Photos :
page de photos 4-1
                                                            
   Le grès rouge : l'érosion de la chaîne hercynienne

   Sous le nom de "grès rouge" sont regroupés :
  - des argilites : roches à grains très fins, composées pour l'essentiel de minuscules cristaux de minéraux argileux ("argile"), et indurées par compaction, mais souvent litées et friables (on parle aussi de "pélites rouges" quand il y a un peu de grains de quartz très fins) ;
ces roches sont appelées "ruffes" dans le Lodévois, "rougier" dans l'Aveyron ;
  - du grès proprement dit : grains de quartz soudés par un ciment argileux rouge ;

  - et des conglomérats : cailloux soudés par un liant argileux rouge.
   Ces roches sont le résultat de la consolidation de sédiments détritiques (arrachés par l'érosion à une chaîne de montagne, ici la chaîne hercynienne, au Permien et au Trias, et transportés par des fleuves).
   
  
Pourquoi la couleur rouge (ou plus précisément lie-de-vin) ? Au Permien (-300 à -250 millions d'années) la zone occupée par la chaîne de montagne hercynienne (en cours d'érosion, et qui sera plus tard remaniée pour former les Pyrénées) était, du fait de la dérive des continents, en région sous-tropicale, où un climat chaud et humide autorisait une intense altération des roches par l'eau, allant jusqu'à la formation de dépots d'oxydes et d'hydroxydes d'aluminium (comme dans la bauxite), et de fer (comme dans la latérite), insolubles (ayant donc tendance à se déposer et à se concentrer), mélangés à des minéraux argileux. C'est l'un de ces oxydes de fer, l'hématite, qui, présent dans le ciment qui soude les grains de quartz, donne la couleur rouge à ce grès.
   Mais ces roches ne sont pas toujours rouges : elles peuvent être, par places, blanches, jaunes, vertes, violettes, etc....

                                        
   Plaques de grès rouge, ou d'argilite, au pic Liena. Noter que la roche, en bas à gauche, est devenue blanche le long d'une fissure comblée par
du quartz, semble-t-il (ou de la calcite ?) alors qu'il était à l'état fondu.
   Pourquoi ce changement de couleur ? Peut-être en raison de la température (décroissante de part et d'autre de la fissure) susceptible d'avoir altéré l'hématite, ici sur quelques cm ?
 

                           

  Ci-dessus :  photo prise au col entre la pic Liena et le pic La Mota d'une zone où l'argilite est blanche sur quelques mètres, avec une limite très nette entre le blanc et le rouge (photo de Christophe Larrieu : voir une page de photos consacrée à l'ascension du pic Liena en VTT)

 


 
   Ci-contre : argilite bicolore (photo d'une des roches de la galerie du musée de géologie de l'université de Rennes1, exposée parmi les roches détritiques terrigènes).


    
  
En certains endroits du plateau de Liena, rares et limités (au col entre pics Liena et La Mota à gauche, sur la piste au-dessus de la cabane à droite), le grès est jaune, le passage du rouge au jaune se faisant sans transition, d'un millimètre à l'autre. Pourquoi jaune ? : peut-être parce que l'oxyde de fer (l'hématite, anhydre) qui, présent dans le ciment soudant les grains de quartz, donne sa couleur rouge au grès, est dans la partie jaune un autre oxyde de fer, hydraté, la goethite, de couleur jaune ou ocre (comme dans le "Colorado provençal", près d'Apt).
   Mais pourquoi ce changement d'oxyde de fer, aussi brutal ?. Peut-être parce que le grès était à l'origine jaune par transformation à l'air libre d'un sable déposé en milieu sous-marin et contenant de la glauconie, minéral argileux altéré à l'air libre en goethite. Sous l'effet d'une élévation de la température aux alentours de 250° lors de l'enfouissement sous la nappe de charriage de Gavarnie (qui, lorsque se sont formées les Pyrénées, recouvrait le plateau, d'où l'érosion l'a ensuite fait disparaître, sauf la petite klippe du pic Liena) la goethite s'est peut-être transformée en hématite presque partout sauf en certains endroits où la température n'a pas dépassé un cetains seuil précis. Simple hypothèse...

