
à sa manière. Les uns jurant, les autres parlant bas ; celui-ci
fuyant, celui-là spolié, d'autres à la chasse de leur
proie à travers les précipices du Taillon. Là, des partages
de l'argent passé en fraude, ici des partages de captures, chacun soupirant
après la nuit qui couvre la perfide industrie de tous. L'hospitalier
jaloux battant sa femme, la femme fuyant dans ces déserts, le mari
la cherchant, désolé, le flambeau à la main, les filles
de l'hospice profitant de l'absence de tous deux, et les assistants espionnant
à la place des maîtres les intérêts des passagers,
prêtant une main aux fraudeurs et l'autre aux commis, tel était
le mouvant tableau des premières heures de la soirée ; quand
[suivit] une nuit profonde mais sereine, favorable à tous les desseins,
dispersant cette inquiète cohue nous fûmes livrés à
la grossière société des cinq ou six habitants de ces
sauvages lieux, à la conversation des furies de cet enfer, aux taciturnes
inquiétudes du mari, et moi-même objet de plus désagréables
soupçons, ayant à me méfier de ces gens pour qui ma curiosité
cachait d'hostiles desseins, incertain de l'effet que pourrait produire plus
bas la nouvelle qu'un homme qui n'était ni émigrant, ni contrebandier
semblait visiter les boulevards de la contrée, au milieu des inquiétudes
de guerre qui occupaient les esprits, je passai une soirée peu agréable,
mangeant avec peu d'appétit les membres encore palpitants d'une brebis
qui vivait lors de notre arrivée, et nous allâmes nous coucher
tout habillés sur des lits d'une dégoutante malpropreté
dans des chambres dont les fenêtres, toutes grillées de fer,
avaient l'air des soupiraux d'une prison". (retour
au texte)
(Au sujet des hospices ou hôpitaux voir,
dans ce site, d'autres pages sur :
-
l'Hôpital
de Parzan ;
- le port
de Plan (notamment la partie consacrée
à son histoire).
7.
Dans le livre de Frantz-E. Petiteau, Autrefois en vallée
d'Aure (édition Alan Sutton, 2005), p. 165, Yvan Tixador dit,
aprés avoir signalé qu'"on exploitait déjà
au XVe siècle le fer dans
le val de La Géla", qu'au XVIIe siècle une forge
était en activité à "Aragnouet qui utilisait
le minerai de fer du Moudang et des mines de Bielsa [sans doute celles du
pic Mener]". Il s'agit donc vraisemblablement de cette forge.
D'ailleurs dans ses notes de la légende
de la carte de Roussel, F. Marsan parle "d'une ancienne forge, bâtie
par Marguerite, dame de Devèze, en 1629", à l'embranchement
du chemin du Moudang, au confluent des Nestes d'Aure et du Moudang (sur
la carte de Roussel les localisations sont approximatives). Juste en aval
du pont on voit encore ce qui reste de cette forge.
Dans
"Itinéraire descriptif et pittoresque des Hautes-Pyrénées
françoises", tome III (p. 43), Pierre Toussainr de La Boulinière
écrit, en 1825 : "On aperçoit à l'entrée
de cette gorge [vallée
du Moudang], les ruines d'une ancienne
forge qui servait à fondre le produit d'une mine de fer située
sur le port. Les forêts environnantes fournissaient le bois nécessaire
à cette fonte. On ignore les causes qui ont fait abandonner cette exploitation".
Il s'agissait probablement d'une" forge à la catalane".
( au sujet de cette forge voir
dans le présent site la page consacrée à l'histoire
de l'activité minière dans la région du cirque
de Barrosa), et une
page du site
de Jean Prugent sur la vallée de Moudang).
(retour
au texte)
Extrait
de la carte de Cassini (dressée entre 1772 et 1777) où figure
la "Fge d'Aragnouet", et photo montrant des vestiges, restaurés,
de cette forge. >
8.
