Chemin des mines
Description
géologique
Il
s'agit d'un chemin muletier, dont
le tracé a été pensé, et
qui a été construit, et non d'un simple sentier. Il est donc
assez large, entre un et deux mètres,
souvent étayé, dans les pentes ou les thalwegs, par des murettes
de pierres sèches ou de gros blocs rocheux sommairement appareillés.
Ailleurs, en particulier dans les falaises sud et nord du cirque,
son aménagement a tiré parti de l'existence d'une corniche
naturelle liée à la géologie particulière du cirque
de Barrosa, située à la limite entre ses deux étages
(VOIR la page Géologie
de la corniche).
C'est à coups d'explosifs, cependant, que
cette corniche a du être élargie à certains endroits (à
ce sujet, voir, dans la page Histoire
du chemin des mines,
les citations des pyrénéistes, en particulier celle de Lucien
Briet).
A un endroit on voit d'ailleurs dans le rocher, des trous de barre à
mine (photo ci-contre).
Dans l'état où se trouve actuellement cette
corniche on se demande comment des mulets chargés de minerai pouvaient y passer
: mais en
un siècle ou plus l'érosion a pu faire son oeuvre. A moins que
le chemin n'ait servi finalement qu'au déplacement des hommes et du
matériel des mines.
Pour une description visuelle
voir :
- la vue
cavalière et la photo
panoramique du cirque ;
- ou les trois croquis, dans l'ordre :
.
flanc gauche de la vallée
de Chisagües
;
.
parties sud et médiane
du cirque ;
.
partie nord du cirque
et versant sud-ouest du pic de Barrosa.
- ou (en cliquant
sur l'image ci-contre) un résumé sous forme
d'un CLIP VIDEO faisant parcourir
le chemin des yeux (depuis le pic Barrosa), du pic Liena jusqu'au port de
Barroude (durée : 2 min. 09; taille : 6, 54 Mo >
Sinon ce "chemin géologique"
peut être décrit de la façon suivante (voir aussi,
dans le chapitre Courses, la page pic
Liena) :
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1. Si
on part de la zone des mines du pic Liena, on trouve les premiers vestiges
d'un chemin muletier, probablement ceux du "chemin des mines", au
col (2548 m) entre pic Liena et pic La Mota,
faisant communiquer le versant est du pic Liena et son versant sud.
De là le chemin va traverser horizontalement (légèrement
descendant), d'est en ouest,
le PLATEAU DE
LIENA, flanc sud de la sierra
de Liena, sous la crête de celle-ci (voir
la page consacrée aux
mines, contenant un croquis et des liens pour des photos).
On se trouve là à la surface de l'ancienne pénéplaine
hercynienne, débarassée ici par l'érosion de la nappe
de charriage.
Les traces du chemin sont d'abord à peine visibles dans
la pelouse qui recouvre la couche sédimentaire de grès rouge
du Permo-Trias. Passant au-dessus des mines Robert (ou juste au-dessous de
certaines de ses galeries) elles croisent la piste qui monte de la vallée
de Chisagües, au niveau d'un lacet d'où part un embranchement
horizontal au bout duquel une pancarte indique la direction du "Camino
Barrosa".
On y retrouve en effet le chemin, ici bien visible, horizontal,
étayé sur quelques centaines de mètres par de gros blocs
de granite (on est ici dans la partie granitique du plateau). Il passe
au col (2530 m) qui sépare les deux bosses de la sierra de Liena et
d'où on peut contempler l'aiguille granitique qui orne le haut de l'éperon
de Las Bachetas, contrefort du flanc nord de la sierra de Liena.
En direction de la punta d'Espluca Ruego le chemin
se transforme ensuite en un sentier dans les éboulis qui descendent
de la couche de sédiments calcaires crétacés coiffant
la partie occidentale de la sierra de Liena.