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   Le grès "rouge" prend parfois, par endroits, encore une autre couleur, la couleur verte, dans les "grès bigarrés", ou dans les "pélites versicolores" datant de la jonction entre Permien et Trias (environ -250 Ma, période dite "Permo-Tias", en raison d'une datation par les fossiles incertaine).
   On voit dans cette photo, prise le long du chemin des mines dans la traversée du cirque de Barrosa, parmi des cailloux dont la plupart sont rouges (mélangés à des cailloux blancs, de calcaire), des cailloux de grès verts.
   
La couleur uniformément rouge (avec parfois de rares traces vertes : photo ci-dessous) est liée à un oxyde de fer ferrique (Fe 3+), l'hématite, déposé par l'eau sous climat relativement sec ; en revanche sous climat humide des sols peuvent s'installer durablemnt dont la matière organique entraine une "réduction" du fer ferrique des argiles en fer ferreux (Fe 2+) responsable de la couleur verte (note 3)    (photo de M. Louis de Pazzis ; voir la page de photos consacrée à une traversée du cirque par le chemin des mines) .
  
Cette "réduction" du fer ferrique en fer ferreux selon les conditios, s'écrit ainsi : Fe3+ + 1électron e-  -> Fe 2+
, la réaction inverse étant une" oxydation".
 

       
   Grès rouge dans l'ensemble, mais avec des zones de grès vert, dans la vallée de La Larri (vallée suspendue au-dessus de celle de Pineta : décrite dans une page consacrée à l'ascension du pic Comodoto à partir de la vallée de Pineta) (note 3) ; voir aussi une autre photo, ci-dessous, associée à une carte, du lit rocheux rouge vif du torrent descendant de cette vallée)
 

                  
  
A certains endroits le grès rouge, ici à grains de quartz très fins, se débite (comme l'ardoise) en plaquettes dont la surface est plus ou moins grande et l'épaisseur de l'ordre du cm. Ce débit en plaquettes a été mis à profit pour extraire de cette formation des tuiles destinées à la couverture des nombreuses granges de la vallée de Chisagües (voir la page consacrée à cette vallée).
   La surface de cette plaque est légèrement ondulée : c'est peut-être l'effet de l'agitation (un clapotis) d'une eau peu profonde au fond de laquelle s'est déposé le sédiment qui a donné cette roche en se consolidant. Parfois le courant génère de véritables rides plus ou moins parallèles : on parle de "ripple-marks" (ripple : ride en anglais). On peut aussi trouver la trace de gouttes de pluie.

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   Argilite, ou pélites
(où les grains de quartz
, peu nombreux, sont très fins) lie-de-vin dans le massif de la Punta Suelsa, à l'est du pic Liena. La Punta Suelsa a la même structure que ce dernier, avec un soubassement (plus épais) de grès rouge et de pélites, et elle est coiffée comme lui d'une klippe (voir une des photos de la page consacrée aux mines Luisa, et une autre d'une des pages de photos consacrées au port de Plan)
.
 

                                
  
Bloc de conglomérat sur les pentes sommitales du flanc ouest du pic Barrosa.

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Grès rouge et conglomérat à l'est de Barroude

      
   Depuis les abords du pic de Port Vieux, vue sur la croupe qui domine, à l'est, le port de Barroude (visible à droite : la tache jaune). Elle est constituée de débris d'ampélite silurienne qui dévalent la pente en formant un rideau d'éboulis. Celui-ci laisse cependant apparaître les couches sous-jacentes : celle de calcaire blanc du Crétacé supérieur dont les débris se mêlent à ceux de l'ampélite, et celle de grès rouge du Permien ou du Trias, dont on voit à droite une petite falaise.   
   A l'arrière-plan, de gauche à droite, les pics de Robiñera, de La Munia, et de Troumouse.
 

