Photos : page de photos 2- 3

     Le pic de Comodoto
   par les vallées de Pineta et de La Larri, et la Estiva

 
  
A partir de la vallée de Pineta peut être réalisée une très belle course qui consiste à gravir le pic Comodoto (qu'on gravit habituellement par la vallée de Chisagüés) par un itinéraire qui passe par la vallée de La Larri, la Estiva et les étranges "rallas". Elle est susceptible d'être appréciée par tout randonneur, surtout s'il est intéressé par la géologie. Son itinéraire est indiqué par la carte ci-dessous, et illustré par une série de photos.

   ( VOIR AUSSI deux autres pages de photos consacrées ,
   - l'une à l'ascension du pic Comodoto
par la vallée de Chisagüés ;
   - l'autre
à la
sierra de Espierba. )


  Cliquer sur cette carte pour voir la même mais élargie, agrandie, et, sur le plan géologique, plus précise et associée à deux coupes.

  Cette belle course consiste à gravir le pic de Comodoto (2361 m.) par son versant ouest à partir du parking du fond de la vallée de Pineta (à 13 km de Bielsa par la route).
  
La carte ci-contre en indique l'itinéraire :
 
  - rive droite du rio Cinca vers l'amont jusqu'à la passerelle le franchissant ;

 - pla de La Larri par le sentier qui monte le long des cascades du rio La Larri, puis par les lacets de la piste après le pont franchissant le rio sous la dernière cascade ;
 
 - montée à La Estiva et traversée de celle-ci jusqu'au col de Coronetas (2159 m.) au pied de l'arête.

    C'est une course facile, le plus souvent sur sentier (sauf sur le replat dit Plana Fonda, où l'itinéraire est évident), plus ou moins bien balisé cependant, et peu visible dans la forêt au-dessus du plan de La Larri.
   L'
itinéraire est précisé dans les légendes des photos par du texte de couleur verte.
   La descente emprunte le même itinéraire que la montée.

 RENSEIGNEMENTS PRATIQUES : 
  - Accès : sortie 16 de l'autoroute A64, St-Lary, tunnel d'Aragnouet-Bielsa, route A-138, village de Bielsa, vallée de Pineta jusqu'au parking, à 13 km de Bielsa, 84 de l'autoroute, 204 km de Toulouse ;
  - Hébergement :
     * refuge de Pineta, dans la vallée de Pineta, à 2 km du parking (tel. 974 50 12 03 ; de la France 00 34 974 50 12 03 ; réservation par internet possible) ;
     * ou bien la cabane (ou " refuge ") de La Larri, un peu au-dessus du débouché de la piste sur le pla de La Larri (1550 m.,270 m au-dessus de la vallée de Pineta); rudimentaire : grande mais dépourvue de tout mobilier, sol en ciment et dalles, petite cheminée (tire-t-elle : ?) ;
  - Dénivelé : 1100 m (780 m à partir de la cabane de La Larri) ;
  - Horaires : :environ 4 h ; aller et retour : 7 h ; on peut faire la course dans la journée, ou coucher dans la cabane ;   
  - Cartes : au 1/25000 :
      * édition
Prames, Parque Nacional de Ordesa y Monte Perdido, II Anisclo-Pineta -
      * édition
Alpina, Parque Nacional de Ordesa y Monte Perdido, Sector Pineta-Escuain-Anisclo-Barroude.


   
REMARQUE : arrivé au col de las Coronetas on peut, au lieu de monter au Comodoto, monter au pic Chinipro par son arête sud-est puis sud-ouest, et en descendre sur le col de Las Puertas, puis par la vallée de Fuen Santa pour revenir au pla de La Larri (voir la
page de photos consacrée à la vallée de Chisagüés : section 3, le pic Chinipro)
   

   Cette course présente plusieurs attraits pour tout randonneur :
     - une vue permanente sur la vallée et le cirque de Pineta, le grandiose massif du Mont-Perdu et les "canadiens" Parets de Pinède ;
     - la traversée de deux belles forêts (surtout en automne) ;
     - un sentier longeant une série de cascades sur des roches rouges dans la forêt de la vallée de Pineta ;
     - un grand replat dans la belle vallée suspendue de La Larri;
     - de curieuses crêtes rocheuses (les "Rallas", murs de pierre en aragonais) en haut du versant nord de la vallée de Pineta, bordant les grands pâturages de La Estiva ou enserrant un étrange replat fermé,
long et étroit (la Plana Fonda).
   
