Franz
SCHRADER (1844-1924), grand pyrénéiste,
géographe, écrivain, peintre, quitte le village
de Bielsa le 12 août 1877(note
1), accompagné
du célèbre guide Célestin Passet et d'un jeune militaire
espagnol, pour remonter la vallée du rio Barrosa "à
la recherche, dit-il, du cirque que je croyais avoir aperçu
sous mes pieds du haut de La Munia [en 1875]".
N'ayant pu obtenir à son sujet aucun renseignement tant soit peu clair,
l'existence de ce cirque commencait à lui paraître douteuse.
Après la traversée du village de Parzan (ce jour-là en
fête) ils dépassent "les quatre murs de ce qui fut l'hospice
de Bielsa" et s'engagent dans la haute vallée du rio Barrosa.
Au bout de 15 ou 20 minutes, au sortir de la forêt, Franz Shrader découvre,
le premier parmi les pyrénéistes français, le cirque
de Barrosa.
< Franz
Schrader vers l'age de 30 ans, donc pas loin de celui qu'il avait
lorsqu'il a découvert le cirque de Barrosa (photographie carte de visite,
reproduite dans le livre "Franz Schrader, l'homme des paysages rares",
sous la direction d'Hélène Saule-Sorbé, éditions
du Pin à Crochets, Pau, tome 1, p.90)
Schrader est enthousiasmé par cette découverte.
Dans le récit qu'il en fait (paru
dans l'Annuaire du Club Alpin Français, de1877, intitulé
"Montagnes de Bielsa et pic de Cotiella", p. 35, et reproduit
dans le livre "Pyrénées", tome I, Courses et ascensions, Privat-Didier
éditeurs, 1936, p.173) il écrit :
"[...] une large vallée, noire de sapins et hérissée d'aiguilles granitiques, s'ouvre jusqu'à la base d'un des plus beaux cirques des Pyrénées. Deux gradins superposés, l'un de granit en forme de coupe striée de cannelures verticales, l'autre de roches siluriennes et dévoniennes, en haute muraille ininterrompue, supportent les glaciers de Las Louseras et de La Munia. A peine pouvons-nous croire qu'une telle merveille ait échappé à tous les regards alors qu'on parle depuis cent ans du cirque de Troumouse. Nous sommes à 1500 mètres environ ; c'est donc de 1650 mètres que la cime de La Munia nous domine, tandis que le versant opposé ne s'abaisse que de 1000 mètres sur Troumouse. Les glaciers, les murailles du sommet, la haute cascade qui ruisselle au fond du cirque rappellent Gavarnie, mais je ne saurais à quoi comparer l'hémicycle granitique, si admirablement régulier, qui supporte le premier gradin. Rien n'y ressemble dans les Pyrénées. Je tiens à résumer mon impression d'une façon aussi froide et aussi réfléchie que possible, et à me méfier de l'enthousiasme. Cependant je crois que le cirque de Barrosa sera généralement trouvé supérieur à celui de Troumouse et que, si ce dernier est plus étendu, Gavarnie plus sévère, Pinède plus massif, Cotatuero plus fantastique et plus coloré, le cirque de Barrosa est peut-être plus harmonieux. Comme dimension, il est à peu prés équivalent au Cirque de Gavarnie. Ceci dit, j'ajouterai à ma description, volontairement écourtée, le même conseil que je donnais l'an dernier pour le Cotatuero et le mur d'Arrasas ; "Allez-y ; les merveilles des cirques français ne dépassent point celles des cirques espagnols ; il y a là toute une région prodigieuse d'originalité et de grandeur, et presque absolument inconnue."
A distance du fond du
cirque Schrader s'arrête pour peindre une aquarelle, et faire
un dessin du cirque, et même une photo.
Il revient sur ses pas sans être allé jusqu'au
fond du cirque et n'a donc pas vu l'autre partie du cirque, la plus petite,
celle qui s'étend sous le port de Barroude. Il en ignorera l'existence
lorsqu'il dressera sa première carte de la région.
Avant sa découverte par Schrader le cirque de Barrosa
était donc presque totalement méconnu des pyrénéistes
français (du moins de ceux qui avaient la possibilité de publier
leurs récits de courses), et sans doute des pyrénéistes
espagnols. Curieusement il était même très mal connu des
habitants de Bielsa : Schrader écrit qu'au retour à l'auberge
"le récit de notre course excita une certain étonnement,
et [...] il me fallut montrer mes dessins pour convaincre mes hôtes
de l'existence du Cirque de Barrosa".
Son récit a rendu le cirque "fameux", mais
il est resté longtemps "mystérieux". "A la
fin du XIXe siècle, a écrit Henri Béraldi, il
n'y aura pas dix pyrénéistes qui auront vu le cirque mystérieux
de Barrosa".
