Géologie
La
richesse géologique du cirque de Barroude
Dans le cirque de Barroude on trouve un grand nombre de sites géologiques intéressants, et la plupart facilement accessibles. Aussi nombreux que dans le cirque de Barrosa, son voisin sur le versant espagnol, mais rassemblés sur une moins grande surface. En plus, répartis dans la nappe de charriage de Gavarnie et sur le socle paléozoïque, ils sont divers, susceptibles d'illustrer les principaux chapitres d'un livre de géologie : un paradis pour les géologues. Mais aussi pour tout montagnard.
ACCÈS
au cirque de Barroude
:
Pour monter à
pied aux lacs de Barroude (qui sont
au centre du cirque), sur des sentiers
faciles, on peut choisir entre deux itinéraires (carte
topographique ci-contre) : On
peut aussi y accéder par le cirque de Barrosa (c'est
l'idéal sur
le plan géologique : visite
des deux cirques contigus)
en montant au port de Barroude depuis l'Hôpital de
Parzan (dénivelé
: 1140 m. ;compter 3h 45 environ, et 20 min. pour descendre côté
français sur les lacs). |
VOIR AUSSI les pages de photos
suivantes : À NOTER que le début
de la RECONSTRUCTION
du REFUGE DE BARROUDE
,
evidemment idéal pour explorer le cirque de Barroude, est annoncé
par la presse du 9 octobre 2024
: elle commencera en juin 2025 et son ouverture est prévue
en septembre 2027. Pour en savoir plus, notamment sur
les projets des architectes, voir les sites suivants (entre autres
informations dans la presse : |
CARTE
géographique et géologique, schématique,
de la haute vallée de La Gela, du cirque de Barroude
et de la partie nord du cirque
de Barrosa :
Pour la légende, voir les pages contenant la
carte générale, ou,
pour plus d'informations, celle contenant une légende,
plus complète, avec une chronologie.
Figure dans cette carte le tracé du chemin
des mines (ou Camino Barrosa ; en orange),
à partir du "dôme", dans le cirque de Barrosa,
jusqu'au grand replat de la vallée de La Géla.
Le franchissement de la barre rocheuse (dite
"Le Pichous de Barroude" parce qu'elle est parcourue par de petites
cascades : de "pich", l'eau qui pisse)
soutenant le balcon de Barroude était probablement assuré
par un câble aérien aujourd'hui disparu.
Les numéros en
rouge sont ceux de courses qu'on peut faire dans le cirque de Barrosa.
Mais la zone du balcon de Barroude où était
situé le refuge de Barroude détruit par un incendie en octobre
2014 (et où il sera vraisemblablemnt reconstruit
dans l'avenir, mais où on peut camper ou bivouaquer en attendant)
est idéalement située à la fois pour parcourir
les sentiers qui traversent la région, et permettent de faire de
nombreuses courses, et pour explorer la géologie du cirque de Barroude.
Voir la page consacrée à
l'accès au cirque de Barrosa par le cirque de Barroude, chapitre
II, section 3.
CARTE
GÉOLOGIQUE (dans laquelle le nord est en bas) situant
ces sites
dans le cirque de Barroude. Les numéros sont ceux par lesquels
ils sont désignés dans le sommaire ci-dessous et renvoient aux
sections du texte qui suit, illustrées par des photos et des schémas.
1-
Le chevauchement 2- L'ampélite 3- Le calcaire de la dalle 4- Les pélites sombres 5- Les pélites schisteuses 6- Un charriage 7- Un lambeau de poussée 8- Le calcaire crétacé |
9-
le grès rouge 10- Les conglomérats 11- Les schistes 12- Les migmatites 13- La diorite 14 -Le métamorphisme de contact 15- Les phénomènes glaciaires |
SOMMAIRE
des sites géologiques intéressants :
La plupart
de ces accidents géologiques sont facilement accessibles ; d'autres,
rares mais bien visibles, peuvent être étudiés de loin.
Le sommet du pic de Port Vieux est
un bon point de vue sur l'ensemble du cirque de Barroude .
COUPES
Est-Ouest (avec la même
légende ; le
trait gras marron correspond au plan de chevauchement)
En haut
: coupe est-ouest entre le Soum de Barroude et le Pic de Troumouse, passant
par le port de Barroude
En bas
: coupe est-ouest entre le pic de Port Vieux et le petit Pic Blanc de Troumouse,
passant par le grand lac de Barroude (on voit que le plancher du "balcon"
de Barroude se situe dans la partie haute du socle paléozoïque
:
1.
Le
chevauchement
L'accident géologique le plus important du cirque de Barroude
est le plan de chevauchement de la partie ouest de la nappe
de charriage de Gavarnie sur le socle paléozoïque, à
la suite d'un décollemnt qui s'est produit vers -50 Ma. Ce chevauchement,
d'une quinzaine de kms vers le sud, résultant d'une compression horizontale
liée à la migration vers le nord du continent ibérique
(à l'origine des Pyrénées), a mis en contact anormal
l'ampélite (en gros -425 million d'années [Ma]) de la base de
la nappe avec les roches beaucoup plus jeunes de la couverture du socle paléozoïque
: le calcaire du Crétacé supérieur (-85 Ma), sur lequel
la nappe repose le plus souvent, ou le grès rouge sous-jacent du Permo-Trias
(-250 Ma).