   Mais elle est en plus très intéressante pour les amateurs de géologie qui y trouvent :

      - des traces de la dernière glaciation : une vallée suspendue en forme d'auge (la vallée de La Larri), les vestiges d'une moraine, et des sédiments lacustres ;
     - la forte présence du grès rouge (au sujet du grès rouge, voir une
page de photos qui lui est consacrée) ;
     - la fenêtre, bien connue des géologues, que constitue cette vallée, c'est-à-dire le trou creusé par l'érosion dans la nappe de charriage de Gavarnie, laissant voir le "socle" sous-jacent et sa couverture ;
     - le fait que le front de la nappe de charriage de Gavarnie, qui est à peu près horizontale dans le cirque de Barrosa, plonge vers le sud dans cette région des vallées de La Larri et de Chisagûés, avec des conséquences gravitaires, à savoir le glissement vers le sud d'une partie de cette nappe (l'"unité de Chinipro"), et celui de la masse des sédiments calcaires crétacés qui la recouvraient, plissée dans le pic Blanc et responsable de cette curieuse morphologie particulière, les "Rallas".

   

       
   Le cirque de Pineta tel qu'on le voit du parking du fond de la vallée de Pineta (à 13 km de Bielsa).
   En haut du cirque : à gauche le bord du balcon de Pineta ; à droite les deux sommets sont le pic de Pinède (2860 m.) à gauche et la punta de Forcarral (2717 m.) à droite. Tout à fait à droite : le port Neuf de Pinède qui donne sur le cirque d'Estaubé.
 

                             
   Depuis la Feixa de la Tormosa, dans le versant sud de la vallée de Pineta, vue (vers le nord, prise le 29-6-2008) sur une bonne partie de l'itinéraire de la course :
  - montée dans la forêt par le sentier aménagé sur la rive droite des cascades du rio La Larri (pour trouver son départ, du parking, remonter la rive droite du rio Cinca par le "Camino Marboré", par une passerelle passer sur sa rive gauche, plus loin laisser à gauche le "Camino Marboré" pour se diriger vers les "Cascadas de La Larri") ;
  - les lacets de la piste à la limite de la forêt; le pla de La Larri, la forêt au-dessus du pla, et l'extrémité ouest des pâturages de La Estiva au-dessus de la muraille dite "Ralla es Cordés".
   Au fond : la Pène Blanque au milieu de l'imge, le pic de Chinipro (pointu) à droite, qui laissent dépasser les grands sommets, celui de La Munia à sa gauche, celui du Robiñera (à peine) à sa droite.


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   Malgré l'époque tardive (28 octobre 2016) le débit du rio de la vallée de La Larri, qui alimente cette série ininterrompue de cascades, reste important, dans une forêt de hêtres (principalement) qui, en revanche, prend des couleurs splendides.
 

       
   Certaines de ces cascades sont hautes.
 

                                   
  La palette  des couleurs s'enrichit de celle de la roche dans laquelle coulent ces cascades, du grès rouge, et des vasques bleues qu'elles creusent à leur base.

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   A mesure qu'on s'élève par le sentier aménagé le long des cascades encore dans l'ombre on domine de plus en plus le fond de la vallée de Pineta illuminée par le soleil matinal.
 

        
   En toile de fond, le versant méridional de la vallée.
 

       
   La piste qui monte au pla de La Larri (fermée aux voitures) coupe la ligne des cascades au pied de celle-là, la dernière. On a intérêt à emprunter cette piste au retour : elle est plus confortable que les sentiers directs mais raides, celui qui longe les cascades et celui qui descend dans la forêt directement sur la "Pradera".
   En haut de cette cascade on voit des blocs rocheux d'une couleur différente de celle rouge sang du grès, sans doute des blocs de calcaire. Il s'agit probablement de ce qui reste de la moraine, centrale, résultant de la confluence des moraines latérales, gauche du glacier de Pineta et droite de celui de La Larri. Au bord des lacets que la piste fait plus haut au même niveau on trouve des blocs de "grès du Marboré" (mélange de calcaire et de grès) qui ne peuvent provenir que du massif du Mont-Perdu, transportées par le glacier, puisqu'une telle roche n'existe pas dans la vallée de La Larri.
 

                                    
   De ce pont par lequel la piste franchit la ligne des cascades on surplombe l'impressionnante gorge sculptée par les remous du torrent dans la masse de grès rouge, et rendue luisante par les embruns (au sujet du grès rouge voir une page de photos qui lui est consacrée).

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   Derrière l'arbre rouge, le massif du Mont-Perdu. Noter, un peu à droite du milieu de l'image, l'éperon des Esparrets.
   A droite, le cirque de Pineta, sous le balcon du même nom, au-dessus duquel émerge le Cylindre du Marboré (3325 m.).
 