Il sera visité par, entre autres, Lucien Briet
en 1897 ("je visitais ce
fameux cirque de Barrosa qui me hantait l'esprit, écrit-il,
depuis le desssin qu'en avait publié M. Schrader") , puis
par le Dr Verdun, et les frères Cadier
en 1902 , qui du fond de "cette
merveille" montent au sommet de La Munia
(voir : la deuxième partie de cette page, ci-dessous, et la page
consacrée à l'histoire du cirque).
Par la suite il semble être tombé longtemps dans l'oubli. Actuellement
il reste peu connu des pyrénéistes français, et selon
un internaute montagnard, il le
serait encore moins, paradoxalement, des pyrénéistes espagnols.
<
Cliquer sur cette image pour voir comment
Schrader a peint et dessiné le cirque de Barrosa Dans cette page, - il est aussi question, en note 1, de la controverse Briet-Schrader ; - on trouvera en note 2 de courtes citations de textes de Schrader, illustrant son talent littéraire ... - ...et des témoignages de son intérêt pour la géologie. Voir aussi une page contenant une " vue idéale" de la région du cirque dessinée par Schrader pour illustrer les Guides-Joanne puis les guides Bleus (note 2), et une remarque sur la façon dont il l'a cartographiée. |
*
A
la suite de Schrader,
d'autres pionniers français du pyrénéisme
...
..., d'ailleurs peu nombreux,
vont, à
la fin du XIXe siècle et au début du XXe, visiter
ce cirque de Barrosa, révélé par lui mais resté
longtemps mystérieux (note
3), et en parler dans leurs écrits , ou le photographier
(en voir
d'autres citations dans la page Histoire
du chemin des mines) :
*
Le
13 août 1878, le comte Henry
RUSSELL fait depuis Héas, par le col de La Munia,
l'ascension du pic de Las Louseras [ou Robiñera], au sommet
duquel il surplombe le cirque de Barrosa. Dans Souvenirs d'un Montagnard
il en fait le récit (p. 278 du tome I de la collection de poche des
éditions PyréMonde-PRNG 2008
(note 1) :
"[...] nous attaquâmes las Louseras de l'Ouest à
l'Est, escaladant pendant une heure une espèce de falaise fatigante
et feuilletée,muraille d'ardoises tranchantes, que coupent de haut
en bas des sentiers naturels mais tortueux et ça et là extrêmement
raides. (Il paraît qu'en patois las Louseras veut dire "ardoises".
En ce cas-là, le pic est bien nommé !). L'absence totale
de neige redoublait notre fatigue. Passant enfin au sud du Pic, nous
en foulâmes la cime [...]. Chose incroyable , elle ressemblait
à un jardin ! Elle était toute couverte de fleurs [...]. A
l'Est, au fond d'un gouffre, se déroulait un beau glacier, à
crevasses larges et parallèles. D'affreuses ténèbres
régnaient dedans [il
s'agit de la selle neigeuse, occupée aujourd'hui par un simple névé,
du versant Est du pic Robiñera : voir la page Robiñera,
et une page où il est question de glaciers].
A l'O.-S.-O., miroitaient ceux du Mont-Perdu, et tout autour de nous, il faisait
froid et gris. [...] comme notre notre solitude devint triste et complète,
lorsque nous eûmes fait fuir à l'Est, dans
les abîmes épouvantables du cirque de Barrosa, une colonie
gracieuse d'isards qui, pendant quelques secondes, nous avaient contemplés
du haut d'une sorte d'aiguille, avec l'oreille tendue, la tête penchée,
et toutes leurs jambes prêtes à bondir, en ayant l'air de se
demander si nous étions méchants !"
POUR FAIRE CONNAISSANCE AVEC HENRY
RUSSELL :
On
peut consulter des biographies, mais on peut aussi
, pour se faire une idée de sa
personnalité, lire
avec profit
dans son célèbre
livre "Souvenirs d'un
montagnard", entre autres chapitres
celui qu'il consacre à ses ascensions du Cotiella, intitulé
"Cotieilla (2910 m.; deux ascensions").
Surtout la partie dans laquelle il raconte minutieusement la
deuxième ascension, les 10 et 11 juillet 1870, à la fin de laquelle
Russell et ses compagnons ont failli être victimes d'une ATTAQUE
DE BRIGANDS AU COL DE LAS CORONAS (ou de La Cruz), tragie-comédie
en fait, à l'affiche de laquelle figurent de grands noms du début
du pyrénéisme, ses
compagnons d'ascension, les cousins et guides de Gavarnie, Henri et Célestin
Passet (alors âgés de 25 ans, "braves et honnêtes
garçons dont je ne saurais dire assez de bien") et Alphonse
Lequeutre (un admirateur des Gorges du Tarn).