Cette
figure est un détail de la planche IV (les incrustations
en rouge sont de l'auteur du site) d'un document ("Etude
sur les formations anciennes des Hautes et Basses Pyrénées
(Haute chaîne)", Bulletin de la carte géologique
de la France, t. XIV, 1902-1903, p. 45-322) dans lequel
le géologue français Arthur Bresson décrit le
premier (en 1902) la nappe de charriage de Gavarnie, et démontre
qu'il s'agit d'un chevauchement (un "recouvrement"
dans sa terminologie). |
Le
texte de Arthur Bresson qui accompagne la planche IV, dans le document
signalé ci-dessus, est le suivant : "Si le Paléozoïque recouvre aujourd'hui, comme le montre la dénudation dans les vallées de La Géla, de Héas et de Gavarnie, des calcaires crétacés déposés in situ, c'est qu'il y a été nécessairement amené par les plissements énergiques qui ont affecté cette région de l'écorce terrestre. C'est à la faveur d'un phénomène purement mécanique que s'est produite cette superposition anormale ; autrement dit une nappe de recouvrement [de chevauchement] s'est étendue sur le Crétacé ". Le schéma ci-contre illustre cette "superposition anormale". Le trait gras marron représente le plan par lequel se fait le chevauchement. |
Ces schémas sont ceux de la structure du cirque de Barrosa, qui prolonge le cirque de Barroude du côté espagnol.
|
Le
plan de chevauchement, quasi horizontal comme dans le cirque de Barrosa
(mais ascendant plus au nord dans la vallée de La Gela) se situe presque
à la base des parois du cirque, un peu au-dessus de son plancher.
Le contact anormal permettant de localiser la surface de
chevauchement est masqué à l'ouest du cirque de Barroude par
les éboulis occupant la base de la muraille de Barroude, mais il est
visible en deux endroits qui sont :
D'une part, au nord du cirque,
à la base de la face sud-est du pic de la Gela : la couche d'ampélite
silurienne, y est bien visible, épaisse et noirâtre, surmontée
par celle de calcaire blanc dit "de la dalle", du Dévonien
inférieu) et plus haut celle marron de pélites schisteuses (formation
de Bouneu), du Dévonien moyen, qui forme le sommet du pic. On remarque,
à la base de l'ampélite, au niveau d'un changement de pente
(lié au fait que l'ampélite est plus tendre que les roches sous-jacentes)
une mince strate blanche : c'est la couche de calcaire crétacé,
sur laquelle elle repose de façon anormale puisque l'ampélite
est bien plus ancienne (environ -400 Ma) que le calcaire. Ce calcaire est
la couverture du socle paléozoïque sous-jacent qui date du Cambro-ordovicien
(en gros - 500 Ma) (voir l'image ci-dessous).
Photo (avec schéma explicatif) prise du rebord du balcon de Barroude, en haut du Pichous. Le contact anormal ampélite-calcaire crétacé s'y repère facilement, au milieu de l'image, à la rupture de pente entre ampélite tendre et socle métamorphique plus pentu. A gauche, on voit le sentier en lacets qui monte du replat de La Gela pour atteindre l'extrémité sud-ouest du cirque. |
Sur
cette photo du Gerbats, à gauche, et du pic de La Gela, on voit
très bien la couche d'ampélite par laquelle la nappe
de charriage de Gavarnie repose, après un déplacement d'une
quinzaine de km du nord (à droite) vers le sud, favorisé
par l'ampélite, sur le socle métamorphique paléozozoïque
constitué ici de schistes plus clairs. On devine à un endroit la mince couche de calcaire crétacé, discontinue, qui recouvre le socle et par laquelle se fait le contact anormal avec l'ampélite. On voit bien aussi la constitution de la nappe de Gavarnie au-dessus de sa semelle d'ampélite (la couche-savon), par son armature de calcaire blanc du Dévonien inférieur (calcaire de la "dalle"), surmontée par la formation de Bouneu de pélites schisteuses. |
Vue de près
sur ce contact entre ampélite noire et couche de calcaire
crétacé,, de couleur claire, orangé par endroits,
et d'épaisseur variable, qui recouvre le socle paléozoïque
(lequel occupe le coin inférieur gauche de l'image). Au-dessus, à l'arrière-plan, la muraille de Barroude dont le sommet est coiffé par la couche de pélites schisteuses de la formation de Bouneu, dans laquelle s'élance la dent du Gerbats. |
D'autre part au sud du cirque, à l'est du port de Barroude : dans la pente recouverte par les débris d'ampélite qui dévalent de la croupe frontière on remarque un petit talus stratifié. C'est du grès rouge, l'une des roches de la couverture du socle. Il est surmonté par la couche de l'autre roche, le calcaire crétacé dont sa présence n'est pas évidente mais se révèle par un changement de couleur du "rideau" que forment les débris d'ampélite, débris auxquels se mélangent ceux, blancs, du calcaire. Ce qui permet de penser que là aussi l'ampélite de la base de la nappe de Gavarnie est en contact avec ce calcaire crétacé (voir la photo ci-dessous, et la première photo de la section 8)
Photo
prise des abords du pic de Port-Vieux |
Schéma
visant à expliquer ce qui se passe lors d'une collision (le mot
"affrontement" serait plus approprié) entre deux plaques
tectoniques, dans la croûte continentale de l'un d'eux, sous l'effet
de la compression
horizontale dont est responsable cette collision. Dans ce
schéma il s'agit d'un écaillage à l'échelle
d'une croûte continentale, donc à l'échelle du km.
Mais ce phénomène peut se produire, sous l'effet de forces
cmpressives horizontales, à toutes les échelles,
jusqu'à celle du mètre. |
VOIR AUSSI : la page consacrée à la formation des Pyrénées, et des montagnes en général.
2.
L'ampélite
L'ampélite silurienne, dont est constituée
la "semelle" de la nappe de charriage de Gavarnie, est très
présente dans le cirque de Barroude, principalement entre le port et
le Soum du même nom, où, débarassée par l'érosion
des roches sus-jacentes, elle forme la croupe frontière, fortement
émoussée.
Ce qui attire l'attention sur les caractéristiques originales
de cette roche peu spectaculaire : c'est un sédiment déposé
au Silurien (-410 à -420 Ma), dans une mer chaude et peu profonde,
puis métamorphisé, dans un milieu pauvre en oxygène,
en un schiste resté riche en matières organiques, qui lui donnent
sa couleur noire ou violet foncé. Celles-ci contiennent beaucoup de
graphite (on parle d'"ampélite graphiteuse"), constitué
d'un empilement de plans monoatomiques de carbone mal liés entre
eux, ce qui explique ses deux caractéristiques, friabilité
et pouvoir lubrifiant, qu'il confère à l'ampélite.