       
   Dans le cirque de Pineta, cascade du Marboré (churros de Marmorés en aragonais, cascada del Cinca en espagnol), sur le principal torrent qui descend du balcon de Pineta, et qui s'appelle "barranco del Churros" jusqu'au confluent avec le rio de La Larri, puis devient le "rio Cinca".
   A sa gauche (sud) les couches de calcaire (du Crétacé supérieur, étage Coniacien-Santonien) dessinent une convexité (un pli) liée à leur glissement, par gravité, vers le sud (et peut-être aussi à la poussée de la nappe de charriage de Gavarnie), glissement qui accompagne d'ailleurs celui de l'ensemble de l'unité du Mont-Perdu à la base de laquelle elles se situent. C'est l'équivalent de la formation dite "les Rochers blancs" dans le cirque de Gavarnie (voir un dessin qui figure dans une page consacrée au calcaire crétacé dans la vallée de Gavarnie)

 

                           
   Vue de plus près sur cette cascade, depuis la Feixa de La Tormosa. Elle met en évidence le pli lié à la résistance qu'oppose au glissement des couches calcaires leur frottement sur les couches sous-jacentes.

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   Depuis le sentier qui, sur le versant sud de la vallée de Pineta, monte au col de Niscle, vue sur le replat de la vallée de La Larri, au centre de l'image. C'est une vallée "suspendue" : ce replat s'étend en effet près de 300 mètres au-dessus du fond de la vallée de Pineta. C'est aussi une "fenêtre tectonique", c'est-à-dire un trou creusé par l'érosion dans la nappe de charriage de Gavarnie, permettant de voir le "socle" sur lequel elle s'est déplacée au cours de la formation des Pyrénées, ce qui la rend très intéressante aux yeux des géologues.
   En haut, crête frontière entre le pic de Gabiédou (2809 m. ; à gauche) et les abords de la Pène Blanque (à droite), en passant par le port de La Canau (2686 m.). Derrière la crête s'ouvre le cirque de Troumouse.
 

       
   Depuis les abords du col de Niscle, vue de nouveau sur le replat de La Larri et sur le flanc occidental de la vallée, avec, de gauche à droite : le pic Blanc (ou pico La Capilla ; 2828 m.), clair, le Soum de Port Bieil (2756 m.), sombre, et le pic de Gabiédou (ou Punta La Meseta ; 2808 m.). La crête se poursuit presque jusqu'à la Pène Blanque.
   Derrière cette crête émergent : à peine le pic de l'Aguilous, au-dessus du port de La Canau, et le pic de Cambieil.
  (photo de Céline Bonnal, qui fait vivre un site centré sur le pastoralisme, mais contenant des liens pour de nombreux documents concernant les Pyrénées : www.agnouede.fr, , et qui a aimablement autorisé l'insertion de cette photo).

       
       
   Photo panoramique du versant occidental de la vallée de La Larri, du cirque de Pineta au sud-ouest au port de La Canau au nord-est, prise du bord ouest de La Estiva. On y repère le grand arc de roche calcaire blanche qui marque la limite supérieure de la "fenêtre", et qui est aussi le plan de chevauchement de la nappe de charriage (en haut), sur le "socle" (en bas), la roche blanche étant du calcaire crétacé supérieur constituant, avec la couche de grès rouge sous-jacente, la couverture du "socle" (note 2).
   Cliquer sur l'image pour l'agrandir, combinée à un calque explicatif.

    (VOIR AUSSI un schéma de la structure géologique qu'on retrouve ici, du cirque de Barrosa, )

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   Vue vers le sud sur le pla de La Larri, et au-delà de la vallée de Pineta sur le massif du Mont-Perdu, prise au début de la saison estivale, le 26 juin 2013.
 

       
   Vue sur le versant occidental de la vallée de La Larri, et une partie du pla.
   On y distingue le grand arc formé par la couche de calcaire crétacé blanc et, juste au-dessous, celle de grès rouge du Trias, visible jusque dans le lit du torrent, au bas du coin inférieur droit de l'image. Ces deux couches constituent la couverture du "socle" métamorphique et granitique sous-jacent, mis au jour grace au creusement, par l'érosion, d'une "fenêtre" dans la nappe de charriage de Gavarnie qui repose juste au-dessus (visible dans le coin supérieur droit de l'image)
   (voir l'image ci-dessus assortie du conseil de cliquer pour l'agrandir).
 