      
   En bas à gauche, le haut de la petite falaise de grès rouge, surmontée de la couche de calcaire crétacé. On retrouve cette disposition plus loin au-dessous de la pelouse qui s'étale sous le col entre Pic de Port Vieux à gauche et Soum de Barroude à droite.
   A noter, dans le coin inférieur droit de l'image, la couleur verte que peut prendre parfois le grès rouge (note 3)

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   Au-dessous de ce grès rouge on trouve, reposant sur le petit plateau de granodiorie, à l'est du balcon de Barroude ces masses de conglomérat (plus précisément de "brèche" : elles sont constituées de cailloux anguleux cimentés par une argile rougeâtre). De 1 à 3 m. de haut, elles sont allongées dans la direction sud-est - nord-ouest.
On peut supposer que ces masses de cailloux ont été arrachées au Permien ou au Trias à la chaîne de montagne hercynienne et transportées, sur une faible distance, dans des chenaux, par un torrent en crue (penser aux inondations qui ont eu lieu le 18 juin 2013 dans les Pyrénées).
  On voit à l'arrière-plan le port de Barroude.

 

      
   Autre vue sur une des masses de conglomérat, reposant, par l'intermédiaire d'une mince couche de pélite (mélange d'argile et de fins grains de quartz) sur un socle de diorite rouge sombre parce que rubéfiée par le pigment argileux (un oxyde de fer : l'hématite) qui imprègne la pélite
  A noter qu'il existe une lacune stratigraphique de plusieurs dizaines de millions d'années (Ma) entre la pélite, déposée au Permo-Trias (environ -250 Ma), en milieu continental, sur le socle de diorite, alors que celle-ci s'était mise en place au Carbonifère (environ - 350 à 300 Ma), lors de la formation de la chaîne hercynienne, avant d'être dénudeé par l'érosion de celle-ci. La diorite est ainsi restée longtemps au contact de l'atmosphère, ce qui peut expliquer la couleur orangée de sa surface en d'autres endroits.

   A l'arrière-plan, le balcon de Barroude et son grand lac, dominés par la muraille de Barroude et le pic Gerbats.

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  Les masses de conglomérat sont traversées par la murette supportant l'ancien chemin des mines qui traverse le cirque de Barrosa et descend ici sur le versant français du port de Barroude.
 

      
   Vue rapprochée sur le conglomérat montrant les dimensions des cailloux anguleux qui le constituent (de l'ordre du cm ou de la dizaine de cm), cimentée ici par une matrice de grains de quartz.

      

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   Photo ci-dessus prise du sommet du pic La Mota, vers le nord. Au premier plan, le grès rouge dont est fait ce sommet. Cette couche se retrouve au sommet du pic Liena, au deuxième plan, recouverte d'une couche de calcaire crétacé clair (et d'une petite klippe schisteuse sombre, à peine visible sur la photo).
   Au troisième plan, à droite, le pic Barrosa, par delà la haute vallée du rio Barrosa, dont le sommet est également constitué de grès rouge, à peu près à la même hauteur que les pics Liena et La Mota (coupe schématique et hypothétique ci-contre) ; à gauche, sommets du cirque : les pics La Munia, Serre Mourène et Troumouse.

            
                 
  
  La face sud du pic Barrosa vue de près (du petit vallon perché où se situent les mines de Mallo Ruego). On voit bien la couche de grès rouge du Permo-Trias, dont est constitué le sommet, reposer, par un contact anormal, sur la surface presque horizontale de la pénéplaine résultant de l'érosion de l'ancienne chaîne hercynienne. Il s'agit d'une discordance et non pas d'un chevauchement : le grès résulte d'une sédimentation sur la roche hercynienne . Celle-ci, d'âge cambro-ordovicien associe des quartzites (grès dont le ciment est du quartz, comme les grains du grès) et des schistes (voir aussi la page de photos consacrée au pic Barrosa).
   
Ce contact se situe à peu près à l'altitude de 2720 m. 
 

       

    A la sortie de Bielsa, sur la route de la vallée de Pineta, le talus a été tranché pour faire de la place sur le bas-côté, ce qui permet de bien voir le contact du grès permo-triasique avec la surface du "socle" paléozoïque, ici métamorphique ou granitique, d'âge hercynien (-350 à -300 Ma), sur laquelle il s'est déposé (vers -250 Ma).