Ces caractristiques conditionnent d'une part ce relief
émoussé, d'autre part le rôle facilitateur de l'ampélite
dans les chevauchements (et finalement dans la formation des montagnes
en général). Sa situation à la base des nappes de
charriage s'explique par le fait que c'est dans l'épaisseur d'une
couche d'ampélite que se produit le clivage qui décolle la
nappe, l'ampélite facilitant ensuite son glissement sur
le socle sous-jacent (d'où son nom de "couche-savon").
Ce qui permet de dire qu'Il y a finalement un lien entre
la structure du graphite à l'échelle atomique, et la formation
des montagnes.à l'échelle kilométrique.
Vue
vers le sud du Soum de Barroude, depuis le col, à peine
marqué, entre l'arête sud du pic de Port Vieux, et le Soum. Les taches jaunes sont des fleurs : des Douglasia de Vital. |
L'ampélite du port de Barroude. On voit bien son caractère fissile (sa friabilité), au premier plan, et le relief émoussé dont elle est responsable : un port large et plat au premier plan, et une croupe arrondie, au deuxième plan, qui va du port au Soum de Barroude, plus à l'est, vers le pic Barrosa, hors de l'image.
A l'arrière-plan, à l'ombre : le versant ouest du pic de Port Vieux |
Pensées de Lapeyrouse (une fleur endémique des Pyrénées) sur le cailloutis d'ampélite des abords du port de Barroude. On pourrait croire
que cette frêle petite fleur est fragile. Pourtant elle affectionne
ces hautes et larges croupes désertiques exposées à
tous les vents. Ici au port de Barroude : mais on la trouve aussi au
port de Plan sur le même terrain. Un feuillage velu la protège
peut-être du gel. |
3. Le
calcaire de la dalle
L'autre roche qui tient une grande place dans le cirque de Barroude
est le calcaire dévonien, puisqu'il forme l'ossature de l'impressionnante
"muraille de Barroude" qui le domine à l'ouest, haute
de 500 m en moyenne, et
longue d'environ 4 km.
Il s'agit d'un calcaire massif, blanc, désigné
sous le nom de "calcaire de la dalle" (par le géologue Arthur
Bresson qui le premier a identifié la nappe de Gavarnie en 1903), d'âge
dévonien inférieur (en gros 400 Ma), partiellement recristallisé
en marbre, caractérisé par une stratification peu apparente
en lits de teinte variées, et animé par de nombreux plis en
désordre ou simulant des vagues, et par des redoublements tectoniques
(de type écaillage) peu visibles L'épaisseur de la couche varie
autour de 300 m. Elle est surmontée presque tout le long par la couche
de pélites schisteuses de la "formation de Bouneu", de couleur
marron foncé, qui forment la crête de la muraille (voir les
trois photos ci-dessous).
On peut voir ce calcaire de près en parcourant la
crête frontière vers l'ouest, jusqu'à la petite éminence
qu'elle forme, séparée du pied de muraille par une dent calcaire.
Schéma
du versant occidental de la haute vallée de La Gela.
La coupe nord-sud passe par le pic de Troumouse au sud-ouest du cirque
de Barroude qu'il domine |
Depuis les
abords du pic de Port Vieux, vue vers l'ouest sur une bonne partie de
la muraille de Barroude, entre le pic de Troumouse à gauche
et le pic Gerbats, Elle domine le port de Barroude, à gauche,
et les lacs de Barroude. (photo Mariano) |
Vue
vers la sud, depuis le sommet du pic de La Gela, sur les parties sud
et centrale de la muraille de Barroude. L'épaisse couche de calcaire de la dalle qui la constitue est crénelée par celle de pélites schisteuses marron foncé, du pic de Troumouse au fond jusqu'aux abords du pic Gerbats. A gauche : le port de Barroude, les lacs du même nom, et le Pichous. Au delà du port : la sierra de Liena. |
Deux
images de la couche de calcaire dévonien (dit "calcaire
de la dalle") dans la muraille de Barroude, à gauche
au-dessous du Petit Pic Blanc, à droite au-dessous du Pic
Gerbats. On y voit des zones plus foncées dessinant des figures qui peuvent être mises en rapport avec des mouvements tectoniques dans la masse de calcaire (en particulier un écaillage) liés au glisseement de la nappe de Gavarnie du nord (à droite) vers le sud. Ces images sont extraites par capture d'écran de la belle vidéo présentée par l'association "Géopatrimoine pyrénéen", intitulée "Géologie du Cirque glaciaire de Barroude, Hautes-Pyrénées", dont l'adresse est : https://vimeo.com/78761793 |
4.
Les pélites
sombres
Dans la partie centrale et surtout la partie sud de la
muraille de Barroude, la base de la falaise de calcaire prend une teinte noirâtre
qui correspond à un calcaire différent, déposé
au tout début du Dévonien, mélangé à un
fin sédiment, de type argileux, d'origine détritique (issu de
l'érosion continentale), dont le nom devient celui de "pélites
sombres". Déposé au tout début du Dévonien
il est intermédiaire entre le calcaire de la dalle proprement dit et
la couche sous-jacente d'ampélite, dont il a un peu le caractère
fissile, par endroits.
