Le cirque de Barrosa est traversé
par un extraordinaire chemin, dit, dans la vallée d'Aure,
"
CHEMIN DES MINES"
"Par cette
route originale et hardie, nous voyons s'avancer, rapides, deux femmes
et un homme. On nous a dit que des chevaux y passeraient sans peine". |
Il
s'agit des vestiges d'un chemin muletier (et non d'un simple sentier), qui
relie la vallée d'Aure en France aux mines du pic Liena (mines Luisa)
en Espagne, en traversant horizontalement le cirque
de Barrosa, à mi-hauteur, entre le col d'Espluca Ruego et le
port de Barroude, aménagé, dans les falaises sud et nord du
cirque, sur une providentielle corniche naturelle
vertigineuse, dont l'exisrence est intimement liée à la structure
géologique du cirque, et qui évite de creuser le haut de la
vallée du rio Barrosa.
SCHEMA
de la région du cirque de Barrosa montrant le tracé du chemin
des mines, en particulier sa traversée horizontale du cirque
à hauteur de la surface de chevauchement de la nappe de charriage dite
"de Gavarnie" sur le socle paléozoïque métamorphique,
surface qui forme une corniche (voir
les coupes détaillées ci-dessous).
En cliquant sur ce
schéma on ouvre une CARTE montrant aussi, de façon plus
précise (avec un profil) le tracé du chemin, entre le port de
Barroude et l'Hôpital
de Parzan, à
commencer par la traversée du cirque.
"Chemin
des mines" (ou parfois "chemin des ingénieurs")
est le nom qu'on lui donne souvent dans la vallée d'Aure et
dans les récits d'anciens pyrénéistes. Il se justifie
par le fait que passant par le port de Barrosa (ou de Barroude, 2535 m) il
emprunte ensuite, pour atteindre les mines Luisa (2420 m) cette providentielle
corniche que lui offre la structure géologique du cirque de BARROSA,
au niveau du
plan de chevauchement de la nappe de Gavarnie sur la couverture crétacé
du socle paléozoïque, permettant
une traversée de celui-ci quasi horizontale (à un altitude
autour de 2500 m), entre le port de Barroude au nord et
le col d'Espluca Ruego (2493 m) au sud, proche des mines. (cols
distants à vol d'oiseau de 3,5km, mais par le chemind' environ 5 k.
Il
évite ainsi de creuser la vallée du rio Barrosa (1420 m
à l'Hôpital de Paezan), contrairement
aux sentiers passant par le Port Vieux (2378 m) ou le port de Bielsa (2428
m), qui impliquent une descente puis une remontée de 1000 m environ,
Le nom que lui donnent les espagnols est
:"Camino de las Pardas"
(photos
ci-contre et ci-dessous).
"Las Pardas" est aussi en Espagne, dans le cirque de Barrosa, celui
de la "cabane des douaniers", de la falaise sud du cirque, et du
col d'Espluca Ruego par où passe le chemin). Ce nom est peut-être
lié à la couleur noirâtre de la couche géologique
d'ampélite qui le surmonte presque tout le long de sa traversée
du cirque, où elle tient une place importante.
"Camino Barrosa" est le nom qu'on trouve dans
le cirque, sur le flanc nord du "dome", peint en rouge sur un rocher,
associé à une flèche (photo
ci-contre).
Ces
deux ÂNES,
avec leurs bâts en osier tressé, donnent une idée du transport
du minerai en haute montagne à la fin du XIXe
ou au
début du XXe siècle
(cette image
est une carte postale de la maison Labouche de Toulouse).
Elle est extraite du trés beau livre Gens
de Haute-Garonne.
Cartes postales de la maison Labouche. Texte de Claire Dalzin. Somogy éditions
d'art, Paris, 2006, Conseil général de Haute-Garonne, service
des Archives départementales de Haute-Garonne, 2006.
* Dans
les falaises du cirque son aménagement a tiré parti d'une CORNICHE
NATURELLE dont l'existence est étroitement liée
à la structure géologique en deux étages du cirque, puiqu'elle
se situe juste au niveau du plan de chevauchement de l'étage supérieur
(la nappe de charriage) sur l'étage inférieur (le "socle"),
ce qui fait de lui un "chemin géologique", peut-être
unique (la page consacrée à ce sujet contient un schéma,
reproduit ci-dessous, et une carte, qui disent l'essentiel sur le chemin
des mines dans le cirque de Barrosa).
COUPES
GÉOLOGIQUES des falaises sud (a) et nord (B) du cique de Barrosa, associées
à une coupe du port de Barroude (c), situant le chemin des mines
par rapport à la structure géologique du cirque de Barrosa.
Haut
de page
* On ne peut donc
pas le parcourir , ou le décrire, sans parler géologie : une
page en
donne une DESCRIPTION
GEOLOGIQUE.
Elle est à compléter par une page expliquant la
structure du chemin dans la la
falaise nord du cirque,
et par des pages de photos du chemin sur
le plateau de Liena
(ou de Ruego), sur les flancs du "dôme"
, dans la falaise nord (photos de Lucien Briet : voir ci-dessous),
sous le port de Barroude
et au port de Barroude
* Son
HISTOIRE est esquissée : il
a aussi été utilisé comme chemin transfrontalier
par les habitants des vallées, notamment par des bergers pour accéder
aux pâturages, ou par des contrebandiers. On en trouve mention dans
les récits des pionniers du pyrénéisme.
