Photos
: page de photos 13-8
Une autre voie romaine : celle qui traverse l'Aubrac
L'intérêt
que l'auteur du site a porté à la "Ténarèse"
(cliquer
ici), voie romaine qui traversait le Gers puis,
peut-être, les Pyrénées à proximité du cirque
de Barrosa, l'a amené à s'intéresser à d'autres
voies romaines, en particulier à celle qui traversait les Monts
d'Aubrac, à cheval sur l'Aveyron et la Lozère (note
4).
Il en propose ici une sorte de topo-guide, susceptible d'être
utile à des randonneurs attirés à la fois par la beauté
de l'Aubrac et, pratiquant un tourisme culturel, par la recherche de vestiges
gallo-romains.
Parcourir les vestiges de cette voie
romaine sur les croupes qui montent de la vallée du Lot, puis à
travers les forêts et
les immenses
et sauvages pâturages du
haut plateau basaltique de l'Aubrac, est en effet à la fois très
agréable et très
intéressant (note 5).
On ne trouve actuellement (2013), sur le terrain, que très peu d'informations sur cette voie romaine, alors qu'elle mériterait d'être mise en valeur dans le cadre d'une politique locale en faveur du tourisme culturel. |
Cette
page donne accès à quatre autres pages qui ont pour but
de constituer un guide susceptible d'aider ce parcours, dans la partie
de la voie qui va de Saint-Côme-d'Olt à Malbouzon,
fait de cartes et de photos commentées (de la voie elle-même,
mais sans prétention archéologique, et surtout de son environnement).
![]() |
Cette voie romaine, dite "via Agrippa" (alors qu'elle
n'est en fait qu'une partie du réseau, centré sur Lyon,
capitale des Gaules, mise en place au Ier siècle par Agrippa, gendre
de l'empereur Auguste, et restaurée au IIIe), allait de Rodez (Segodunum,
capitale du pays des Rutènes, en gros le Rouergue, c'est-à-dire
à peu près l'Aveyron actuel et l'Albigeois) à Anderitum
(actuellement Javols) qui était à l'époque gallo-romaine
une ville importante, capitale du pays des Gabales, en gros l'ancien Gévaudan,
c'est-à-dire à peu près la Lozère actuelle
(carte ci-contre).
Elle était un tronçon de la voie qui reliait Bordeaux (via Cahors) et Toulouse, à Lyon. Une autre voie reliait Rodez à St-Thibéri, sur la via Domitia, pas loin d'Agde. Elle traversait l'Aubrac dans la direction sud-ouest - nord-est, entre Saint-Côme-d'Olt et Aumont-Aubrac, qui, à 14 km de Malbouzon, est proche de Javols (carte ci-dessous). |
CARTE de la partie sud-est
de l'Aubrac situant le tracé de la voie romaine :
Le tracé
de la voie romaine, entre Saint-Côme-d'Olt et Malbouzon, est surlignée
en jaune.
C'est le tracé décrit par le Club
Archéologie et Patrimoine de la MJC de Rodez pour la traversée
d'été de l'Aubrac. L'hiver était empruntée
une autre voie plus à l'est, passant par la vallée de la Serre
(affluent droit de l'Aveyron), franchissant la vallée du Lot
à St-Laurent-d'Olt pour rejoindre par le flanc ouest du Signal de Mailhebiau
le site de Ad Silanum.
Entre St-Côme et Lestrade une version plus ancienne
est surlignée en orange.
Les cadres, numérotés de 1 à
4, y délimitent des cartes plus précises insérées
dans quatre pages où sont décrites successivement les
étapes suivantes (pour accéder à ces pages cliquer
sur le lien):
étape
1 : de Saint-Côme-d'Olt à
la route D 19 ;
étape
2 : de la route D 19 à la route de Montorzier
;
étape
3 : de la route de Montorzier au pont de Marchastel
;
étape
4 : du pont de Marchastel à Malbouzon.
Les Monts d'Aubrac, au loin, vus,
par delà les vallées de l'Aveyron et du Lot, depuis les hauteurs
du Lévézou, non loin de Séverac-le-Château.
SUR LES VOIES ROMAINES en général il est bon de savoir
que ;
Parfois elles ne sont qu'un réaménagement par les Romains de chemins plus anciens, gaulois, voire protohistoriques.
Les voies construites
par les Romains étaient de plusieurs sortes :
- voies publiques construites et entretenues par l'Etat,
servant à la circulation des armées, du courrier et des marchandises
;
- voies secondaires, vicinales, construites et entretenues
par les magistrats des pays traversés, reliant des vicus (gros bourgs),
branchées sur les premières ;
- chemins traversant des domaines particuliers, reliant des
villas ;
Les voies principales comportent
des aménagements pour faciliter les déplacements, entre
autres des :
- bornes milliaires (milliaire est un nom masculin) : cylindres
de 2 à 4 m de haut sur lesquels sont inscrites, entre autres, des indications
de distances ;
- relais et auberges, notamment les :
. "mutatios" : haltes-relais
tous les 10 à 15 km, s : où on pouvait changer les montures
;
. "mansios" : toutes les
3 mutatios, sortes de refuges où on trouvait gîte et couvrert,
et des écuries pour l'entretien des attelages ;
- lieux cultuels, où étaient sollicités
Mercure, dieu du commerce et des voyages, et Diane, gardienne des routes ;
on y faisait des offrandes monétaires et on y fixait des ex-votos ;
Eles traversaient Les cours
d'eau par des ponts, en bois, ou en
pierres, parfois spectaculaires, souvent
par des gués avec chaussée immergée, ou grace à
des bacs ;
Une voie romaine se caractérise généralement,
surtout quand il s'agit d'une voie publique, par :
- un tracé qui se rapproche le plus possible
de la ligne droite, compte tenu de la topographie des lieux ; les Romains
n'aimaient pas les virages aigus, d'autant plus que les chariots à
4 roues (photo ci-dessous : musée
archéologique de Strasbourg ; chariot à 4 roues sculpté
sur une stèle trouvée dans le camp romain d'Argentorate, sur
le site actuel de la ville) n'avaient
pas de train avant pivotant, contrairement aux chariots à 2 roues.
