Chemin
des mines
Sur le versant français, dans
la vallée de La Géla
Aprés la traversée, facile, du plateau de
Liena, puis celle, périlleuse, des falaises du cirque, le chemin
des mines arrive au port de Barroude. Il descend ensuite sur son versant
français.
< CARTE de
la partie nord du cirque et de la haute vallée de La Géla, avec
la région de Barroude, où
la diorite figure en rouge.
Il commence par décrire plusieurs lacets, sous le port,
dans les pentes d'ampélites caillouteuses, parfois étayé
par des murettes grossières.
Ensuite, presque rectiligne, il traverse, du sud vers le
nord, le petit plateau, ou bombement, rocheux qui se situe à
l'est du balcon de Barroude et domine celui-ci. La roche est une DIORITE,
associée à une grano-diorite (proche du granite), blanchâtre
mais orangée en surface (pour sa composition voir la note
4). Le chemin, large, est là bien construit, et même
dallé, notamment à la traversée de petits thalwegs.
Au nord de ce plateau, au bord d'un laquet, il tourne
vers l'est pour descendre dans un petit vallon au bout duquel, aprés
deux lacets, il débouche et s'interrompt sur un balcon au
bord d'un précipice.
PHOTO PANORAMIQUE de
la haute vallée de La Géla, avec calque explicatif.
>
On
trouve là (2380 m) les ruines d'une petite construction. Si
on regarde en bas, on voit, dans l'axe du ravin creusé par le torrent
qui descend des lacs de Barroude, au débouché de celui-ci dans
la vallée de La Géla, le départ (à 1900
m) d'un large chemin qui, aprés être passé plus
loin au-dessus d'une ruine de ce qui a été peut-être une
laverie (pans de mur étagés), va rejoindre, dans le grand
replat de la vallée, celui qui descend du Port Vieux et des mines de
La Géla.
Il est logique de penser (sans pouvoir l'affirmer) qu'entre ces
deux points était tendu, entre deux stations, un câble aérien
d'une seule volée, prenant le relais du chemin pour faire franchir
au minerai les barres rocheuses (dites sur la carte IGN : le "Pichous
de Barroude") qui constituent le soubassement du balcon de Barroude.
Mais l'existence de ce câble transporteur peut être
discutée, faute de documents permettant de l'affirmer (note
1).
S'il a vraiment existé, il était peut-être du type "bi-câble"(dit
aussi "va-et-vient") où une benne pleine, circulant sur un
câble porteur fixe, mue par la gravité, faisait monter, grace
à un câble tracteur en boucle, une benne vide sur un autre câble
porteur parallèle (note 2).
Un tel câble porteur a, peut-être, également existé
dans les mines de La Géla exploitées dans le vallon proche qui
descend du Port Vieux (voir la page de photos consacrée aux
mines de La Géla).
*
Par ailleurs il est également possible qu'à
un moment donné, en l'absence d'un tel câble aérien ou
avant son installation, les trains de mulets chargés du minerai
des mines du pic Liena soient descendus du balcon de Barroude dans la vallée
de La Géla, en empruntant, une fois atteint le plateau de diorite,
une ancienne
variante du chemin des mines dont le tracé était à
peu près celui
du sentier actuel menant au refuge
de Barroude. Cette branche, qui rejoint celle citée plus haut (comportant
le câble aérien) dans le grand replat de la vallée de
La Gela, était peut-être réservée aux déplacements
du personnel qui montait de La Gela pour aller travailler aux mines du pic
Liena.
Elle était cependant un peu différente du tracé
actuel du sentier du refuge en ce sens qu'au lieu de descendre par l'escarpement
rocheux franchi par les lacets de ce dernier, elle descendait un peu plus
au nord, dans le raide couloir d'éboulis issus du profond couloir qui
entaille la paroi du cirque de Barroude entre les pics Gerbats et de La Géla.
On voit la trace, large, de cette ancienne partie du chemin au moment où
il franchissait par une corniche l'éperon rocheux qui borde la rive
droite de l'éboulis, puis en bas lorsqu'elle quittait celui-ci
et se raccordait avec le tracé du sentier actuel (voir, dans une
page de photos consacrée à la vallée
de La Géla, deux photos, avec calque explicatif, de cet éboulis [note
3]).
< cliquer
sur cette vignette pour voir un PARCOURS EN PHOTOS DU
CHEMIN (localisées
sur une carte),
du port de Barroude au grand replat de la vallée de La Géla.
Haut
de page
VOIR AUSSI, au sujet
du port et de la région de Barroude, de la vallée de
La Géla, du Port Vieux et de la vallée du rio
Pinara :
- dans ce site :
.
outre la page consacrée à la situation
du cirque de Barrosa (pour l'accés au port et au refuge de Barroude),
. une
page sur la "Bolsa
de Bielsa", poche de résistance
des républicains espagnols en 1938 lors de la guerre civile,
. et
les pages de photos suivantes :
8-10
- Le port de Barroude |
-
dans d'autres sites, des pages consacrées aux lacs de Barroude
:
. site de Gérard
Jouvin (n° 25 dans la liste des Liens), page contenant de belles
photos du balcon de Barroude prises du col de La Géla (entre les pics
de La Géla et de Gerbats, atteint depuis Héas), où on
distingue bien le plateau de diorite, à gauche des lacs,
.
site de Bernard
Bohn (n° 26 dans la liste des Liens),
. site
consacré aux lacs
des Pyrénées.
NOTES
:
1.