       
   Autre vue, prise du pla de La Larri, sur ce versant occidental, dominé par le pic Blanc (2828 m.) flanqué à droite d'un piton, le Mallo Royo (2279 m.).
   On retrouve la couverture du "socle" : couche de calcaire crétacé blanc (à gauche) et couche de grès rouge, visible surtout aux abords du couloir encore enneigé.
   Au pied de ce versant, le long du torrent, remarquer le talus de couleur ocre, d'une hauteur d'environ 5 m. : il a été taillé par le torrent dans la couche de sédiments lacustres tapissant le pla de La Larri. Ces sédiments, relativement épais (40 m. d'après des sondages), sont constitués de grains très fins d'argiles ou de limons (un peu moins fins) qui proviennent
de l'érosion environnante. Ils se sont déposés au fond d'un lac qui s'est formé dans la vallée de La Larri à la fin de la dernière glaciation (entre -40 et -10000 ans), époque à laquelle la moraine du grand glacier de la vallée de Pineta formait un barrage au débouché du replat.
 

       
   Cette moraine est bien visible et forme encore un bourrelet (dont on voit ici la crête) au débouché du replat, peu marqué par rapport à lui, perpendiculaire à son axe. Il est constitué de blocs rocheux de diverses dimensions, qu'on commence à trouver au bord de la piste au niveau de ses lacets, ou dans les raccourcis.
   La nature de ces blocs est diverse, mais beaucoup sont constitués de "grès du Marboré" (de la fin du Crétacé supérieur), comme ceux qu'on voit sur l'image. Or cette roche n'exste pas dans la vallée de La Larri : ces blocs ne peuvent donc provenir que du cirque de Pineta qu'on voit au fond.

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   Photo (dont le contraste a été volontairement accentué) des plis qui se sont formés dans la masse des sédiments calcaires datant du Crétacé supérieur (étages du Cénomanien au Santonien), incluant le pic Blanc, en haut à droite. Ces sédiments reposaient, par un contact anormal, sur la front de la nappe de charriage de Gavarnie (la plage sombre à droite des plis : calcaires gris en haut, schistes sombres en bas, datant du Paléozoïque, précisément de la période du Dévonien).
  On peut penser, à la vue de cette suggestive cascade de plis, que ces sédiments ont glissé par gravité sur la pente de ce front de la nappe, nappe qui plus au nord est horizontale dans le cirque de Barrosa, mais qui ici plonge vers le sud. On peut aussi imaginer qu'ils ont été poussés, comme par un bulldozer, par la nappe de charriage. Ce contact anormal (une "discordance") est donc une surface de glissement, mais pas une surface de chevauchement comme celle (qu'on repère d'ailleurs au-dessous, sur l'image, par un trait blanc de calcaire) par laquelle la nappe s'est déplacé sur le "socle".
  On retrouve ces plis sur le versant occidental du pic Blanc, dans la vallée d'Estaubé (voir le livre Pyrénées : 500 millions d'années, p.84 et 85), et des plis analogues, sans doute liés au même mécanisme, dans le versant occidental du pic rouge de Pailla, dans la vallée de Gavarnie (voir la page de photos consacrée à l'ascension du pic Comodoto par la vallée de Chisagüés, et le premier dessin de la page consacrée au calcaire crétacé dans la vallée de Gavarnie)

   

                                    
   Photo (au téléobjectif) regroupant, de haut en bas :
  - ces même plis dans le calcaire crétacé grisâtre , dit allochtone, reposant, après son glissement, sur
  - le front de la nappe de charriage de Gavarnie (à mi-hauteur , calcaire en haut, schisteuse en bas),
  - et, au-dessous du plan de chevauchement de la nappe, une coupe dans la couverture du "socle", où on repère facilement, de part et d'autre du couloir, la couche de calcaire crétacé blanc, dit autochtone, et au-dessous, la couche de grès rouge du Permo-Trias.

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   Le pla de La Larri, encore dans l'ombre alors que le soleil matinal éclaire le versant occidental de la vallée dominé par le pic Blanc, au centre, flanqué d'une aiguille calcaire, le Mallo Royo.
   Le bloc rocheux, dans le coin inférieur gauche de l'image, isolé, est peut-être un bloc erratique laissé par le glacier qui a creusé la "fenêtre". C'est de là que part le sentier de la Estiva.
   

       
   La crête qui sépare la vallée de Fuen Santa (amont de celle de La Larri) du cirque de Troumouse. Elle va du port de La Canau, à gauche, à la Pène Blanque, à droite, qui porte bien son nom, étant constituée de calcaire, ou de marbre, du Dévonien inférieur (-420 à -390 millions d'années), dit de "la Dalle", le même calcaire que celui dont sont constituées la muraille de Barroude et, dans le cirque de Barrosa, la falaise de la base du pic de Robiñera.
 