Canau,
ou Canaou, ou canal en espagnol : c'est bien par un "chenal", ou
une cheminée, raide, étroite en bas entre deux énormes
piliers de calcaire dévonien blanc, mais évasée vers
le haut, creusée dans le sud de l'enceinte du cirque de Troumouse,
qu'on atteint ce port (2686 m.) côté Héas. Ramond fait
dire à de Saint-Amans (Voyages au Mont-Perdu...1801, p.243)
: "Il faut que les habitans de Héas soient étrangement
épris de l'Espagne
pour s'être avisés de la chercher par une route semblable".
Et
Chausenque écrit (dans
Les Pyrénées ou voyages pédestres, Monhélios,
2006, t.1, p.376) : "C'est là qu'il faut
gravir, non sur le roc solide, mais sur des neiges glissantes, ou, ce qui
est pire, sur de menus débris qui fuient sous les pieds
[...] En deux heures depuis les couïlas, j'atteignis
les bords ébréchés de l'entonnoir, et à l'instant,
d'une des plus hautes crêtes des Pyrénées, je vis se creuser
sous mes pieds le précipice immense de Pinède".
< Photo
de la Canau prise par Lucien Briet le 14 août 1902, illustrant
son article La crête de Bounéou dans l'Annuaire
du CAF, 1902, p. 176.
Malgré cette difficulté (il est vrai
atténuée par des murettes aujourd'hui disparues) le port
de La Canau était un lieu de passage entre le sanctuaire d'Héas
et celui de la vallée de Pineta, fréquenté
(même l'hiver),
par les habitants de la vallée de Barèges et ceux de la vallée
de Bielsa pour franchir la crête frontière. Il se passait à
cheval au début du XVIIIe siècle, et encore autour de 1900 des
aragonais n'hésitaient pas à l'emprunter avec des mulets achetés
dans les foires françaises. (retour
au texte)
Montage de PHOTOS montrant :
- à gauche : le
port de La Canau, tel que le voyaient, au
mois de juin, peu
de temps après avoir quitté Héas, les voyageurs qui entreprenaient
de franchir ce port pour se rendre à Bielsa, sur le versant espagnol,
par la vallée de Pineta ("Ce port, vu d'ici, se montre sous
un étrange aspect. C'est au haut des montagnes empilées, c'est
entre deuc énormes promontoires blanchâtres qui semblent menacer
le ciel que se montre l'étroite fente qu'il faut traverser. Trois heures
de rapide ascension suffisent à peine pour l'atteindre ; et cependant
on distingue de Héas un homme qui la franchit" écrit
Ramond dans ses Carnets pyrénéens, éditions MonHélios,
2014, p. II-19)
- en haut, à droite : le hameau de Héas,
avec sa chapelle, et l'actuelle auberge de La Munia (le bâtiment blanc
proche de la chapelle) ;
- en bas, à droite : du chaos de l'Araillé,
vue vers l'amont ; l'ancien lac temporaire (voir la note 9) occupait
l'espace où l'on voit, sur la photo, la route et le bouquet d'arbres
(qui cachent la chapelle d'Héas). Au fond : à droite, le
cirque de Troumouse, et à gauche, le pic
de La Sède ceinturé par une grande falaise d'où se
détache, sur son arête sud-ouest, une petite pointe sombre :
la tour de Lieussaube
(voir la page qui lui est consacrée)
(voir aussi :
- la page
de photos consacrée
à la tour de Lieussaube ;
- dans la page consacrée
à la haute vallée
du rio Barrosa en note 1, 3 photos d'un cercle de pierres préhistorique
dans les pâturages entre Héas et Troumouse, et du paysage environnant).
A gauche, l'actuelle chapelle d'Héas
telle qu'elle a été reconstruite en 1925-1926.
A droite, la stèle mise en place
sur l'emplacement de l'ancienne maison Chapelle, ou "Hôtel de La
Munia", et de la maison Cantou, rappelant l'histoire de ces maisons
et de la chapelle.
Tableau accroché au
mur de la chapelle, encadrant quelques photos de celle-ci avant et lors
de l'avalanche de 1915, laquelle a balayé les maisons Chapelle
et Cantou et emporté une partie de la chapelle qui s'est peu après
complètement effondrée.
La chapelle de Héas photographiée,
avant sa destruction partielle par l'avalanche du 23 janvier 1915 (sa
reconstruction, après la guerre, a été terminée
en 1925),
par deux grands photographes
: Lucien Briet (en
1897) à gauche,
et par Jean Bepmale (au
fond, La Munia) à
droite.