VOIR
AUSSI :
- le texte du chapitre "Cotiella"
dans le livre de Russell "souvenirs d'un montagnard" (note
3)
* en ligne dans Gallica (BnF)
en tapant "henry Russell souvenirs d'un montagnard", puis dans Légendes
et table des matières "Cotieilla" :
pour ouvri rle textte de ce chapitre du livre
(dans l'éditioné 1878) entre
les pages 158 et 181 (le passage consacré à l'attaque est entre
les pages 175 et 181) ;
* dans le livre "souvenirs
d'un montagnard", seconde édition, tome 1,des éditions
Pyremonde-2008, P.R.N.G, , entre les pages 282 et 296 (le passage sur l'attaque
étant entre les pages 292 et 296; ci-contre une caricature de Russell
au frontispice de ce livre) :
- ou,
mieux, lire le récit
plus court
mais plus complet, que fait de
l'attaque des brigands Alain Pozo,
dans
son blog, à
la page "autres-récits", (incluant le comportement de Russell
et des autres "victimes", la répercussion dans la population
et la presse, les suites judiciaires et le prolongement de l'enquête
par Lucien Briet), sous le titre "le Compte Henry Russell et la
rocambolesque attaque de la cabane du col de Las Coronas"
:
cliquer
sur : https://alain-pozo.fr/autres-recits/
- dans un livre édité en 2003
par André Galicia, "Explorations en Haut Aragon, Récits
de voyage de Lucien Briet", à la page 161, l'extrait d'un
texte de celui-ci, intitulé "L'affaire du Cotiella",
paru dans le Bulletin pyrénéen, n° 161, juillet-août-septembre
1922 ; ce texte est le compte-rendu d'un examen que sa curiosité et
son souci de la vérité l'a amené à faire, en 1911,
à Boltaña, des pièces de l'enquête et du procès
des "brigands" qui ont eu lieu à la suite de cette affaire
; il y apporte quelques précisions, indique quelle a été
sa répercussion dans la population, quel a été e verdict
(sévère), et insiste (fort de son expérience) sur le
caractère exceptionnel d'une telle agression sur le versant espagnol
des Pyrénées ;
IMAGES et CARTE des lieux de l'agression :
MONTAGE
D'MAGES montrant la clairière où a
eu lieu "l'attaque des brigands" dont H. Russell et ses amis
ont failli être victimes :
- à gauche :
photo du col de Las Coronas,(ensoleillé ; isthme
par lequel le massif du Cotiella se raccorde à l'est à la sierra de
Chia et au massif des Posets), en bas à gauche, et plus
loin la clairière ; au deuxième plan on voit le port
de Sahun et au fond, le pic de Box, dans le massif des Posets
;
- à droite et en haut : carte de la région
du col de Las Coronas et de la clairière (à 500 ou 600 m. du
col) ;"aprés
le coup de fusil je traversai toute la clairière dans sa longueur, comme une
flèche ou une bombe, avec la lune en son plein sur mon dos, entendant recharger
le fusil derrière moi [...] ; je me précipitai, à l'ouest, sous les sapins
qui descendent vers Gistain" ;
- à droite et en bas : les ruines de la cabane
où a eu lieu l'attaque et qui a été effondrée
par les brigands,, avec, à gauche, la cabane récente (cabane
"del Puzo") ; "Lequeutre
évacuant la cabane, tous ces sauvages s'armèrent de pierres énormes, et en
brisèrent le toit sous un déluge de projectiles, pour être bien sûr que si
j'étais caché dessous, je n'en sortirais pas vivant".
CI-CONTRE :
gravure de Josiah
Whymper (le
père d'Edward, le vainqueur du Cervin), réalisée à
la demande du rédacteur de l'Alpine Journal pour illustrer le récit
écrit par Russell sur cette agression (ses dimensions sont plus grandes
dans le blog d'Alain Pozo).
Plus précisément elle illustre le passage
suivant : "Hélas ! le pauvre Lequeutre,
bien que vivant encore, n'avait pas eu autant de chance que nous. Saisi sur
la clairière, après le coup de fusil,
on l'avait terrassé, couché encore en
joue, et lui plantant deux grandes lames
de poignard sur le coeur, on lui avait volé
sa bourse, sa montre, ses bagues, enfin toutes ses valeurs. Une fois bien
dépouillé, et conservant le plus imperturbable sang-froid, il
demanda qu'on lui rendit différentes choses, et il obtint une chemise
de flanelle, ainsi que du tabac pour faire une cigarette, qu'il alluma ! Bien
plus, vaincu par le sommeil, il retourna dans la cabane et s'endormit ! On
ne voulait que son argent".
(gravure
reproduite dans l'ouvrage "Jean et Pierre
Ravier, 60 ans de pyrénéisme",
édité par les éditions du Pin à crochets en 2006,
à la page 131, et commentée par Pierre Ravier dans son livre
"Apostilles"(à
cet ouvrage), des mêmes éditions en 2012, à la page 55)
.