       
   Le versant espagnol du port de La Canau (2686 m.) entre le pic de Gabiédou (2809 m.) à gauche et le pic de Bouneu (2726 m.) à droite (photo prise au début de l'été, le 26 juin 2013).
  

       
   
Photo de Lucien Briet (Musée Pyrénéen de Lourdes ), prise le 30 août 1902, légendée : "Revers méridional du port de la Canau", prise, comme la précédente, sous le même angle mais un cadrage différent, du sentier qui descend des lacs de La Munia par le barranco de la Fuen Santa (haute vallée de La Larri).
   
Ce port a été longtemps, jusque vers 1900, emprunté par les habitants de la vallée de Gavarnie (parfois avec des mulets, ou même d'autres animaux), pour se rendre en Espagne, dans la vallée du rio Cinca. En particulier par des pélerins français se rendant de la chapelle d'Héas à l'ermitage de Pineta, ou, dans l'autre sens, par des pélerins espagnols
   (voir à ce propos la note 8 de la
page consacrée à la carte Roussel) 

                                                                           
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   Dans la montée vers La Estiva au-dessus du pla de La Larri, vue, derrière un arbre jaune, sur le massif du Mont-Perdu et le cirque de Pineta
 

       
   Le sentier de La Estiva monte d'abord en écharpe vers le nord en se rapprochant d'un thalweg où coule un torrent qu'on ne voit pas parce qu'il traverse là une belle forêt jonchée d'énormes arbres morts. On l'y perd un peu dans les racines des arbres qui serpentent sur le sol, le balisage étant là peu visible, mais il suffit de savoir qu'à un moment donné il change complètement de direction et se dirige vers le sud pour sortir plus haut de la forêt.
 

       
   Dans la forêt, par dessus la cime des arbres, on commence à pouvoir détailler les sommets du massif du Mont-Perdu : de gauche à droite le Soum de Ramond, le mont-Perdu lui-même (sa pyramide neigeuse se détache à peine), et le cylindre du Marboré. A droite : les pics de Pinède et de Forcarral.
 

          

  Depuis le versant sud de la vallée de Pineta, vue générale sur son versant nord, en particulier sur les deux "rallas", Ralla es Cordes à gauche (ouest) et Ralla Costadué à droite (est, une centaine de mètres plus haut), en bordure des verts pâturages de La Estiva. Leur nature calcaire est évidente, contrastant avec celle, à prédominance schisteuse, de l'arrière-plan.
  Le dessin ci-contre détaille celui-ci.

                                                                           Haut de page

       
   A la sortie de la forêt on débouche d'abord dans un vallon où le sentier se perd dans des alluvions encombrant le thalweg à la limite entre les schistes paléozoïques du versant nord du vallon et le calcaire crétacé de son versant sud. A mi-hauteur du vallon le sentier change de direction pour remonter les lacets de celui-ci sur le calcaire et déboucher sur le bord ouest des grands pâturages de La Estiva (vers 2000 m.).
   On découvre alors au bord de ces pâturages un insolite alignement discontinu, sur presque un km, paralléle à l'axe de la vallée de Pineta, de gros blocs rocheux de calcaire blanc, plus hauts que larges. On dirait la ruine d'un grand mur (une quinzane de mètres.de haut, une dizaine d'épaisseur) destiné à soutenir la Estiva comme s'il s'agissait d'une terrasse, mais dont le bord supérieur dépasse de peu la surface de celle-ci.
   En toile de fond, le versant méridional de la vallée de Pineta avec les Tres Marias et la Suca, à gauche du col de Niscle.
 

       
   Vue sous un autre angle de l'extrémité ouest de ce "mur", qui n'a pas de nom sur les cartes au 1/25000 récentes mais qu'on peut appeler "Ralla es Cordés", puisque la crête calcaire qui le prolonge plus à l'est et un peu plus haut (2100 m.) s'appelle "Ralla Costadué". Ralla signifie mur de pierres en aragonais.
   Au fond, à droite; le massif du Mont-Perdu.
 

       
   Un des éléments rocheux, le plus haut, en forme de quille isolée, de cette "Ralla".
   Au bas de la photo, à droite, on voit le fond de la vallée de Pineta, 730 m. plus bas.
 