   On est tenté de situer ce contact entre le grès rouge et l'assise rocheuse à dominante blanche. Mais il est probable que celle-ci est en fait du grès rouge décoloré (pour quelle raison ?), et que la surface de contact se situe plus bas, entre cette assise blanche et le "socle" paléozoïque à dominante jaune (contact surligné ci-contre en blanc sur une partie de la photo).
  Il y a donc une lacune stratigraphique d'au moins 50 Ma entre le "socle" et le grès.
  A noter que l'altitude est ici de 1100 m. : la surface de contact a donc plongé de 1120 m en une dizaine de km par rapport à son niveau dans le pic Barrosa.


                                                                                        
*

     
    

  Le Plan de La Larri est une vallée glaciaire suspendue, au fond de la vallée de Pineta, pas loin du cirque de Barrosa. L'érosion glaciaire a creusé "un trou" (une "fenêtre") dans le front de la nappe de Gavarnie, découvrant le socle paléozoïque sous-jacent dont on retrouve, sur les bords de la vallée, la couverture faite de grès rouge et de calcaire (autochtone) crétacé supérieur.
  
   La PHOTO ci-dessus montre la petite gorge creusée dans le grès rouge par une des multiples cascades du torrent dévalant du plan de La Larri.

  
   Le DESSIN ci-contre
montre la géologie de la région, et localise (surligné en rouge) le très beau sentier, aménagé le long des cascades, par lequel on peut monter au bord du plan, qui est un magnifique belvédère face au Mont-Perdu. La descente peut se faire par la piste, ou par le sentier qui monte dans la forêt depuis l'ermitage.
 (voir aussi la page de photos consacrée à l'ascension du pic Comodoto depuis la vallée de Pineta).


       
   Vue (avec calque explicatif) rapprochée, depuis la vallée du rio Pinara, sur le versant est du Soum de Barroude où se voient nettement, de bas en haut (voir aussi la page consacrée aux conséquences du charriage sur les roches, la page sur la richesse géologique du cirque de Barroude, et la page de photos consacrée au pic de port Vieux)
     - le socle métamorphique paléozoîque hercynien : des schistes (dits "bleus", mais ici plustôt gris), du Cambro-Ordovicien (environ 500 millions d'années [Ma]) ;
     - la couche de grès rouge (ici lie-de-vin), du Permo-Trias (enviro 250 Ma) ;
     - la couche de calcaire blanc du Crétacé supérieur (environ 80 Ma) ; ces deux couches constituant la couverture du socle métamorphique ;
     - en haut, au centre de l'image, appartenant à la nappe de Gavarnie, l'ampélite noire du Silurien (environ 400 Ma) séparée nettement du calcaire crétacé sous-jacent par le plan de chevauchement de celle-ci sur le socle ; de part et d'autre les roches plus claires appartiennent au lambeau de poussée constitué de "grès rouge" malgré, ici, leur couleur grise.

   Cette photo (de Philippe Villette) mérite un agrandissement au format 1250 x 702 px .

   
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Dans la région du cirque de Barrosa le grès rouge repose sur la pénéplaine post-hercynienne remaniée lors de la formation des Pyrénées. Ailleurs en France, ce qui reste des massifs hercyniens, plus modérément remaniés lors de la formation des Alpes et des Pyrénées, est également associé à des formations de grès rouge déposé dans les dépressions de cette pénéplaine. Ces formations se signalent par un habitat, ou des édifices religieux, contruits avec cette roche rouge ou rose, facile à tailler (note 2) : par exemple la cathédrale de Strasbourg, proche du massif des Vosges riche en grès rouge.
   Dans le Massif central le village de Collonge-la-rouge est bien connu. Dans l'Aveyron (c'est-à-dire le Rouergue) existent deux "rougiers" (voir la carte de la note 2), l'un drainé par le Dourdou de Camarès, au sud, l'autre drainé par le bassin du Dourdou de Villecomtal, juste au nord de Rodez, où se situe un autre village construit en grès rouge, Marcillac-vallon, connu pour son vignoble.
   A noter en passant que, à l'époque gallo-romaine, le Rouergue actuel s'appelait le "pays des Rutènes" (d'où le nom des habitants de son chef-lieu, Rodez, appelés ruthénois, avec un h ajouté plus tard), nom pour l'origine duquel plusieurs hypothèses ont été proposées. Selon la principale une population celte d'Europe centrale est venus, aux IIIe et IIe siècle avant J.-C., se mélanger aux autochtones en apportant leur nom, Rutènes, qui est un sobriquet celtique signifiant "les blonds" ou "les roux". Une autre hypothèse le mettrait aussi en relation avec la couleur rouge (même racine que le mot rutilant), en raison de la forte présence des rougiers dans la région (?).
    Les PHOTOS ci-dessus ont été prises dans le deuxième rougier : à gauche au village de Villecomtal, ancienne bastide (note 1), et à droite à l'église de Perse, près d'Espalion. La cathédrale de Rodez est également en grès rose (photo ci-dessous, note 2).
   