* Deux
ans aprés Franz Schrader, en 1879, Emile
BELLOC (pyrénéiste toulousain,
musicien,
intéressé par la géologie, connu surtout pour son étude
des lacs pyrénéens et sa défense d'une juste toponymie),
remontant
comme lui la haute vallée du rio Barrosa,
dit aussi son admiration pour le cirque de Barrosa,
"cette merveille pyrénéenne" (dans un livre
paru en 1902, De la vallée d'Aure à Gavarnie par le nord
de l'Espagne) :
"[...] le voyageur surpris et charmé par
la grandeur du spectacle, voit s'ouvrir devant lui une large vallée
aux flancs couverts de sapins séculaires, terminée par un cirque
immense, dont rien ne pouvait d'en bas, faire soupçonner l'existence.
L'architecture grandiose et les énormes proportions
de ce cirque, en font un des sites les plus agrestes, les plus sauvages et
les plus remarquables des Pyrénées.
La base nue, demi-circulaire, sur laquelle s'appuie la masse tout
entière de ce formidable hémicycle, est constituée par
un empâtement de granite, dont la partie inférieure crevassée,
fendillée de haut en bas et entièrement redréssée,
se continue en pente moins rapide jusqu'à une assez grande hauteur.
Cet empâtement forme le soubassement du cirque et limite le prelier
gradin. Au-dessus, des murailles verticales de shiste silurien, dont l'oeil
ose à peine mesurer l'élévation, supportent à
leur tour la plateforme supérieure du vaste amphithéâtre,
couverte de glaciers, hérissée de vertigineuses cimes (Serra
Mourine, Las Loseras) parmi lesquelles celle du Pic de La Munia
s'élève brusquement d'un seul jet, jusqu'à 3.150 mètres
de hauteur.
Par un beau jour d'été, vu à travers l'atmosphère
idéale qui donne aux régions pyrénéennes un attrait
si puissant, le Cirque de Barrosa, merveilleussement coloré, paraît
encore plus colossal. Ses escarpements rougeâtres, tour à tour
frappés de jets de lumière éclatante ou noyés
dans la pénombre d'un clair obscur mystérieux, prenant des teints
fauves dont les tonalités, vigoureuses et chatoyantes, s'harmonisent
admirablement avec la blancheur un peu crue des neiges sans souillures qui
couronnent le cirque et forment une étincelante auréole autour
des grands pics décharnés".
*
Le 7 septembre 1892, le
baron Bertrand
de LASSUS, parti d'Héas, ayant franchi les
Hourquettes d'Héas et de Chermentas , arrive aux lacs puis au port
de Barroude, d'où il fait une incursion dans le haut de la partie nord
du cirque pour camper dans une "ancienne baraque".
Haut de page
*
Un autre grand découvreur de la montagne pyrénéenne,
Lucien BRIET, surtout connu
pour ses descriptions du haut Aragon, et
les photos de ses sites, de ses villages
et de ses habitants, visite "ce fameux cirque de Barrosa qui hantait
son esprit depuis le dessin qu'en avait publié M. Schrader"
("cette merveille du Haut-Aragon" dit-il aussi).
Il se livre lui aussi au jeu des comparaisons (dans Explorations
pyrénéennes, Bulletin de la Société Ramond,
1er trimestre 1902, sous le titre Autour du Mont Perdu, La Géla
et le cirque de Barrosa, p.23) :
" Chacun des grands cirques pyrénéens
possède une beauté qui lui est propre. Si Gavarnie l'emporte
par ses étages et sa cascade, Troumouse par son immensité, Estaubé
par sa couronne murale, La Géla par sa fortification, le Cotatuero
par ses dolomites, Pinède par sa terrasse, Barrosa peut s'enorgueillir
de son dôme de neiges ruisselantes."
Pour
comparer les cirques pyrénéens il
conseille de faire le long périple
(cinq jours) passant successivement par ceux de :
1- Gavarnie ; 2- (par la hourquette d'Alans) Estaubé
; 3- (par Héas) Troumouse ; 4- (par la hourquette d'Héas
et celle de Chermentas) Barroude ; 5- (par le port de Barroude) Barrosa
; 6- (par le col de Robiñera) Pineta ; 7- (par le col de Niscle)
Cotatuero et Salarous, dans la vallée d'Arazas.
Les 30 et 31 juillet 1897, venant de La Géla,
il a visité
la partie nord du cirque de Barrosa (que Schrader n'avait pas vue)
et, entre le port de Barroude et le col de Louseras (ou de Robiñera),
emprunté le "chemin de la mine" sur la corniche de
la falaise nord.
(Au sujet de Lucien Briet, voir la page Histoire
du chemin des mines, donnant accés au récit qu'il
a fait de cette excursion, illustré des photos qu'il a réalisées
à cette occasion).