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de page
2. Au
col d'Espluca Ruego, au pied du pain de
sucre taillé par l'érosion dans le rebord de la nappe de charriage, le chemin
s'engage , au-dessus d'un impressionnant à-pic granitique de 800 m, sur la
corniche de la falaise sud du cirque, qui se trouve être
de plain-pied avec la surface du plateau (c'est-à-dire celle du "socle")
puisqu'elle en est le prolongement sous la nappe de charriage (sur ce site
extraordinaire , voir au chapitre Courses la page
pic Liena).
< Schéma
simplifié du site du col d'Espluca Ruego,
montrant que la corniche de la falaise sud du cirque, prolongeant la surface
du plateau que constitue le flanc sud de la sierra de Liena (c'est-à-dire
la surface du "socle" post-hercynien), se trouve être de plain-pied
avec ce plateau.
Dans les FALAISES SUD du
cirque (qui portent
le nom de" Las Pardas"sur la carte Alpina) le chemin
parcourt cette impressionnante corniche qui, légèrement descendante au pied
des murailles de calcaire dévonien de la nappe , franchit successivement
plusieurs éperons ou contreforts granitiques du "socle"
qui s'avançent plus ou moins au-dessus du cirque, séparés par des couloirs
d'éboulis trés pentus plus ou moins larges, où le chemin a presque
disparu, effondré ou recouvert par la pierraille. Les flancs de certains
de ces éperons comportent aussi des passages terreux, croulants, au-dessus
d'à-pics. La partielle rénovation du chemin intervenue en 2004
a rétabli un passage précaire (voir la page pic
Liena, contenant des liens pour des photos).
En fait, sur le plan géologique, les choses sont
un peu plus compliquées : surtout vers la fin de la corniche, le chemin
longe une assise, de quelques mètres d'épaisseur, d'ampélites
(note 1) noirâtres et friables,
à la base de la falaise de calcaire dévonien; de plus, par endroits,
une mince couche de calcaire crétacé recouvre le granite
du "socle" (comme dans la falaise nord) (voir une page
de photos spéciale).
Ce calcaire date du Crétacé supérieur
: de l'étage Cénomanien à l'étage Santonien, suivant
les lieux, soit de -100 à -80 millions d'années. Il est dit
"autochtone" puisqu'il fait partie du "socle", par opposition
au même calcaire inclus dans la nappe de Gavarnie qui est dit "allochtone".
A noter qu'il existe, vers le milieu de la vire, sur le
flanc d'un de ces éperons, un court tronçon aménagé
en véritable chemin muletier, dont on peut penser qu'il est le témoin
de l'état initial du chemin tout le long de la corniche (voir une
page de photos spéciale).
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3. A
l'issue de ce parcours en corniche le chemin atteint les pentes modérées de
la partie MEDIANE du cirque : on perd
sa trace dans le vaste éboulis pentu qui s'étale à la
base de la grande falaise triangulaire de calcaire dévonien soutenant
la face est du pic Robiñera, où on ne trouve qu'une simple sente,
puis dans des pelouses sur lesquelles on doit faire une traversée ascendante,
guidée par des cairns, pour retrouver le chemin à l'endroit
où il franchit un torrent, juste en amont d'une petite gorge. A partir
de là le chemin, large et dont la trace reste visible dans l'herbe,
se faufile entre des moutonnements granitiques, parfois sur des murettes.
4.
Longeant la partie basse d'un chaos rocheux, le chemin
monte dans les pelouses qui occupent le flanc sud
du "DÔME".
Toujours envahi par l'herbe, il décrit à deux reprises des lacets
dans le granite, pour venir ensuite prendre comme assise (au pied
des talus caillouteux d'ampélites
siluriennes (note 1) sombres
de la nappe de charriage, donc au niveau du plan de chevauchement) la surface
de la mince couverture (quelques mètres d'épaisseur) du "socle" granitique,
en calcaire crétacé supérieur blanc. Comme une rampe, elle lui
sert de chaussée, moyennant un aménagement à coups d'explosifs
(c'est là qu'on voit dans le calcaire des trous forés par une
barre à mine).