    VOIR AUSSI :
  - les pages de photos consacrées
          * au
pic Barrosa

          * à la
sierra de Liena
          * au
chemin du port de Barroude
  - des pages où il est question de
          * la structure géologique de la sierra de Liena
          
* parcours géologiques

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NOTES :
  
1. ...et accessoirement lieu de naissance de l'auteur du présent site web.

 
  2. D'une façon générale, le grès, qu'il soit rouge ou jaune (toutes les nuances s'observent entre les deux couleurs), ou gris, ou blanc, ou vert, est une roche facile à tailler ou à sculpter, surtout lorsqu'elle est relativement dure et homogène, et les grains de quartz (ou de feldspath) fins. Il est donc souvent utilisé comme pierre de construction.
  Par exemple dans le sud de l'Aveyron les habitants d'un petit village, Saint-Beauzély, se sont illustrés dans le passé, surtout à partir du XVe siècle, en tant que maçons, carriers, tailleurs de pierres. Le village se situe en effet dans une vallée qu'un affluent de la rive droite du Tarn en aval de Millau, la Muse, a creusé dans l'épaisseur d'un dépot, sur la pénéplaine hercynienne,
de grès blanc (ou légèrement ocre, avec des dragées de quartz, caractéristique du Trias), surmonté d'argilites bariolées, datées également du Trias, et reposant sur du grès rouge du Permien (dessin ci-dessous, très schématique).

     
   Les habitants de la région ont su tirer parti de ce grès d'excellente qualité : formés par la construction locale de murs de soutènement des terrasses de culture, et la fabrication de meules de moulins, ils ont acquis une réputation de tailleurs de pierre qui les a fait rechercher pour la construction, dans la région, d'édifices religieux, de châteaux, de l'ancien pont sur le Tarn à Millau, et des remparts de cités templières du Larzac, dont ceux du village de La Couvertoirade. Des générations de bâtisseurs ont ainsi fait la richesse de la vallée, où on trouve encore les vestiges de nombreuses carrières de grès.
   Dans le château de Saint-Beauzély un musée de la vie rurale rassemble les anciens outils utilisés pour le travail du grès (voir une page du site de ce village).

 Les "rougiers" de l'Aveyron (carte ci-contre) sont drainés tous les deux par une rivière qui s'appele, donc, "Dourdou". Ce n'est pas par hasard et cela a un lien avec la géologie. Ce nom vient du redoublement de la racine "dour" qui veut dire "eau boueuse" et qu'on retrouve dans Adour, Dourbie, Durance, Doire, etc.. Elle est ici redoublée (comme parfois dans le langage courant, quand on dit "dur dur ...de se lever le matin", la similitude racine dour-mot dur étant sans doute une coïncidence) parce que ces rivières Dourdou deviennent vite très boueuses et rougeâtres dès qu'il pleut. Dans ces rougiers, en effet, l'eau entraine facilement les fines particules d'argile, roche qui se présente ainsi en raison de sa structure en feuillets mal liés entre eux (comme le talc ou les particules de graphite contenues dans l'ampélite, qui ont la même structure feuilletée : voir la page consacrée à l'ampélite).

  Au sud de l'Aveyron s'étend, au sud de la ville de Lodève, un autre vaste "rougier", où le grès rouge est appelé "ruffe", baigné par le lac de Salagou : pour le voir, visité par un drone, aller sur Dailymotion pour visionner une video de l'émission Cap-Sud-Ouest de France 3 Midi-Pyrénées (durée : 2 min. 45, publiée le 11-6-2015).