Sur la photo de Briet on voit, à gauche de la chapelle,
la maison Chapelle (celle avec 3 fenêtres), qui était l'"hôtel
de La Munia". Après avoir été ruinée par
une crue en 1872, elle avait été reconstruite en 1873 par Henri
Paget, dit Chapelle (1812-1874). On voit son toit sur la photo de Bethmale.
Balayée par l'avalanche de 1915 elle a été reconsrruite
une nouvelle fois par son fils, Victor Paget, dès 1915 (sur les Paget,
père et fils, voir la
page consacrée à Lucien Briet).
(Au sujet de la chapelle d'Héas voir une vidéo,
publiée le 28-4-2014, intitulée Chroniques du Patrimoine
Culturel Pyrénéen (2) dans
laquelle Patrice de Bellefon présente la chapelle : cliquer
ici).
D' ANCIENNES
CARTES POSTALES reproduisent d'autres photos de la Canau et de la chapelle
d'Héas prises avant l'avalanche qui, pendant l'hiver 1915, a détruit
celle-ci et l'"Hôtel de La Munia"
(images extraites de l'un ou l'autre des sites : loucrup65
(recherche : Héas) ; sites.google.com
(sélectionner : 08-Gèdre) ; archivesenligne65
(Archives en ligne > Accès par type de documents > carte postale
>recherche : Héas) :
Photo prise du replat où se situe l'actuelle auberge
du Maillet
(phototypie
des
frères Labouche,
de Toulouse).
Au fond : à gauche, le port de La Canau entre
le pic de Boubeu à gauche et le pic de Gabiédou
à droite ; au centre, les pics d'Estaubé ; à droite,
le contrefort du pic de Mounherran.
Vallée
d'Héas, vers l'amont
(phototypie
des
frères Labouche,
de Toulouse).
A gauche, la chapelle d'Héas. Au
fond, dans l'axe du vallon des Touyères, le cirque de Troumouse,
avec, de gauche à droite, le pic de Troumouse, le pic de
Serre Mourène, et le pic de La Munia.
).
La chapelle d'Héas. A sa droite,
l'"Hôtel de La Munia" (la maison aux 3 fenêtres).
A sa gauche, maison encore debout, intacte.
A l'arrière-plan : le ruisseau et la cascade
de l'Aguila. Au fond : le Soum des Salettes (ou pic des Aguilous).
Vue vers le sud-est sur la
chapelle d'Héas. En avant de celle-ci : l'"Hôtel
de La Munia" (phototypie
des
frères Labouche,
de Toulouse).
Au loin : La Munia.
Entrée
de la chapelle d'Héas (phototypie
des
frères Labouche,
de Toulouse)
La maison
Chapelle, dite "Hôtel de La Munia", flanquée de
la maison Cantou, plus petite, détruites toutes deux par l'avalanche
du 23 janvier 1915.
VOIR
AUSSI , dans le présent site, des pages de photos de
la vallée d'Héas et du cirque de Troumouse.consacrées
à :
- la tour
de Lieussaube ;
- l'ascension du pic
Gerbats ;
- la randonnée dite circuit
Briet.
9.
Ce lac figure aussi sur la carte de Cassini (voir
les images ci-dessus et ci-dessous) dont les feuilles des Pyrénées
ont été achevées dans les années 1780.
Il avait près de 2 km de long. Il s'était
constitué le 17 mai 1650 en amont d'un barrage formé à
cet endroit par un trés gros éboulement de rochers tombés
du flanc gauche, granitique, de la vallée (montagne de Poueyboucou)
dont témoigne
encore ce chaos rocheux nommé "l'Araillé" [voir
les images ci-dessous]). C'est la moitié
d'un pic, dit "pic des Agudes", qui s'est effondrée, et brisée
dans sa chute
en mille débris
énormes . Cet éboulement s'est
produit aprés trois jours d'un déluge lié à un
violent orage (il est aussi fait mention par certains d'un séisme concomitant
; il semble d'ailleurs qu'un autre lac se soit formé en aval, au-dessus
de Gèdre, au lieu-dit "La Peyrade", pour la même
raison).