Le
chemin franchit ainsi le sommet du "dôme"
(voir la page Parcours
géologiques) sur cette assise blanche (le plan de chevauchement
affleurant juste le sommet) pour redescendre sur son flanc nord et y retrouver
le granite : sommairement bâti de gros blocs il décrit un lacet
dans un chaos granitique, avant de descendre dans un dédale de blocs
rocheux, calcaires ceux-là, tombés des falaises surplombant
cet endroit (sur l'un d'eux on lit, peint en rouge, la mention :"CAMINO
BARROSA", acompagnée d'une flèche indiquant la direction
du port de Barroude).
Sur ce belvédère que constitue le "dôme",
facilement atteint de l'Hôpital de Parzan par le cirque, on peut, si
on ne veut pas faire la traversée de celui-ci, observer aisément
l'ensemble du chemin en repérant son tracé dans la structure
géologique des falaises, et en parcourir au
moins une partie sur les flancs de ce gros épaulement.
Ensuite le chemin, plus étroit, traverse horizontalement
un large éboulis, puis descend obliquement vers l'extrémité
de la corniche de la falaise nord qu'on a sous les yeux.
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5. Dans la
FALAISE NORD du cirque, le chemin emprunte
cette corniche, horizontale, à la limite entre sa partie sombre
(taillée dans une épaisse assise d'ampélites siluriennes
[note 1]) et sa partie sous- jacente
claire (taillée dans une cornéenne, ancienne roche schisteuse
recuite au contact du granite voisin, lorsque celui-ci s'est mis en place,
montant de la profondeur à l'état fondu).
< PHOTOS et DESSINS montrant
la structure de la corniche de la falaise nord du cirque
Là aussi, au pied des ampélites, au niveau du plan de chevauchement
de la nappe de charriage sur le "socle", c'est, de façon
caractéristique, une mince assise de calcaire crétacé supérieur
qui offre au chemin comme un dallage blanc. Cette couverture du "socle" est,
ici, bien visible de loin, sous la forme d'un fin liseré blanc horizontal
qui souligne la base des ampélites.
Cependant, par endroits, le chemin quitte le plan de chevauchement
pour monter dans les ampélites, ou descendre dans le calcaire crétacé.
En trois endroits des cables sécurisent le parcours
de la corniche, par ailleurs coupée de deux cascades.
A l'extrémité nord de la corniche du grés
rouge apparait dans le "socle". La corniche se termine dans
un thalweg que le chemin franchit sur une murette.
6.
Le chemin monte ensuite, obliquement, vers la droite en direction du
PORT DE BARROUDE, d'abord dans les éboulis
d'une zone rocheuse complexe où se mêlent, au-dessous des ampélites
noirâtres, grès rouge, blocs de calcaire dévonien
tombés d'un éboulis sus-jacent, et calcaire crétacé blanc.
C'est au-dessous de cette zone, à peu prés
au niveau de la corniche, qu'on trouve, sur un vague épaulement la
ruine presque arasée de la "cabane des douaniers"
(ou cabane de Las Pardas), construite de dalles de calcaire crétacé
(au sujet de cette cabane, voir la page
de photos qui lui est consacrée, où une photo précise
la géologie complexe de la région située entre la falaise
nord et le port de Barroude)
Plus haut, dans les pentes herbeuses qui
recouvrent les ampélites et où il est peu visible (d'autant
plus que ses traces se mêlent au sentier qui monte du fond du cirque
de Barrosa), le chemin des mines décrit deux lacets, le dernier faisant
une incursion dans le grès rouge, qui fournit les pierres d'une murette
de soutènement, puis dans le calcaire crétacé. Finalement
il atteint la large croupe caillouteuse, en plateau, que forme, dans les
ampélites (note 1), le
port de Barroude (2534 m).
Leur délitement facile explique les reliefs
émoussés du port, et du Soum de Barroude proche. Au violet foncé
des ampélites, l'herbe, rare, ajoute une touche de vert qui donne à
ces moutonnements désertiques une "couleur de bronze" (Henry
Russell).
Pour la suite du chemin voir : Le chemin des mines sur le versant français du port de Barroude.
( VOIR AUSSI une page de photos contenant des images de certains détails géologiques intéressants qu'on rencontre le long du chemin des mines)
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