 

       
   Banc de grès rouge dans la région de St-Beauzély
.


    Les PHOTOS ci-dessous sont des illustrations de l'utilisation du grès dans la construction d'édifices religieux aveyronnais, ou de maisons d'habitation :

             
   A gauche : l'abbaye de Comberoumal (XIIe siècle), proche de Saint-Beauzély, en grès blanc avec rares blocs de grès rouge ;
    A droite : la cathédrale de Rodez (XVe-XVIIe siècle), en grès rouge. Pour mieux voir cette cathédrale, grâce à un drone, aller sur dailymotion visionner une vidéo de l'émission Cap-Sud-Ouest de France 3 Midi-Pyrénées, durée 3 min. 29, publiée le 14-12-2015)
 

             
      En haut : photo de l'abbatiale de Conques (XIIe siècle) : sa construction a associé
   - du grès permien (extrait du rougier de Marcillac), le Pemien étant la dernière période du Paléozïque : 300 à 250 Ma), plus ou moins rouge (selon la richesse du ciment en oxyde de fer)
;
   - du calcaire ocre jaune (extrait du petit causse de Lunel), datant de l'Hettangien (premier étage du Jurassique : 200 à 195 Ma),
qui le plus souvent forme, avec le grès rouge, les arêtes;
   - et du schiste ("quartzophyllade" des géologues), marron, datant du Cambro-Ordovicien (antérieur à 450 Ma).
    
      En bas : extrait de la carte géologique du BRGM au 1/50000 Décazeville, avec des incrustations localisant, dans la région de l'Aveyron située entre Conques et Lunel, les terrains desquels ont pu être extraites ces 3 principales roches; lors de la construction de l'abbatiale.


       
  Belle maison en grès rouge, abritant un Bar-Restaurant bien nommé, dans un village aveyronnais de la vallée du Dourdou de Villecomtal (voir la carte ci-dessus des rougiers aveyronnaiss), qui s'appele Nauviale, proche de Marcillac. On y mange très bien pour 13 euros (janvier 2015). (photo François Carrière).
 

       
   Rez-de-chaussée d'une maison de Marcillac-vallon, bourgade du rougier connue pour son vignoble.


       

   Autre maison de Marcillac.

       
   Diversité des grès dans le mur d'une maison de Saint-Beauzély.

       
   Pierre de grès blanc, avec des dragées de quartz (fréquent dans la vallée de La Muse), dans le mur d'une maison de Saint-Beauzély.

       
   Assemblage de pierres de grès de différentes couleurs dans le mur de l'ancien prieuré de Comberoumal, dans la région de Saint-Beauzély.

  3.  Le grès vert peut donc s'associer au grès rouge et même prendre le pas sur lui : c'est le cas dans la vallée de La Roya, dans les Alpes maritimes, sur une large surface autour du Mont Bégo, en particulier dans la "vallée des merveilles" où beaucoup des gravures rupestres sont gravées sur la surface de blocs de grès vert (plus précisément de "pélite grèseuse" car les grains de quartz y sont très fins).

      
  1. Carte géologique de la règion de la vallée de La Roya où le violet autour du Mont Bégo représente les pélites grèseuses qui peuvent être sinon rouges du moins violettes, ou plus souvent vertes. Le rouge représente le socle métamorphique ou granitique dont l'érosion a produit ces pélites gréseuses, le bleu la couverture calcaire jurassique et crétacée, l'ocre des roches tertiaires.
   2. Une des dalles posées devant l'entrée du musée de Tende (dans la vallée de La Roya) consacré aux gravure rupestres de la vallée des merveilles.
   3. Le grès vert peut n'occuper que de faibes surfaces dans le grès violet.
   4. Blocs rocheux bordant un chemin.
   5. Village de Saorge dans la vallée de La Roya, dont les toits sont couverts de minces dalles de grès rouge (plus exactement violet) tacheté de vert.

  6. Gros bloc de pélite gréseuse verte.

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  Page de photos mise à jour le 9 mai 2023