       
   Depuis le sommet qui plus haut termine à l'ouest la Ralla Costadué (2131 m.) vue sur la partie ouest de la Estiva bordée à gauche, en haut du versant nord de la vallée de Pineta, par la "Ralla es Cordés" dont le haut dépasse à peine la surface de la partie plane (nommée "Plana es Cordés") de ces pâturages. Les moutonnements de ceux-ci, plus haut à droite, traduisent la nature schisteuse du sol contrastant avec la nature calcaire des "rallas"..
   En toile de fond : le massif du Mont-Perdu, le cirque de Pineta (sous le Cylindre du Marboré), les sommets "jumeaux" des pics de Pinéde et de Forcarral, et le versant occidental de la vallée de La Larri dominé par le pic Blanc, où on voit bien les sinuosités de la couverture en calcaire crétacé du front de la nappe de Gavarnie.

                                                                              Haut de page

       
   Vue sur la Ralla Cordés, depuis le sentier qui, du fond de la vallée de Pineta, monte par son versant sud au col de Niscle. On voit bien qu'elle borde les verts pâturages de La Estiva en haut des grands éboulis du versant nord de la vallée. A gauche le pla de La Larri. En haut de l'image, le calcaire clair, dévonien, de la Pène Blanque.
 
 

       
   La "Ralla es Cordés" vue d'en bas, du fond de la vallée de Pineta. Cette photo (où s'individualise la "quille") montre bien le caractère déchiqueté de ce "mur de pierre", dont la ruine alimente au-dessous les pentes d'éboulis.
   

       
   Du même endroit, vue, au coucher du soleil, sur les deux "rallas" : es Cordés à gauche, Costadué à droite.

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   De la "Ralla Cordès" le sentier monte en écharpe vers l'est pour accéder à un petit col d'où on découvre la "plana Fonda" bordée à droite (sud) par l'autre ralla, la "Ralla Costadué"
   Vue, vers l'est, en enfilade, sur cette ralla, qui se situe dans le prolongement est de la Ralla es Cordes, mais 100 m. plus haut, et sur la Plana Fonda qu'elle borde, ce long et étroit replat vert tendre qui s'étend au pied (2100 m.) des moutonnements de La Estiva, à gauche. La photo est prise du petit sommet sans nom (punta La Ralla sur une carte ; 2131 m.) qui termine la ralla à l'ouest.
   Au deuxième plan les trois sommets sont, de gauche à droite, le Tozal de las Coronetas (2248 m.), le pic Comodoto (2361 m.), et la punta la Ralla (2282 m.), pont culminant de la Ralla Costadué. Au loin : l'extrémité est des Parets de Pinède, et le massif du Cotiella.
  La Plana Fonda est fermée à ses deux extrémités, à l'ouest par un petit col au pied du petit sommet 2131 et à l'est par un autre col plus élevé (2230 m. environ) visible entre le Comodoto et la punta la Ralla. La Ralla Costadué se prolonge au-delà, à l'est, bordant une autre "plana" (2120 m., donc à peu près à la même altitude que la Plana Fonda), plus courte mais également fermée.
 

       
   Depuis la punta la Ralla, vue générale et surplombante sur ralla calcaire et plana (au centre de l'image), et leur environnement : à droite (nord) col et Tozal Las Coronetas, large croupe montant en direction du pic de Chinipro (hors image) ; à gauche la vallée de Pineta, le massif du Mont-Perdu, le cirque de Pineta et le pic Blanc.
 

       
   Vue vers l'est sur la Plana Fonda, et à droite la Ralla Costadué, dont le versant nord est plus haut que celui de la Ralla es Cordés, plus continue, plus large, autant déchiquetée, mais plantée de pins. Au fond le pic de Comodoto à gauche et la punta la Ralla à droite. L'altitude du col qui les sépare est de 2230 m..

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   Vue vers l'ouest de la Plana Fonda, parfaitement plane et verte. On ne peut pas s'empêcher de penser au fond d'un ancien lac.
  Au fond, le pic Blanc, flanqué du pic de La Canau.
 

       
   Autre vue de la Plana Fonda et de la Ralla Costadué. On voit bien la nature calcaire de celle-ci et qu'elle borde, au sud, la Plana Fonda d'une muraille dont la hauteur est peut-être d'une dizaine de mètres en moyenne.
 