Dans la partie sud de la muraille de Barroude, vue du grand lac de Barroude, la couche de "pélites sombres", sous-jacente à celle du calcaire blanc dit "de la dalle". Elle contraste avec celle-ci par sa couleur noirâtre, et frappe par son épaisseur. (photo Philippe Vilette) |
Sur cette photo, prise du port de Barroude, de la partie centrale de la muraille (entre pic Heîd à gauche et Gerbats à droite en passant par le Petit pic blanc), l'étagement de celle-ci en trois couches est bien visible : pélitesombres en bas, calcaire de la dalle au milieu, pélires schisteuses de la formation de Bouneu en haut.
|
Le pic
Gerbats, vu de la crête du cirque de Troumouse. Dans le
coin inférieur gauche de l'image on aperçoit le "mauvais
pas" du Gerbats dans les pélites, au-dessus des falaises
en calcaire de la dalle du cirque de Troumouse. |
De la crête
du cirque de Troumouse au pied du pic Gerbats, vue, à droite,
sur cette crête, en enfilade, jusqu'au pic de Troumouse, sur le
faîte de la muraille de Barroude, au-dessus du calcaire de la
dalle.
|
Le pic de La Gela, vu du balcon de Barroude, caractérisé par le profond couloir entaillant son versant sud-est, lié à une faille.
A noter une ligne blanche oblique : peut-être une intercalation calcaire. |
6.
Un
charriage
Si on regarde bien la face sud-est
du pic Gerbats on y devine l'image d'un phénomène
tectonique de charriage : au-dessus d'une ligne pouvant correspondre à
un décollement, on observe, dans la stratification des pélites
schisteuses, des plis (autrement dit des anticlinaux) suggérant un
chevauchement (ou charriage) de la droite vers la gauche (donc du nord vers
le sud). On peut mettre ce chevauchement sur la compte de la compression (par
migration vers le nord du continent ibérique) à l'origine de
ceux qui ont été à l'origine de la formation des Pyrénées,
dont celui de la nappe de Gavarnie (de laquelle le pic Gerbats fait partie),
mais à une échelle beaucoup plus grande. En sachant qu'une compression
peut créer des plis, surtout dans les formations malléales,
à toutes les échelles.
D'ailleurs on peut observer aussi de tels plis (ou "écailles"),
qui tendent à se superposer (on parle d'"écaillage"),
au-dessous du pic Gerbats, dans le calcaire de la dalle de la muraille de
Barroude.
Photo de la face sud-est du pic Gerbats, dont les pélites schisteuses marron foncé de sa base reposent sur le calcaire de la muraille de Barroude ("le calcaire de la dalle"). Le schéma interprétatif souligne d'une part l'existence d'une ligne de décollement, d'autre part les plis affectant les pélites, en faveur d'un charriage dont la flèche rouge indique le sens (du nord vers le sud), c'est-à-dire celui du déplacement de la nappe de charriage de Gavarnie (avec faible plongement vers le nord). |
VOIR AUSSI :
* une page
consacrée à la formation des Pyrénées,
et des montagnes en général
*
une page
consacrée au charriage en général et
à ses conséquences sur les roches
7.
Un lambeau de poussée
Lors de l'ascension du pic de Port
Vieux par le sentier qui, dans la vallée du rio Pinara, monte du Port
Vieux, on trouve sous ses pas, à l'approche du sommet, du grès
rouge puis du calcaire crétacé et on est étonné
de retrouver, au-dessus, du grès rouge (ce qui est anormal), jusqu'au
sommet. Ce grès rouge appartient à un lambeau de poussée.
Sa définition est (Dictionnaire
de géologie, de Alain Foucault et collaborateurs, 8e édition,
p. 206) : terrains arrachés par une unité chevauchante
à son substratum et entrainés par elle. Ici l'unité
chevauchante est la nappe de charriage de Gavarnie. Dans son déplacement
du nord vers le sud elle a rencontré un obstacle lié à
un épaississement par un court écaillage du socle et de sa couverture.
Juste en amont de cet obstacle elle a décollé du socle paléozoïque
une partie de sa couverture (de grès rouge et de calcaire) et l'a entrainé
sous elle dans un charriage par-dessus l'obstacle sur une longueur de quelques
centaines de mètres. Par la suite l'érosion n'a laissé
subsister qu'une partie de l'épaisseur du grès rouge ainsi charrié
(le lambeau de poussée, fragmenté) qui coiffe actuellement l'obstacle
et forme avec lui le pic de Port Vieux actuel.
Le versant est
du Soum de Barroude, à gauche, et du pic de Port Vieux,
au-dessus de la vallée du rio Pinara.
|
Coupe schématique
nord-est - sud de l'ensemble Soum de Barroude - pic de Port Vieux (affecté,
après sa surrection, d'une faille verticale). |
Coupe
géologique, plus proche de la réalité que la
coupe géologique schématique ci-dessus (elle est extraite
d'une publication
de Andrew McCaig de l'université
de Leeds, et
colorée).
Le lambeau de poussée (ou "nappe de charriage du pic de Port Vieux") est le grès rouge qui se situe au-dessus du trait marqué PPVT (son contact avec le calcaire crétacé sous-jacent). Elle est morcelée : au sommet elle constitue une "klippe", séparée, sur l'arête sud, par un affleurement de calcaire, du morceau suivant, dont une cassure permet à l'ampélite de base de la nappe de Gavarnie de reposer directement sur la couverture du socle par le plan de chevauchement habituel marqué GT. A noter un écaillage du socle responsable d'un épaississement, qui a pu, avec la faille (à droite), être à l'origine de la formation du lambeau de poussée. Il existe d'ailleurs d'autres écaillages plus petits dans le grès rouge et le calcaire crétacé. |
Vue de l'arête nord-est du pic de Port Vieux et du versant est (vallée du rio Pinara) du pic de Port Vieux, prise des abords du port Vieux (troupeau de moutons), et schéma explicatif de sa partie supérieure où est tracé (tireté rouge) le sentier qui du port Vieux monte au sommet à droite d'un couloir créé par une faille. On voit que lorsqu'on monte au sommet par ce sentier, on trouve, après avoir trouvé sous ses pas du grès rouge, puis du calcaire crétacé (la couverture du socle de la nappe de charriage de Gavarnie), on trouve à nouveau, de façon anormale, du grès rouge jusqu'au sommet. Ce grès rouge (en fait grisâtre) constitue le lambeau de poussée qui, poussé par le déplacement du nord (à droite) vers le sud de la nappe de Gavarnie, s'est lui-même déplacé dans la même direction sur son contact (marqué PPVT : Pic de Port Vieux Thrust) avec le calcaire crétacé du socle. Il s'est d'ailleurs morcelé, ce qui fait que la partie qui coiffe le sommet constitue une "klippe". |
Vue,
de plus près, avec calque explicatif, vers l'ouest, depuis
la vallée du rio Pinara, sur l'arête sud du pic de Port
Vieux, entre le Soum de Barroude et le sommet (sur la coupe ci-dessus
la mention GT permet de localiser ce cliché). |
Cairn du
sommet du pic de Port Vieux.