* Le
9 août 1902 un membre du CAF, le Docteur
VERDUN (1869-1931), venant
lui aussi de la vallée de La Géla, franchit le port de Barroude
avant de descendre dans le cirque de Barrosa. Il écrit (dans l'Annuaire
du Club Alpin Français, année 1902, sous le titre "Quelques
courses dans le Nord de l'Aragon", p. 222) :
"Sur
le versant espagnol le panorama est non moins beau. La vue plonge en effet
sur cet imposant cirque de Barrosa qui, sans avoir l'aspect grandiose du cirque
de Gavarnie, n'en est pas moins majestueux. C'est une vaste enceinte, dominée
à l'ouest par une muraille de plus de 1000 mètres, montant jusqu'aux
cimes neigeuses
des Pics de Serre Mourène, de Troumouse, de La Munia et de las Louseras,
et le long de laquelle coulent de nombreuses cascades alimentées par
les glaciers supérieurs." (note 7)
A
gauche : le Docteur
Verdun (photo extraite d'un article consacré à Paul
Verdun, excursionniste photographe,
signé Gabriel Joly, paru dansl n° 20 (décembre 2020) de
la Revue Pyrénéenne, p. 33 à 37).
A
droite : photo
illustrant l'article de l'annuaire du CAF, avec la légende : Cirque
de Barrosa : à droite, la Munia et le pic de Troumouse ; à gauche,
le Pic de las Louseras [pic Robiñera] ; photographie du Dr Verdun
(voir la page
de photos
consacrée aux aquarelles et dessin de F.Schrader).
*
Quelques
jours aprés, les 15 et 16 août
1902, les cinq
frères CADIER,
venant de Parzan par la vallée de Barrosa, au cours d'une grande randonnée
de l'Aneto à La Munia, découvrent à leur tour le cirque
: "une merveille" disent-ils dans leur récit (Au
pays des isards, Les amis du livre pyrénéen, Pau, 1968).
Aprés avoir gravi l'étage
inférieur du cirque,
ils croisent le "chemin des mines", puis grimpent directement, des
abords du col de Robiñera, au sommet de La Munia par un large couloir
rocheux (note 5).
* Entre 1907 et 1913, Jean BEPMALE, homme politique, maire de Saint-Gaudens de 1884 à 1921, passionné, entre autres, de montagne et de photographie, a effectué, aprés sa traversée des Pyrénées en 1906, de multiples excursions de plusieurs jours, accompagné de membres de sa famille et d'amis, dans le Sobrarbe, passant de la vallée d'Aure dans celle de Bielsa par le port de Bielsa ou le Port Vieux, mais aussi parfois par le port de Barroude, donc par le cirque de Barrosa. Il a peu écrit, mais pris beaucoup de photos : en particulier du cirque et de la vallée de Barrosa, dont une de l'Hôpital de Parzan (note 6).
*
En 1936, Andrée
MARTIGNON (1888-1977 ; écrivain, poète,
pyrénéiste), écrit dans un article intitulé Barroude
et la Géla (paru dans le numéro 296, daté de mars
1938, de la revue du CAF, La Montagne, illustré de photos de
Maurice Heid [voir la page
consacrée au port de Barroude) ces lignes :
"Nous sommes au Paso de Barrosa, et la fête est inoubliable
qui s'offre à nos yeux. Ce cirque fameux, découvert en 1877
par Schrader, nous ne le verrons pas en son développement et sous l'angle
favorable, gênés que nous serons d'ailleurs par l'éperon
que projette à l'est la Munia ; mais nous avons le pressentiment de
sa grandeur, car il s'élève, de ces fonds étranges et
cahotés, la promesse d'une beauté d'essence originale.
Pour le voir dans sa fastueuse intégrité, il faudrait
que nous atteignions le Paso de Barrosa en venant d'Espagne, par le val de
Parsan, suivant le barranco et la voie stérile, déserte, aux
cailloux blanchis, décrite par les frères CADIER (Au pays des
izards) [voir la page de photos consacrée à Schrader, note
5 ]. Ainsi connaîtrions-nous, dans sa saisissante ampleur
et son admirable dessin, l'entonnoir géant de Barrosa, couronné
par les glaciers de Las Louseras [Robiñera] et la Munia.
De longues pages seraient nécessaires pour parler de
lui".
Dans la partie du livre Les Pyrénées centrales
(éditions Alpina, Paris, 1946) écrite par elle (l'auteur de
l'autre partie étant Jean Fourcassié) Andrée Martignon
dit (p. 54) de la Munia qu'elle se prolonge par le pic de Las Louseras, dont
les escarpements soutiennent "le merveilleux et peu visité
cirque de Barrosa"..
* Plus tard,
en 1978, d'autres frères, les frères Jean
et Pierre RAVIER,
feront, avec leurs fils, l'ascension de La Munia sur les traces des
Cadier : la découverte de "ces lieux magiques",
sont pour eux, "éblouis", de "merveilleux
souvenirs". Les années suivantes, jusqu'en 1982, ils vont
revenir dans le cirque de Barrosa pour parcourir le chemin des mines
(le "Camino Barrosa"), et faire de grandes escalades : éperon
de Las Bachetas, pilier Barrosa au Robiñera (voir la page Escalades
, et la page Histoire).