        
   Coupe géologique presque nord-sud (coupe A sur la grande carte) visant à expliquer la formation de ces "Rallas", es Cordés et Costadué).
   Le calcaire de ces formations date du Crétacé supérieur (plus précisément des étages Cénomanien et Turonien). Il s'agit de ce qui reste de la couverture du front de la nappe de charriage de Gavarnie. Celle-ci, horizontale dans le cirque de Barrosa, plonge vers le sud au sud du cirque. La masse de sa couverture a probablement, en raison de cette déclivité, glissé vers le sud selon un phénomène identique à celui qu'on "voit" au pic Blanc ou au pic rouge de Pailla (voir une image ci-dessus), puis a été réduite par l'érosion glaciaire de la vallée de Pineta à un simple placage du versant nord de celle-ci.
    Une poussée de la masse calcaire par le déplacement de la nappe de charriage, fonctionnant comme un bulldozer, a pu aussi jouer un rôle (voir aussi la page de photos consacrée à l'ascension du pic Comodoto par la vallée de Chisagüés).

    Le relief de la "ralla" est peut-être lié à une différence d'érosion : le calcaire de la ralla, plus dur, aurait mieux résisté à l'érosion que les terrains schisteux de la Estiva. Mais pourquoi le fond plat de la "plana", fermée à ses deux extémités ? Peut-être s'agit-il d'un ancien lac comblé par les sédiments provenant de l'érosion des terrains schisteux.
    

       
   La déclivité du front de la nappe de charriage de Gavarnie peut aussi expliquer le glissement vers le sud, comme le montre cette coupe géologique nord-est - sud-ouest (coupe B sur la grande carte) de la partie la plus méridionale de la nappe, ainsi individualisée sous le nom d'"unité du Chinipro" (ou plus précisément "unité du Chinipro-Fuen Santa").
 (dessin et commentaire inspiré de :
Majesté-Menjoulas Claude, Evolution alpine d'un segment de chaîne varisque : nappe de Gavarnie, chevauchement Cinq-Monts-Gentianes (Pyrénées centrales et Occidentales), thèse présentée à l'Université Paul Sabatier de Toulouse, 1979).

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   Autre vue surplombante mais plus rapprochée sur la Ralla Costadué et la Plana Fonda, longues de près de 2 km, et se situant 730 m. au-dessus du rio Cinca dans la vallée de Pineta, face au massif du Mont-Perdu.
 

       
   Depuis la punta la Ralla, vue sur le massif du Mont-Perdu, avec de gauche à droite, entre col de Niscle et port Neuf de Pinède : punta de Las Olas; Soum de Ramond, Mont-Perdu, Cylindre du Marboré et pics d'Aztazou, de Pinède et de Forcarral.
 

       
   Du pic Comodoto vue sur la punta la Ralla (2282 m.), point culminant de la Ralla Costadué, et le petit col qui ferme la Plana Fonda à l'est.
   En toile de fond, le versant méridional de la vallée de Pineta couronné par les Tres Marias, la Suca et, au-delà du col de Niscle, le massif du Mont-Perdu.
 

       
   Petits plis tourmentés, sur 1 m. de haut, dans les schistes du versant sud du pic Comodoto, qui fait partie de la nappe de charriage de Gavarnie (unité du Chinipro). Ces schistes datent du Dévonien moyen et résultent probablement des fortes pressions subies lors de la surrection de l'ancienne chaîne de montagne hercynienne il y a environ 400 à 300 millons d'années.

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   Pour atteindre le pic Comodoto il suffit de parcourir une partie de la Plana Fonda, puis de monter à l'est; en écharpe, vers un large col peu marqué, le col de Las Coronetas (qui donne sur la vallée de Chisagüés) où on trouve le sentier, abrupt mais facile par lequel un accède au sommet.
   Vue sur l'arête presque horizontale que lance vers le nord le sommet du pic de Comodoto au-dessus de la vallée de Chisagûés, face, de gauche à droite, au pic de Chinipro (remarquer le "S" dans les terrains carbonifères de son sommet), le col de Las Puertas, le pic Robiñera (derrière lequel se profile le pic enneigé de La Munia enneigé) et son arête sud-est.
 

       
   Moutons sans doute attirés par herbmeilleure dans les fortes pentes qui dévalent au nord-est (voir la photo ci-dessous) vers le fond de la vallée de Chisagûés, dans laquelle on aperçoit la piste du plateau de Liena tracée dans du grès rouge (à droite).
 