Le sommet du pic de Port Vieux est coiffé d'une "klippe" qui est un morceau du lambeau de poussée, lequel, comme on le voit ici, est constitué de grès rouge. alors qu'on se situe ici au-dessus de la couche de calcaire crétacé (laquelle, dans la couverture du socle, repose partout ailleurs sur celle de grès rouge, et n'est pas surmontée par du grès rouge). |
VOIR
AUSSI : * une page
consacrée au charriage en général et
à ses conséquences sur les roches
*
Une page
de photos consacrée au pic de Port Vieux
8.
Le calcaire crétacé.
Il s'agit d'un calcaire sédimentaire
massif blanc, contenant des fossiles appelés rudistes, avec parfois
des intercalations rougeâtres dans laquelle il est mélangé
à du grès détritique ou de la limonite (oxyde de fer),
déposé dans une mer peu profonde, sur une "plate-forme
continentale" lorsque la mer,
au milieu du Crétacé supérieur (au Santonien: -85 Ma),
après une longue période
d'émersion (environ 150 Ma), a envahi ("transgression") le
bord nord du continent ibérique.
La couche de ce calcaire est généralement
peu épaisse (de l'ordre du mètre). Elle repose soit sur du grès
rouge, soit directement sur le socle métamorphique paléozoïque,
de façon discordante (sédimentation horizontale sur un substratum
antérieurement plissé ou basculé et en partie érodé).
Avec ou sans le grès rouge, dont la couche est souvent discontinue,
elle forme la couverture du socle.
C'est ainsi que souvent repose sur elle la couche d'ampélite
basale (la "semelle") d'une la nappe de charriage (ici celle dite
"de Gavarnie"), selon un contact direct, mais anormal, puisque faisant
reposer un terrain ancien sur un terrain beaucoup plus récent, du fait
d'un chevauchement de la nappe sur le socle proprement dit, ou sa couverture.
Chevauchement qui explique son aspect parfois laminé (voir
une photo prise
dans le cirque de Barrosa).
Dans le cirque de Barroude on trouve
ce calcaire surtout dans les deux sites signalés dans la section
1 (où on repère le plan de chevauchement de la nappe de
chevauchement de la nappe de Gavarnie), et dans le pic de Port Vienx (section
7), où un lambeau de poussée complique sa description.
Cette photo
a été prise juste au-dessus du petit talus de grès
rouge qu'on voit sur la deuxième photo de la section 1, non loin
à l'est du port de Barroude. |
Vue vers le nord, prise de la croupe entre port et Soum de Barroude (dont on voit les ampélites au premier plan), sur le versant ouest du pic de Port Vieux. Tout ce qui est
blanc correspond à la couche de calcaire crétacé
ou aux éboulis qui en sont issus. Cette couche est bien visible
sur les photos de la section 7 de l'autre versant du pic. |
Photo prise des
abords du sommet du pic de Port Vieux. Elle montre le haut de l'arête sud du pic presqu'au sommet (encoche visible sur la photo précédente). Au milieu de l'image la roche gris clair est une partie de la couche de calcaire crétacé à l'endroit où elle apparaît sur l'arête, près du sommet, entre deux morceaux du lambeau de poussée (l'un en avant, au premier plan, l'autre en arrière (malgré leur couleur grise en surface ils sont constitués de grès rouge) |
VOIR
AUSSI des pages de photos
: * consacrée au calcaire
crétacé
*
consacrée au circuit Briet
9.
Le
grès rouge
Le grès
rouge est une roche sédimentaire détritique (origine
continentale) faîte de minuscules cristaux de quartz soudés par
un ciment argileux contenant du fer oxydé (hématite)
par une atmosophère chaude et humide (comme la latérite actuelle),
ce qui lui donne sa couleur rouge (quand l'ion fer de l'hématite
est un ion ferrique : Fe+++ (mais il peut prendre par places d'autres couleurs,
pour des raisons chimiques : lie-de-vin, rose, violet, et vert (quand l'ion
fer est un ion ferreux :Fer++), jaune, etc). On parle de "nouveaux grès
rouges", par opposition à des grès rouges plus anciens
(dévonien).
Il est le produit de l'érosion,
au Permo-Trias, (il est difficile de le dater avec précision) de ce
qui reste de la haute large et longue chaîne de montagne dite hercynienne
érigée vers la fin du Carbonifère (autour de -330 Ma)
et réduite à l'état de pénéplaine, dont
les faibles reliefs restent susceptibles d'être altérés,
dans un climat chaud et humide, et érodés.
Ce produit a été transporté
calmement par des fleuves qui le déposent sur cette pénéplaine.
Ces dépôts, qui prédominent dans les dépressions
de celle-ci, où ils peuvent être épais (jusqu'à
une centaine de mètres, voire 1000 mètres), parfois à
type de conglomérat à leur base, sont discontinus et discordants
par rapport à un substratum métamorphique plissé, basculé,
et partiellement érodé antérieurement (d'où alors
une "lacune stratigraphique" de plusieurs dizaines de Ma (voir
ci-dessous la section 10). Avec le calcaire crétacé
qui le surmonte il constitue souvent la couverture du socle paléozoîque,
comme c'est le cas dans le cirque de Barroude.
Le grès rouge est souvent feuilleté
(d'où un débit à type de schiste) et friable, ce qui
parfois lui donne un effet de couche-savon.