Haut
de page
2. Cependant les guides-Joanne (au moins à partir de l'édition de 1890, à la page 202) décrivaient déjà l'excursion de Bielsa au cirque de Barrosa, et le cirque lui-même, s'inspirant probablement du récit de Schrader. Cette description y est illustrée sur une double page par la "vue idéale" des "montagnes de Bielsa" dessinée par Schrader, mentionnée ci-dessus.
3.
On
peut en cliquant
ici consulter l'édition originale (1878) du livre de
Russell dans le site Gallica2 de la Bibliothèque nationale de
France : le chapitre intitulé "Las Louseras (3075 mètres)"
est à la page 324.
A
propos du livre "Souvenirs d'un montagnard", du Comte Henry
Russell : il y en a eu plusieurs éditions (répertoriées
en février 2009) :
- cette édition de 1878 (imprimerie Vignancour,
Pau), dite "au Gave", interdite à la vente, dont les exemplaires
ont été distribués à des amis puis détruits
(les
derniers jetés dans le Gave de Pau selon la légende), sauf
de rares rescapés ;
- une première véritable édition en 1888
(imprimerie Vignancour, Pau) où les récits d'ascensions sont
ordonnés géographiquement d'ouest en est, et
en 2 parties (Pyrénées françaises et franco-espagnoles,
et Pyrénées espagnoles)
;
- une deuxième et définitive édition en 1908
(imprimerie Vigancour, Pau ;
réimprimée par les éditions Slatkine en 1979),
revue et corrigée par l'auteur, avec une troisième partie intitulée
"Varia" (reprenant un livre édité en 1902 sous
le titre "Pyrénaïca" qui regroupait des articles
parus dans des revues) ;
- cette deuxième édition a été rééditée
en 1930 (par Edouard Privat à Toulouse et Henri Didier à
Paris), en 2 volumes, avec une présentation par le Dr Sabatier, et
des photos.
Récemment elle a été de nouveau rééditée
par les éditions :
- Librairie des Pyrénées & de Gascogne-Princi
Negue en 1999 (1
volume) et
2002 (2 volumes) ;
- Cairn en 2003 ;
- PyréMonde-PRNG en 2005 (1 volume), et 2008
en
collection de poche (2 volumes, le 2ème tome étant intitulé
"Pyrénaïca, Souvenirs d'un montagnard", tome
II), 27
enros
;
- MonHélios en 2009 : édition du centenaire
(1909-2009), suivie de In memoriam de Henri Brulle et Russell et
la postérité de Louis Le Bondidier, 39 euros (ci-contre).
4. Détail
d'une célèbre photo prise le 31 juillet 1904
par l'appareil automatique de Louis Robach
devant les grottes Bellevue au Vignemale où il rend visite à
Henri Russell lors de la dernière excursion de celui-ci au Vignemale
(Louis Robach raconte : "Le comte Russell me fait un accueil très
cordial et il m'offre l'hospitalité pour cette nuit sous son toit de
pierre. Avant la nuit il veut bien me permettre de le photographier ; je prends
trois vues avec l'appareil automatique sans grand espoir de réussite,
il est 6 h 20 et le ciel est couvert").
Une de ces trois vues, où figurent, outre le comte, Louis
Robach lui-même au centre, et Mathieu Haurine, guide de Russell, à
gauche, figure dans un album d'Emile Rayssé qui l'a légendée
: "Le comte Henry Russell au Vignemale (3298) à sa 33e et
dernière ascension, en Août 1904" ; elle est reproduite
dans la revue Pyrénées, n° 259, juillet
2014, dans un article de Pierre Sarthoulet intitulé "Louis
Robach", p. 74, où est également reproduite la célèbre
carte postale éditée à Pau par Célestin Carrache,
tirée de cette photo mais amputée de la partie où figure
Haurine et légendée : "Le Comte Henry Russell. - Sa dernière
excursion au Vignemale."
(images ci-dessous : en haut la photo originelle, légèrement
recadrée, en bas à gauche telle qu'elle figure dans l'album
d'Emile Rayssé, en bas à droite la carte postale qui en a été
tirée).
Elle est également reproduite dans d'autres
livres :
- le livre d'Antonin Nicol, "Les grands guides des Pyrénées
de 1817 à 1958", éditions Monhélios, 2002, p.