       
   Depuis les pentes montant vers la port de Las Puertas, vue vers le sud sur le pic Comodoto, dont la falaise domine le replat (vert) appelé Petramula, dans le haut de la vallée de Chisagüés. On en voit les pentes ouest, puis le col et le Tozal de Las Coronetas, peu marqués, et plus à droite, un petit plateau (appelé "Sobrestivo") prolongé plus haut par l'arête montant vers le pic Chinipro. On voit bien aussi la pente est où les mouttons de l'image précédente ont été photographiés.
   En toile de fond, par-delà la vallée de Pineta, les parets de Pinède et les Tres Marias. (photo André Gomez)
 

       
   L'arête sommitale du pic Comodoto entre vallée de Pineta au sud (à droite) et vallée de Chisagûés au nord. Elle se prolonge à l'est par la sierra d'Espierba jusqu'au pic Cuezo (couvert de forêt, au milieu de l'image) qui domine Bielsa.
   Au fond, à gauche le massif des puntas Suelsa et Fulsa, à droite celui du Cotiella, derrière l'extrémité est des Parets de Pinède.
 

       
   Depuis les pentes ouest du pic Comodoto, vue générale : sur le col, peu marqué, et le Tozal de Las Coronetas, entre la Plana Fonda au sud et la vallée de Chisagûés au nord, et sur la toile de fond formée par le massif du Mont-Perdu entre le col de Niscle, à gauche, et le pic Blanc, à droite.

  

   (VOIR AUSSI d'autres informations et d'autres photos :
   - Dans les livres suivants :
       * le livre d'Olivier Guix,
Randonnées autour du Mont Perdu, Gavarnie-Ordesa, Tours des cirques et canyons, collection Les Topos pyrénéens, éditions Version Originale, 2015, pages 40 à 43 ;
      * le Guide Géologique du Parc National d'Ordesa et Mont Perdu, direction et coordination Roberto Rodriguez Fernandez et Alejandro Robador Moreno, editorial Everest (et Géoparc du Sobrarbe [note 1]), chapitre III, itinéraire 5 (Bielsa-vallée de La Larri), pages 134 à 140 )
;
      *  le Guide Géologique Régional  Pyrénées centrales franco-espagnoles, par Raymond Mirouse, éditions Masson, 1992, irinéraure 7C , Du parador de Pineta (1280 m.) au plan de La Larri (1600 m.), pages 165 et 166 ;
      * Itinerarios geologicos por Aragon, coordination Javier San Roman, editions Prames, itinerario 3, El valle de Pineta, pages 70 à 75. (en espagnol).
   - Ailleurs :
     
* dans le site de Didier Gleyzes "Randonnées Pyrénées 64" (http://www.randonnees-pyrenees-64.fr) le parcours en photos (réalisé par l'auteur de ce site le 24 septembre 2016) de la route entre St-Lary et l'Hôpital de Parzan, puis celui, à pied, du sentier jusqu'au cirque (cabane de Barrosa) :
cliquer ici   (en outre ce site contient un lien pour une galerie de photos du site Fickr)
    

 

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    NOTES :

   1. Dans le site du Géoparc de Sobrarbe (www.geoparquepirineos.com) on trouvera, dans une page consacrée aux "géoroutes à pied" qu'il a créées, un lien pour la géoroute "PN5 Pineta-Valle de La Larri", dont le contenu est le même que celui de ce guide géologique.  Il est possible de télécharger directement le Pdf correspondant en cliquant ici.

   2. L'image ci-dessous est un schéma des Pyrénées centrales entre le massif granitique du Néouvielle au nord et le plan de La Larri au sud, telles qu'elles étaient, estime -t-on, à l'Eocène (autour de - 40 Ma) en pleine mise en place des nappes de charriage constitutives de cette partie des Pyrénées : celle de Gavarnie (plan de chevauchement GT) et celle du Mont-Perdu (plan MPT).

         
    Ce schéma est une figure (la partie b de la fig. 15)) extraite d'un article de A. M. McCaig, J. Trilla et D. A. Banks, des université de Leeds et de Mexico, intitulé "Fluid mixing and recycling during Pyrenean thrusting : Evidence from fluid inclusion halogen radios" paru dans la revue "Geochimica et Cosmochimica Arta, vol. 64, N° 19, 2000.
    La ligne horizontale E correspond à l'altitude moyenne des sommets actuels. Les couleurs (ajoutées par l'auteur du présent site pour une lecture plus facile de la figure) indiquent la nature des roches : calcaire du Crétacé supérieur (vert) , calcaire et marnes de la fin du Crétacé et du début de l'ère tertiaire (jaune), grès du Permo-Trias (violet), granite du Carbonifère (rose), terrains métamorphiques du Silurion au Dévonien (marron).
    La partie au-dessus de la ligne E est conjecturale, basée sur une coupe de Séguret (1972) et les estimations de son épaisseur à l'époque de l'écoulement des fluides (les petites flèches) étudié par les auteurs de l'article. 
   Noter, à gauche; le plongement vers le sud des plans de chevauchement.

 

 

  Page de photos mise à jour le 31 juillet 2019