En
effet
:
-
s'il a existé, il aurait eu une longueur approchant les 1000
m. (en tenant compte de la flèche). Or jusqu'en 1910 on ne savait pas
fabriquer, semble-t-il, de câbles aussi longs. Il est possible qu'aient
été installés deux câbles successifs avec une station
intermédiaire sur un épaulement de l'éperon qui constitue
la rive gauche du ravin (ou un câble entre la station supérieure
et cet épaulement, suivi d'une glissière ?). Un morceau de câble
trouvé dans le ravin par l'auteur du site plaide pour l'existence d'un
câble, long ou court(voir les pages de photos consacrées à
ces hypothétiques station supérieure
et inférieure).
- il est à noter que les pyrénéistes
qui sont passés par la vallée de La Géla autour de 1900
(le Dr Verdun en 1901, Lucien Briet en 1897, et Bertrand de Lassus en 1892,
qui parle de "l'ancien chemin muletier des mines espagnoles", comme
si l'exploitation de ces mines avaient cessé à cette date) ne
parlent pas d'un tel câble.
2.
Ce
câble transporteur, s'il a existé, était peut-être
analogue aux sections, au nombre de 5 (la plus longue de prés d'1 km),
que comportait le transporteur aérien qui a fonctionné dans
les années 1880 aux mines de plomb argentifère d'Arre
et d'Anglas, à Gourette (voir une des photos de la page consacrée
aux mines de Mallo Ruego).
3.
Dans un article de l'Annuaire
du CAF de 1902, p. 8, intitulé Courses dans le nord de l'Aragon,
le Dr Verdun, qui était monté au port de Barroude par
la vallée de La Géla, écrit : "Une fois au fond
du cirque [de Barroude] on tourne brusquement à l'ouest,
face cette fois au Pic de la Géla [...] pour grimper
péniblement le long d'un couloir d'éboulis très incliné,
où se distinguent par ci par là de vagues traces d'un ancien
sentier."
D'autre part un pyrénéiste se souvient
encore (en 2006) qu'en 1962, alors qu'il campait dans le replat de la vallée
de La Géla, pour monter au lac de Barroude il remontait "le
couloir d'éboulis issu de la profonde cheminée qui aboutit entre
le pic de La Géla et le col de Gerbats [ou de La Géla], arrivé
à hauteur du balcon de Barroude, une vire providentielle et large [...]
permettait d'accéder au balcon". Cette variante du chemin
n'existe plus (on n'en voit que son départ). Elle est remplacée,
au niveau du Pichous de Barroude, par une montée en lacets serrés
aménagée dans une pente rocheuse abrupte. Celle-ci n'st pas
praticable par des bovins. Or dans le passé des vaches accédaient
au balcon de Barroude : elles passaient sûrement par le chemin aménagé
dans l'éboulis.
A noter qu'il existe aussi un sentier qui permet
d'aller du port de Barroude aux mines de La Géla ou au Port Vieux en
franchissant l'arête nord-ouest du pic de Port Vieux (voir la
carte en haut de la page). Il ne part pas du port de Barroude, mais du
port on en voit l'amorce sur le flanc de cette arête, au-delà
du thalweg qui la sépare du plateau de diorite, amorce qu'on atteint
en faisant une traversée quasi horizontale du haut de ce thalweg. Aprés
une montée assez raide puis une traversée horizontale le sentier
gagne un petit plateau herbeux situé sur l'arête (2550 m), d'où
on a une vue admirable, à la fois sur la région de Barroude,
la vallée de La Géla et le vallon qui descend du Port Vieux.
Un piquet de bois indique l'endroit où s'amorce la descente, raide
au début, dans ce vallon. Par une traversée descendante du versant
nord du pic de Port Vieux, le sentier gagne le chemin du PortVieux au-dessus
des mines de La Géla (rares cairns, ou balises rouges anciennes).
4.
La DIORITE est une roche
magmatique grenue, plutonique, intrusive, dont l'équivalente volcanique
est l'andésite.
Son origine est une fusion partielle (vers -
300 Ma) des profondeurs de l'écorce terrestre, produisant une masse
de magma qui est montée
(pluton) vers la surface à
travers (intrusion)
les schistes cambro-ordoviciens,
a lentement cristallisé sans l'atteindre, mais plus tard a été
mise à jour par l'érosion.
Par
sa composition elle est plus proche du GABBRO (dont l'équivalente
volcanique est le basalte) que du granite, mais s'en distingue
schématiquement par le fait que les plagioclases (feldspaths
sodi-calciques), ses constituants les plus importants, sont plus sodiques
que calciques (calco-alcalins), et que parmi les minéraux ferro-magnésiens
il y a plus d''amphibole que de pyroxène. Le quartz est rare.
|
Autre schéma permettant
de visualiser la composition minérale des principales roches magmatiques.
On voit que les deux constituants principaux de la diorite sont les
plagioclases et l'amphibole.
Les frontières entre les roches sont floues : on
passe progressivement de l'une à l'autre. Le monzogranite
ne figure pas sur ce schéma : c'est une roche à la frontière
entre le granite et la granodiorite.
A
noter par ailleurs que :
- ce massif de diorite s'accompagne, sous l'effet
de la chaleur du magma intrusif d'une auréole de métamorphisme
de contact dans les schistes cambro-ordoviciens encaissants.
- dans le cirque de Troumouse voisin on trouve aussi,
dans le socle paléozoïque, de la DIORITE : au-dessus de Héas,
et en plein milieu du cirque, où elle constitue un petit massif (le
Cot) (voir la page de photos
consacrée à la tour de Lieussaube).
- sur le plateau de DIORITE de la Géla
reposent par endroits de gros bancs de conglomérats triasiques
traversés par le chemein des mnes (voir la page
de photos consacrée au grès).
Page mise à jour le 2 août 2019