169 ;
- une autre des trois photos prises par l'appareil de Robach est
reproduite dans la biographie de Monique Dollin de Fresnel, "Henry
Russell (1834-1909), Une vie pour les Pyrénées", éditions
Sud-Ouest, 2008, page 353 (à la page
suivante est reproduite aussi une photo de Russell prise par Roger Brulle
en Août 1904, au même endroit) ;
- la carte postale figure aussi à la page 254 du livre
"Pyrénées, voyages photographiques de 1839 à
nos jours", sous la direction d'Hélène Saule-Sorbé,
Editions du Pin à crochets, 1998.
5.
Un passage de ce récit (p. 56 du livre cité)
mérite d'être cité,
celui où ils racontent comment ils découvrent le cirque en remontant
la haute vallée du rio Barrosa (avant la mise en place des installations
minières de l'Hôpital de Parzan, qui ont fonctionné à
partir de 1912), et la nuit au clair de lune qu'ils passent au pied de la
muraille (voir des illustrations dans une page consacrée à
la haute vallée du
rio Barrosa) :
"Un chemin caillouteux,
sur la rive droite du rio Cinca [en
fait rio Barrosa] nous mène aux ruines de l'"Hospital"
de Bielsa. Trois minutes plus loin, nous quittons le torrent dont les cascades
grondent, pour prendre, à gauche, un bon sentier.
Apparition subite de la portion du cirque de Barrosa
que domine Las Loseras. La vallée large, bordée d'à-pics,
est l'avenue qui y conduit.
Dés l'entrée l'émotion vous saisit.
Dans le soir mat, la sécheresse, la stérilité, la désolation
sont telles, qu'on a le sentiment d'être dans un autre monde, comme
devant un paysage lunaire fantastique. Pas une goutte d'eau. Dans le talweg,
un tapis de pierres grises, où se dressent des pins, pareils à
des ifs funéraires. C'est une nécropole d'une infinie tristesse.
Soudain, émerveillement : les eaux courantes
reparaissent partout, blanches le long des cascades, vertes dans les vasques,
où se mire un feuillage trés doux. Une cabane se plante au bord
du chemin ; des oiseaux animent de leurs chants les rochers silencieux ; et,
là-haut, dominant le mur sombre du cirque, les nuages qui font panache
sur les cimes, frissonnent sous la dernière caresse du soleil. Une
couronne de rubis, de vieil or et de feu flotte entre ciel et terre.
Quelques pas encore, et cette gloire s'éteint. Plus de
lumière au ciel, plus d'eau sur la terre, ni d'oiseaux, ni d'arbres
; plus rien que le cirque noir et glacial, avec sa régularité
implacable, et ses cascades blafardes, muettes et immobiles. Devant
cette nature figée un vertige vous prend ; on se sent englouti par
le colossal hémicycle, comme en un tombeau où s'accumulent les
ténèbres et où aucune vie n'a le droit d'exister.
Tout frémissants, nous quittons le milieu du cirque et
revenons sur nos pas. Notre campement est moins loin, sur le gazon, entre
deux rochers, prés d'une source, à la haureur des derniers arbres.
Nous n'osions plus regarder vers le cirque féroce, lorsque,
levant les yeux avant de nous coucher, un spectacle inattendu se présente.
C'est une immense grisaille, mouchetée d'ombres et de plaques blanches.
Tout s'estompe dans un vague discret. Les pics ont perdu leurs terreurs ;
leurs pointes sont à peine visibles ; leurs contours sonr insaisissables.
Un mystére paisible emplit la montagne, sous les pâles étoiles.
Le cirque phosphorescent revêt une étrange grandeur qui nous
rassure et nous enchante : magie du clair de lune.
[...]"
Le
lendemain matin :
"Le cirque s'éveille avec nous. En quelques
minutes, l'Orient l'inonde de ses rayons. Mille couleurs brillantes jaillissent
de la nuit. Les cimes se profilent dans l'azur léger.
Nous arrivons au fond de l'énorme
entonnoir (1630 m. [en fait 1700]).Les précipices de Las Loseras
lancent leurs aiguilles grises à une hauteur effrayante. La Munia,
plus trapue, esr un monstre noir replié sur lui-même.
[...]
A notre droite, un bon chemin muletier
remonte un vallon de pâturages, qui s'évase à l'E. de
La Munia, et qui brise en ce point la régularité du cirque.
Le chemin va traverser le port de Barroude, qui mène dans la vallée
d'Aure. Port inconnu des touristes, à peine mentionné par Joanne,
et qui est la porte ouverte sur cette merveille, le cirque de Barrosa."
6. Jean
Bepmale (1852 - 1921) mérite à plus d'un titre d'être mieux connu qu'il
ne l'est, en particulier en tant que pyrénéiste et photographe (portrait
ci-dessous d'aprés une affiche électorale).
Né à Saint-Gaudens d'une famille originaire
de la vallée ariégeoise de Bethmale, d'abord avocat, il sera
surtout un homme politique de la IIIe République (maire actif de Saint-Gaudens
pendant 35 ans, de 1884 à 1921, conseiller général, député puis sénateur de
la Haute-Garonne), radical-socialiste haut en couleur locale, défendant
avec passion des convictions républicaines et laïques. Il a fondé
en 1881 son journal de combat : " La Montagne ".