En particulier les frères Cadier
(voir en haut de page) et le pyrénéiste et photographe
Lucien Briet,
qui a emprunté le chemin des mines lors d'une excursion en 1897 : une
page contient son récit
et donne accés aux photos qu'il a réalisées dans
le cirque et la vallée de La Géla.
Depuis sa rénovation en 2004 la traversée
du cirque , par ce chemin des mines, est redevenue possible, tout
en restant assez difficile.
* Il se prolonge sur
le VERSANT FRANCAIS DU PORT DE BARROUDE,
dans la vallée de La Géla.
Cette page donne accés à une
carte, à une
photo panoramique,
à
une
page permettant d'ouvrir des pages de photos
du chemin, et à deux pages de photos :
l'une de photos de la vallée
de La Géla, l'autre de
photos du grand replat
et des cabanes de cette vallée.
* L'existence
de ce chemin, et celle de l'Hôpital de Parzan construit au pied du port
de Bielsa et du Port Vieux, incitent à s'intéresser à
d'autres chemins transfrontaliers et à d'autres hôpitaux : une
page est consacrée à un des principaux ports des Pyrénées,
une dizaine de kms à l'est du cirque de Barrosa, au fond de la vallée
de Rioumajou, le PORT DE PLAN.
* Pour parcourir le chemin des mines dans la traversée du cirque de Barrosa, voir le topo "PIC LIENA ET TRAVERSEE DU CIRQUE"
* Bien
que ne contenant pas d'informations sur le chemin des mines, deux pages d'histoire
locale méritaient d'être associées aux pages précédentes,
celles consacrées
- à un épisode
de la guerre d'Espagne, la "BOLSA
DE BIELSA",
page complétée par une page de photos
de l'exode des
réfugiés espagnols
qu'il a provoqué, par
le Port Vieux et la vallée de La Géla.
- aux
EVADES DE FRANCE,
qui, pendant la guerre 39-45, ont traversé à
pied les Pyrénées pour rejoindre par l'Espagne les forces alliées.
Tableau du peintre Jean
Lafforgue, intitulé "Le géographe (hommage à
Franz Schrader)". 2010 .Acrylique et graphite sur toile (60 x 60). Bagnères-de-Bigorre,
collection de l'artiste.
Figurant dans le catalogue de l'exposition
"De paysages en paysages" à Graus (Aragon) et Lourdes, en
2011, à la page 139.
VOIR
AUSSI :
- Le
beau livre de Bruno MATEO : Pyrénées, Les randonnées
du vertige (Glénat, 2014) (164 pages dans lesquelles
sont décrites 35 randonnées vertigineuses [dont le" camino
de Las Pardas" dans le cirque de Barrosa, pages 106-109], avec de belles
photos de l'auteur, des cartes et des textes intéressants.
NOTES
:
1.
Par exemple
un pyrénéiste français, le docteur Verdun,
qui est passé par le cirque de Barrosa en 1903, avec un guide "fort
connu dans la région [de Bielsa]", et deux hommes jeunes
"connaissant bien ces parages", écrit dans le récit
de cette course : "Sur les flancs de cette paroi, notre guide nous montre
les restes d'un ancien chemin, construit à grands frais pour amener
jusqu'au col de Barroude le minerai prélevé dans les entrailles
du Pic de las Louseras. On aperçoit même, à quelques
métres en cotre-bas du port, les ruines de l'ancienne cantine qui servait
de logement aux ouvriers travaillant dans les mines".
Il s'agit sans doute des mines de Ruego.
L'étroitesse de
la corniche dans son état actuel, après plus d'un siècle
d'érosion, fait douter qu'on ait pu y faire passer des mulets chargés
de minerai. Cependant la largeur d'une partie "témoin" de ce
chemin dans la falaise sud et de sa partie bien conservée dans les pentes
modérées du cirque, est bien celle d'un véritable chemin
muletier, qui a pu être construit" à grands frais" dans
ce but.
Un
autre pyrénéiste français, Bertrand de Lassus,
faisant dans un manuscrit le
récit (rapporté
dans le livre de Jean Ritter, Le purénéisme avec Henry Russell
et Bertrand de Lassus, p. 216)
d'une excursion réalisée le 6 septembre 1892 au départ
d'Héas, raconte qu'après avoir franchi les hourquettes d'Héas
et de Chermentas, il "arrive ainsi bientôt en dessous du pic
Gerbats qui me sépare de la région de Troumouse. Je me jette
ensuite, dit-il, dans l'ancien chemin muletier des mines espagnoles
de Ruego"
D'autre
part, l'espagnol Lucas Mallada (cité par Philippe Vivez dans
l'article à paraître Argent, plomb et fer dans les vallées
de Bielsa et Chistau : chronologie des activités minières et
métallurgiques de la protohistoire à nos jours, 2008) parle
dans un livre (Description physique et géologique de la province
de Huesca, Madrid, 1878) de l'enregistrement, en 1869, de la concession
San Evaristo, à Monte Ruego, et dit que "jusqu'en 1870,
on [y] avait
extrait 3000 quintaux métriques de minerai. Les travaux consistaient
en une galerie de 35 m de long, et plusieurs excavations au-dessus et au-dessous".
Il est
donc possible que le chemin des mines ait existé déjà
au milieu du XIXe siècle (au moins en 1869), desservant alors les mines
de Ruego.
Page
mise à jour le 31 décembre 2024