Bloc
de grès rouge qui fait partie du talus qu'on voit de loin
à gauche (est) du port de Barroude dans la pente de la coupe qui
va du port au Soum de Barroude (voir la dernière photo de la section
1) On voit, au-dessus, un bloc de calcaire crétacé, et plus haut les ampélites de la croupe. |
Couche de grès rouge, stratifiée et fragmentée, sous le col qui sépare le pic de Port Vieux du Soum de Barroude. |
Dalles de grès rouge sur l'arête sud du pic de Port Vieux, vers 1700 m d'altitude. Ce grès rouge, stratifié, dont la couleur tire sur le gris, du moins en surface, appartient au lambeau de poussée (voir la section 7). Un magnifique coussin de Silène acaule orne ce grès rouge. |
10. Les
conglomérats
C'est une roche sédimentaire
sous forme de bancs, certains tabulaires, d'autres allongés dans le
sens est-ouest, d'environ 1 m. à 1m 50 de haut, constituée d'un
agrégat de débris rocheux anguleux clairs, de dimensions
variées, de l'ordre de la dizaine de cm, de caillouteux, de sable,
le toutsoudé par un ciment siliceux, avec parfois du grès rouge
stratifié àlaa base.
On trouve ces bancs près de la base de la pente
qui descend du port de Barroude, traversés par le sentier des mines.
Ils reposent sur le socle paléozoïque, ici représenté
par la diorite (mise au jour par l'érosion de la région
de Barroude) dont la surface est rubéfiée en raison de
ce qu'on appelle une lacune stratigraphique : non recouverte par des
sédiments (ou temporairement sur un haut-fond balayé par des
courants marins), elle est restée à l'air libre pendant plusieurs
dizaines de Ma, entre l'édification de la montagne dite hercynienne
et sa destruction par l'érosion.
C'est au Permo-Trias (en gros entre 300 et200
Ma) qu'à la suite de pluies torrentielles ces bancs de conglomérat
se sont constitués, des amas de débris rocheux arrachés
aux reliefs de la chaîne hercynienne, ayant été brutalement
charriés par l'eau (comme des oueds), sur de courtes distances (d'où
leur caractère anguleux, sans signes d'usure).
Banc de conglomérat, proche du port de Barroude qu'on voit à l'arrière-plan, d'environ un mètre d'épaisseur, allongé dans le sens est-ouest, formé d'un agrégat de débris rocheux anguleux clairs, decailloutis, de sable, soudés par un ciment, reposant sur le socle paléozoïque constitué ici par de la diorite. |
Un autre banc, haut de un mètre 50, reposant (peut-être par l'intermédiaire d'une petite couche de grès rouge)) sur une surface de diorite rubéfiée par un séjour à l'air libre qui a duré plusieurs dizaines de Ma sans être recouverte par des sédiments, ce contact constituant ce qu'on appelle une "lacune stratigraphique" A l'arrière-plan ; le grnnd lac et la muraille de Barroude surmontée de la dent du pic Gerbats.. |
Vue
rapprochée sur ce banc permettant de voir qu'il est constitué
de débris rocheux anguleux de diverses dimensions de l'ordre
de la dizaine de cm. La surface rubéfiée de la diorite sur laquelle il repose est bien visible. |
EXEMPLE d'une lacune stratigraphique, avec rubéfaction sous-jacente, bien visible dans le talus d'une route, dans l'Aveyron (la route D 95, de Saint-Géniez-d'Olt à Saint Martin-de-Lenne), entre les sédiments de la base du Lias et la surface du socle métamorphique restée à l'air libre pendant environ 100 millions d'années, intervalle de temps expliquant la rubéfaction.
(cet exemple est
inspiré par un article, paru dans la revue Patrimoni n° 101,
Novembre- |
VOIR AUSSI : la page de photos consacrée au grès rouge
11. Les
schistes
Dans la haute vallée de La
Gela et la partie ouest du balcon de Barroude, le socle paléozoïque
est principlement constitué de schistes (au sens large) métamorphiques
ardoisiers, de teinte dominante gris sombre à bleu (voir une des
photos de la section 7). On y trouve aussi par endroits
des micaschistes, des quartzites, et surtout des .migmatites
(voir la section 12), et auss
A l'origine ce sont des sédiments marins
argileux, datant du Cambrien et surtout de l'Ordovicien supérieur (-450
Ma), qui ont été par la suite
transformés en roches métamorphiques sous l'effet de
l'augmentation de la température et de la pression, et plissées,
lors de la surrection de la chaîne de montagne hercynienne autour
de -330 Ma, laquelle a été, dans les quelques décennies
suivantes (à la fin du Carbonifère et au Permien), rabotée,
et transformée en pénéplaine, par l'érosion. .
Lors de la formation des Pyrénées au début
de l'ère tertiaire, vers -40 Ma, ces roches ont subi les effets des
forces compressives à l'origine de la chaîne : rejeu de failles,
écailliages, soulèvements.
Photo prise
du rebord des escarpements du Pichous de Barroude.
|
Le (ou
Les ?) Pichous de Barroude (à gauche) ; le "pich"
signifie l'eau qui pisse, la cascade. C'est le mur qui soutient le plateau de Barroude, dont on voit, au-dessus, le rebord encombré de gros blocs de calcaire (de la "dalle") tombés de la muraille qui le surplombe. Le Pichous est taillé dans les schistes qu'on voit à droite. |
Au premier plan, un bloc de schiste au bord du Grand lac de Barroude.
|
Les mines
de La Gela, proches du cirque de Barroude, situées au pied
du versant nord du pic de Port Vieux, entre son arête nord (Pène
Male) et le Port Vieux. Des batîments ont été construits au-dessus, sur une plate-forme. A l'arrière-plan, de gauche à droite, see succèdent : le pic Gerbats, le pic de La Gela, la Hourquette de Chermentas, et le pic de Piau. |
12.