Mais, curieux de tout et enthousiaste, il trouvait
du temps à consacrer à de multiples centres d'intérêt
: l'entomologie (on a donné son nom à trois espèces de coléoptère), l'ethnologie,
le dessin, la cartographie, la langue et la toponymie gasconnes (il maîtrisait
les dialectes locaux), la géologie, la faune, la flore.
Il
avait surtout deux passions : la montagne pyrénéenne et la photographie
:
En 1901 il a effectué une randonnée de quinze jours dans le
Val d'Aran espagnol (dont il a publié le récit en feuilleton dans son
journal, La Montagne).
Précurseur de la Haute Route Pyrénéenne
(à noter cependant que le botaniste Augustin Pyramus de Candolle avait
effectué en 1807 une traversée partielle des Pyrénées,
et que la première traversée de la chaîne en continu semble
avoir été, en 1817, celle d'un homme de sciences allemand, Frédéric
Parrot), il a réalisé, en 1906, accompagné d'un porteur,
un exploit pour l'époque : la traversée des Pyrénées, en trente jours,
de Banyuls à Saint-Jean-de-Luz, de col en col, par étapes de huit à
onze heures, avec de longues incursions sur le versant espagnol alors peu
connu . Il en a publié l'itinéraire dans le Bulletin Pyrénéen, en 1907,
et dans une brochure (couverture ci-contre).
(pour en savoir plus sur cette traversée,
cliquer sur cette couverture ; on peut aussi consulter les sources
citées ci-dessous).
Par ailleurs il effectuait seul, ou organisait avec des amis
et des membres de sa famille, de multiples virées de plusieurs jours
dans les Pyrénées, principalement dans le Sobrarbe, le val d'Aran ou les Encantats,
comportant des ascensions de hauts sommets comme par exemple le Montarto d'Aran,
La Punta Suelsa, le Montcalm, ou le Canigou..
De 1895 à 1918, toujours muni de son petit appareil
photographique (petit pour l'époque ; peut-être le kodak ci-contre,
un des premiers, de format 9 cm sur 9) , il a pris plus de 12000 clichés
dont la moitié est conservée au musée municipal
de Saint-Gaudens, avec ses carnets de voyage minutieusement tenus.
Il développait lui-même les négatifs carrés de 8,5 cm de côté (des " aristotypes
", par contact avec du papier citrate et exposition à la lumière du soleil),
et en a rassemblé la moitié environ des tirages, numérotés et légendés
de sa main, dans six gros albums dont cinq sont conservés au
musée municipal de Saint-Gaudens.
En montagne comme en ville ou dans la campagne commingeoise,
avec l'esprit d'un reporter-photographe et d'un ethnologue témoin de la vie
locale pyrénéenne, soucieux de conserver les traditions ancestrales tout en
étant curieux des progrès techniques, il photographiait tout : les
gens, les festivités, ses collègues en politique, les travaux agricoles,
les belles maisons, les églises (bien qu'il ait été anticlérical),
les cabanes, les constructions techniques (comme les ponts), mais aussi, et
surtout, la montagne, y compris ses villages et ses habitants.
On peut le comparer sur ce plan à Lucien Briet, avec cette différence
qu'il a laissé moins d'écrits.
(cliquer sur la vignette ci-dessus pour voir
une page contenant quelques-unes de ces photos, prises dans le cirque et la
vallée du rio Barrosa, et dans le massif voisin de la Punta Suelsa)
(Sources :
- revues :
Pyrénées : .
n° 163-164, 3-4 1990, article de Jean Ritter, "Jean Bepmale (1852-1921)
de La Montagne à la montagne", p. 235 ;
.
n° 236, 4-2008, article de Joseph Ribas,"40 ans de Haute Randonnée
Pyrénéenne", p. 341 ;
Pyrénées
Magazine : . n° 109, janvier-février 2007, article de Marie-Ange
Lobera, "Jean Bepmale du Comminges", p. 69 ;
.
numéro spécial, "Rando Pyrénées",
n° 11, consacré, au printemps 2007, à la Haute Route
Pyrénéenne ;
Revue pyrénéenne,
n° 128, décembre 2009, article de Jean Ritter, "Jean
Bepmale (1852-1921) et la photographie de montagne", p. 14).
- catalogue de l'exposition "1895-1918 Les
albums de Jean Bepmale", 21 juin-30 septembre 2006, au musée
de Saint-Gaudens (on peut l'acheter au musée [n° de téléphone
: 05 61 89 05 61] ; prix : 5 euros) ;
- catalogue de l'exposition "Franceses en Sobrarbe,
un turismo diferente", en 2006, à Abizanda, en Sobrarbe.
Page mise à jour le 1er juin 2024.