138 ans aprés, dans la nuit du 4 au 5 septembre 1788,
sous l'effet d'un autre violent orage et de pluies diluviennes, le barrage
naturel a cédé sous le poids des eaux et le lac s'est vidé
d'un coup, causant en aval d'importants dégats jusqu'à Luz et
même jusqu'à la sortie des gorges de Pierrefitte, et faisant
sans doute beaucoup de victimes.
Il se trouve que le naturaliste Florimond Boudon de Saint-Amans
était venu, le 15 août de cette même année 1788,
assister au pèlerinage annuel à la chapelle de Héas.
Il avait vu en remontant la vallée "une immensité de
pierres fracassées sur lesquelles la vue s'égare" [chaos
de l'Araillé], et en amont, "au lieu de torrents écumeux,
un lac immobile qui réfléchit les cieux comme un vaste miroir,
enfin [...] une haute montagne toute chargée de neige, toute couverte
de glaciers azurés, qui termine la perspective" [les falaises
du cirque de Troumouse]. C'est moins de trois semaines après
que ce lac a donc disparu brutalement. Il a fait le récit de ce voyage
dans son livre Fragmens d'un voyage sentimental et pittoresque dans les
Pyrénées, ou lettre de ces montagnes, 1789, qu'on
peut consulter dans le site
Gallica de la BNF ; la description de ce très "pittoresque"
pèlerinage est à lire, soit
dit en passant, entre les pages 137 et 151 :
la grande foule franco-espagnole, les dévotions superstitieuses, la
préparation de la soupe, une nuit "bachique" grâce
à une outre de vin espagnol juste avant la messe, etc...
(sources : http://www.lacsdespyrenees.com/legendes.php
; Alain Bourneton, Rivages pyrénéens, Milan, 1989, p.80-83
; Annie Brives, Pyrénées sans frontière, Cairn,
2000, p.135 ; Les Pyrénées et leurs légendes,
Lacour, p.104-105, anonyme, reproduction d'un livre ancien).
En haut
: lithographie, légendée "Vallée
et chapelle de Héas", de Antoine-Ignace
Melling, extraite de l'ouvrage "Voyage
pittoresque dans les Pyrénées françaises et dans les
départements adjacents", publié
à Paris entre 1826 et 1830, avec un texte de Joseph-Antoine Cervini
(reproduite ici avec l'autorisation de la Bibliothèque municipale
de Toulouse, où l'ouvrage est consultable sur la bibliothèque
numérique : la lithographie figure
à la page numérique 142).
Le lac (qui figure sur la carte de Cassini,
ci-contre)
s'étendait entre le chaos de l'Araillé, au premier plan, et
la chapelle de Héas qu'on voit au loin Cette lithogaphie est
une gravure à partir d'un dessin à l'encre sépia et au
lavis, tiré par Melling d'une esquisse sur les lieux, succincte quant
aux éléments naturels. Sur le chemin qui mène à
la chapelle on devine une longue file de pélerins : l'esquisse a été
réalisée un jour de pélerinage. Au fond, à droite
: le cirque de Troumouse.
En
bas
: lihographie, légendée "Vallée
d'Héas, Hautes-Pyrénées",
de Louis-Julien Jacottet, extraite de l'ouvrage "Souvenirs
des Pyrénées"
paru sous la forme d'un album de 50 planches publié en 1835-1836, reproduit
dans une édition Interlivres. Le pont de vue est le même que
sur la lithographie de Melling.
A propos de
lac : dans la région du Mont-Perdu figure aussi le lac nommé
"Lac du Mont-Perdu", appelé
aujourd'hui Lac glacé (ou Lac du Marboré). Mais Roussel y fait
naître le Gave de Pau, erreur relevée par Ramond lorsqu'il visite
le lac aprés avoir gravi le couloir de Tuquerouye, le 13 août
1797 ("C'est à tort que Roussel fait remonter à son
lac la source du Gave... Il ne lui donne le Gave que pour lui ôter la
Cinca" note-t-il dans Voyages au Mont-Perdu..., 1801, p.118-119). (retour
au texte)
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Page mise à jour le 22 avril 2023