Les migmatites
Ce sont des roches partiellement
métamorphiques, dans lesquelles sont mélangées
(en grec migma = mélange ) des parties sombres (le "mélanosome")
relativement riches en minéraux ferromagnésiens (comme le mica
noir), réellement métamorphiques (gneiss ou schiste, qui peuvent
être très déformés) et des parties claires
(le "leucosome"). Elles résultent d'une fusion partielle
de roches de la croûte terrestre (souvent du gneiss ou du schiste)
sous l'effet d'uneaugmentation relativement importante de la température
et de la pression (entre autres facteurs) dans les profondeurs d'une chaîne
de montagne (ici la chaîne hercynienne). On parle d'anatexie : du
grec anatèksis, fusion).
Le liquide de fusion qui en résulte, et qui a une composition
granitique (principalement quartz et felspath, les minéraux les plus
fusibles), se rassemble en des filons ou des lentilles, gros ou petits, blancs
ou légèrement orangé, de nature granitique, parallèles
aux plans de foliation ou de schistosité. La partie de la roche qui
reste, appauvrie en minéraux clairs, s'assombrit, surtout en bordure
des filons clairs.
On trouve ces migmatites surtout sur le plateau de Barroude,
au bord du sentier du refuge, pas loin de l'emplacement de celui-ci, dans
la zone des laquets.
Migmatites à proximité d'un laquet sur le plateau de Barroude. Mélangés à une roche schistosée, feuilletée, marron, on voit des blocs rocheux, granitiques, clairs, de taille et de forme variables, les uns orangés (par altération des feldspaths qu'ils contiennent), d'autres blancs. |
Dans un bloc rocheux, feuilleté, fortement déformé par un pli dans les profondeurs de la chaîne hercynienne, présence de rares petits filons de granite blanc, parallèles aux feullets de la roche originelle. |
Nomberux petits filons de granitee plus ou moins clair, dans les plis d'une roche schisteuse sombre, à droite, et gros amas de granite blanchâtre, à gauche. |
Dans une roche foliée, probablement un gneiss, nombrux filons de granite, très fins, parallèles à la foliation, et un gros amas de granit blanc, également parallèle à la foliation, mais étiré, presque "boudiné". |
VOIR
AUSSI : une
page de photos consacrée
au balcon et à la muraille de Barroude
13.
La diorite
La
partie est du balcon de Barroude est occupée par un petit massif
de diorite (ou de granodiorite, dont la composition est proche
: voir le schéma, ci-dessous, de la compositio minérale des
roches volcaniques et plutoniques)..
La diorite
est une roche magmatique plutonique (son équivalente
volcanique est l'andésite), intermédiaire entre roches granitoïdes
et basaltiques, grenue, mésocrate (claire), dure, composée essentiellement
de plagioclases (feldspaths sodi-calciques) et d'amphiboles,
avec un peu de biotite.
Elle résulte d'une fusion
partielle, sous l'effet d'une température élevée,
parfois d'une pression basse (et peut-être d'une hydratation, qui diminue
le température de fusion, ou d'un amincissement de la croûte
qui les rapproche de la chaleur du manteau), de roches de la croûte
terrestre, dans les profondeurs de la chaîne de montagne hercynienne
formée vers - 330 Ma. Le liquide de fusion, plus léger que les
roches encaissantes, a formé un pluton (une masse de magma plus
ou moins sphérique), de faibles dimensions, qui est lentement monté
dans l'épaisseur de la croûte (on parle d'intrusion) mais
s'est solidifié avant d'atteindre la surface. C'est l'érosion
de la chaîne hercynienne qui l'a mise au jour, dans la région,
parmi les autres composantes du socle paléozoîque.
Dans le cirque de Troumouse la diorite forme le dôme
qui, sous le nom de Cot, occupe le centre du cirque.
Vue, vers
le nord, sur le plateau de diorite, depuis les ampélites
noirâtres des abords du port de Barroude. |
Vue aérienne (par
Géoportail ),
avec calque, de la
partie est du cirque de Barroude, centrée sur le plateau de
diorite, dominé à droite (à l'est) par le Pic
de PortVieux |
Dans cette image de l'ouest et du centre du cirque de Barroude les roches claires du dôme de diorite se situent en bas, à l'est du grand lac |
Des blocs
de diorite vus de plus près.
A l'arrière-plan, le large port de Barroude, d'où le chemin descend. |
Le
plateau, ou la croupe, de diorite vu de l'ouest. Par sa couleur claire il se détache sur, en avant, au nord des lacs, les pelouses du plancher du balcon de Barroude, et, en arrière, sur les pics, dans l'ombre, du Pic de Port Vieux, à gauche, et du Soum de Barroude, à droite. |
COUPE du cirque de Troumouse montrant en son centre, dans le socle métamorphique un autre massif de diorite, plus petit, le Cot, centré lui-même par un affleurement de granite à cordiérite. |
Photo prise du sentier qui monte du grand replat de La Gela au balcon de Barroude.
C'est sur
ce promontoire qu'avait été installé, dans le passé,
la station supérieure d'un câble aérien chargé
de decendre le minerai extrait des mines de Liena, après la traversée
du cirque de Barrosa, dans la vallée de La Gela.
|
Schéma permettant de situer la diorite visuellement, dans l'ensemble des roches magmatiques, par sa composition en minéraux, exprimée en pourcentage de volume,
On voit nettement que la diorite, intermédiaire entre les granitoîdes et les roches basiques (basalte, péridotite), est essentiellement composée de plagioclases, blanchâtres, et d'amphiboles (souvent de la hornblende verte) sombres, avec un peu de biotite, et un peu de quartz)
|
VOIR
AUSSI dans ce site :
-
deux pages dont : * une
page contenant une suite de photos
le long du chemin des mines dans le cirque de Barroude
*
une page
contenant des vues panoramiques de la partie est du cirque
de Barroude
- des
pages de photos : * une page
consacrée au chemin des mines à travers le plateau
de diorite
* une page
consacrée à la tour de Lieussaube dans le cirque de Troumouse
14. Le métamorphisme de contact
C'est
le métamorphisme subi par les roches sédimentaires
paléozoïques encaissantes, lors de l'intrusion ascendante
du pluton de diorite en fusion (à l'état de magma),
sous l'effet de la forte chaleur dégagée par celui-ci. |
Autre photo du même affleurement
de cornéenne à la périphérie du massif
de diorite. Cette photo
est une capture d'écran de la vidéo du Géopatrimoine
pyrénéen intitulée"Géologie du cirque
glaciaire de Barroude" |
La muraille de Barroude, sous le pic Gerbats : effet de son érosion. Immédiatement
à son pied les éboulis sont composés de débris
rocheux de petit volume. |
Depuis
le cairn marquant, dans les ampélites, le port de Barroude, vue
sur le balcon de Barroude, sous un banc de brume, au pied de la grande
muraille de Barroude, à gauche Au loin : la dent du pic Gerbats et le pic de La Gela. Dans la muraille un couloir, , borde l'arête qui descend du petit pic Blanc de Troulouse. Lié à une faille, étroit et profond, il a donné naissance à un grand éboulis qui s'étend jusqu'au grand lac, alimenté par les pélites sombres, peu solides, qu'il traverse. (voir les photos de la section 4) |
Vue vers l'est, prise
du sommet du pic Gerbats, montrant une grande partie du cirque
de Barroude. Les
caractéristiques morphologiques du cirque de Barroude évoque
l'action d'un glacier : |
Depuis le sommet du pic de le Gela vue, vers le sud, sur la partie sud du cirque de Barroude, avec le port de Barroude à gauche et l'extrémité sud de la muraille de Barroude à droite, et au premier plan le grand lac de Barroude. Au pied
de la muraille le grand névé recouvre ce qui reste de
l'ancien glacier de Barroude, responsable de la belle moraine
qu'on voit à sa base (voir
l'image suivante).
|
Depuis l'ancien refuge de Barroude (détruit en 2014 par un incendie) vue, de l'autre côté du grand lac, vue sur la belle moraine, au pied de l'extrémité sud de la muraille de Barroude, mais séparée d'elle par un petit vallon descendant de la dent qui pointe à la base de l'arête est du pic de TRoulouse, et occupé par un important névé.
|
Cette
photo n'a pas été prise dans le cirque de de Barroude, mais
de l'autre côté du pic Gerbats, dans le cirque de Troumouse,
plus précisément au pied de l'éperon nord-ouest de
ce pic, au-dessus du "mauvais pas". Elle a l'avantage de montrer, sur le plancher du cirque, des arcs morainiques imbriqués, laissés par la dernière glaciation, vers - 10000 à -5000 ans. |
*
NOTES
:
1. L'auteur
du site s'est appuyé, pour visiter et décrire par des photos
commentées le cirque de Barroude, sur l'excellent guide géologique
Hautes-Pyrénées, de
HERVOUET (Yves), PÉRÉ (Alain) et ROSSIER (Dominique), éditions
Omniscience, avec partenariat du BRGM, 2016.
Utile aussi bien au montagnard qu'à l'amateur de géologie,
il décrit (sous forme de topo-guides : carte, profil, renseignements
pratiques) par un texte clair (illustré de nombreuses photos avec schémas
interprétatifs, et de coupes), de façon précise mais
accessible (il y a un glossaire), la géologie des lieux traversés
par 10 itinéraires des Hautes-Pyrénées, en particulier
l'itinéraire 3 qui passe par la tour de Lieussaube (La vallée
d'Héas et le cirque de Troumouse : une boucle à partir d'Héas,
avec montée par la vallée de l'Aguila, traversée du cirque,
et descente par l'Hôtellerie du Maillet), mais aussi deux autres itinéraires
dans la région du cirque de Barrosa (1 : Sur la crête
de l'Aiguillette, et 2 : De Piau-Engaly au Port de Barroude).
On trouvera aussi dans ce guide une brève histoire géologique
des Hautes-Pyrénées, et des informations diverses sur les Pyrénées
(flore, faune, thermalisme,
mines, etc.)
.
VOIR
AUSSI :
- dans le site des
"Amis du Parc National des Pyrénées"(https://www.apnp.fr)
un article de Claude LUCAS, intitulé "Aragnouet-Barroude",
dont l'adresse est : https://www.apnp.fr/aragnouet-barroude-geologie/
- dans le site
de Mariano (https://www.topopyrenees.com),
un splendide panorama à 360° pris
du sommet du pic de La Gela, montrant en particulier, dans sa partie initiale,
le cirque de Barroude. Pour le voir, ouvrir la page consacrée
à l'ascension du pic de La Gela dans une randonnée en boucle
passant par les crêtes de ce pic (page contenant de nombreuses et belles
photos) : http://www.topopyrenees.com/randonnee-pic-de-la-gela-2851m-en-boucle-par-les-cretes/
,
et
cliquer sur le petit projecteur jaune au-dessous de la première
grande photo.
- un film (de 15 minutes) présenté
par l'association "Géopatrimoine pyrénéen",
intitulé "Géologie du Cirque glaciaire de Barroude,
Hautes-Pyrénées", dont l'adresse est : https://vimeo.com/78761793
- un
autre film, accessible sur le web, mérite d'être vu par
toute personne intéressée par le cirque de Barroude, géologue
ou non, bien qu'il ne traite pas de géologie, parce que c'est un beau
film, émouvant, sur la vie du refuge de Barroude avant l'incendie
qui l'a détruit en 2014, film réalisé par ses anciens
gardiens, Eric Courgeon et Rozenn Olichon, intitulé "Barroude,
un refuge de haute montagne". Il dure 1 h 06 et son adresse est :
https://vimeo.com/312045987
- le livre,
de la collection "Guides géologiques", par Yves Hervouët,
Alain Péré et Dominique Rossier, "Hautes-Pyrénées",
itinéraire 2; "De Piau-Engaly au Port de Barroude",
pages de 46 à 67 (voir ci-dessus la note1)
Page mise à jour le 10 octobre 2024