Dans les montées ils préféraient un tracé en
écharpe (note 2), ou acceptaient même,
pour éviter les lacets, des pentes raides (jusqu'à 15 à
18%) ;
- un cheminement tirant habilement parti de la topogaphie
locale pour être le plus économique possible ; souvent en
crête (ou un peu en-dessous), sur des croupes ;
![]() |
-
quand la chaussée n'était pas taillée dans la roche,
une structure faite d'un soubassement ("le hérisson")
de blocs rocheux, le
plus souvent de basalte dans
l'Aubrac, de 40 cm de côté, (schéma
ci-contre), sérrés
les uns contre les autres tout en assurant un drainage (en pays calcaire
ou schisteux, il s'agit de dalles sur champ perpendiculaires à
l'axe de la voie) ; le tout était couvert d'une surface de roulement
meuble (cailloux, graviers, terre, le plus souvent disparus), et maintenu
par des bordures (ou "margines") constituées de
pierres plates plantées sur la tranche parallèlement à
l'axe de la chaussée ; en rase
campagne la plupart des voies romaines n'étaient ni pavées,
ni dallées (note 3); - une largeur autour de 6 m (mais parfois elle tombe à 2 m. 40 dans les lignes droites, des espaces étant alors prévus pour se croiser, augmente dans les courbes, et peut monter jusqu'à 7 m.) ; - parfois sa construction sur une levée de terre d'environ 1 m au-dessus de la surface environnante (par exemple dans une zone marécageuse) et la présence inconstante d'un fossé latéral ; - parfois des ornières creusées dans un substrat rocheux ou dans une voie dallées ou pavées, espacées de 1 m. 45 environ, pour empêcher les véhicules de riper dans les sections pentues (note 3). |
Il est alors difficile de différencier
avec certitude les vestiges d'une voie romaine de ceux d'un simple chemin
médiéval (ou pré-romain) empierré ; penvent
cependant y aider, tout en laissant persister un doute plus ou moins grand
:
- les cartes, surtout celles de l'IGN, mais aussi,
consultables sur Géoportail, les anciennes cartes d'état-major,
quand elles portent la mention "Ancienne voie romaine" le long d'une
route ou d'un chemin, ou encore des photos aériennes
datant d'avant les remembrements ;
- des vestiges gallo-romains trouvés sur le
chemin, tels que des "tégulae" (fragments
de tuiles romaines) (note 1) ou
des bornes milliaires ;
- l'existence, à proximité d'un chemin,
de vestiges d'un site gallo-romaine ayant pu constituer une station-relais
;
- ou celle d'un point d'eau (où pouvaient boire
les attelages) ;
- les toponymies d'un lieu-dit ou d'un village (par exemple
Lestrade, du mot latin strata, voie) en sachant que la voie ne passait
pas forcément dans le village même mais à proximité
;
- les informations reçues des habitants (pas
forcément fiables), qui savent par exemple que tel chemin a de tout
temps été appelé "voie de César" ;
ou "cami ferrat" ;
- la notion selon laquelle une voie romaine peut avoir
servi, dès l'origine, de limite de propriété, et son
tracé coïncider de ce fait avec une clôture (les limites
cadastrales, consultables sur Géoportail, sont alors utiles).
Pour obtenir
des informations complémentaires sur les voies romaines en général,
on peut consulter,
dans la revue Patrimoni (journal du patrimoine de l'Aveyron et
de ses voisins), un article de Alain Bouviala : La voie
romaine du Nord-Larzac au Lévézou, en 2 parties :
- Du Larzac à Millau, dans
le n° 81, Juillet-Août 2019, pp 14 à 19 ;
- De Millau à la Crête du Lévézou,
dans le n° 82, Septembre-Octobre, pp. 22 à 27.
UN PEU DE GEOLOGIE, à partir notamment
d'une carte et d'un schéma simplifiés :
![]() |
<= Carte géologique simplifiée,
et schéma partiellement hypothétique servant de
légende. Au sud-ouest la vallée du Lot s'est creusée à partir de -20 Ma, à la suite du contrecoup de la surrection des Pyrénées (qui a exhaussé le sud de la région), dans des sédiments qui s'étaient déposés (du grès rouge au Permien, du calcaire au Jurassique) dans une dépression (dite détroit de Rodez) limitée au nord par d'anciennes failles ayant affecté la chaîne hercynienne. |
En haut : photo prise aux environs
de Saint-Urcize (à l'ouest du village) sur laquelle on peut voir les
trois composantes principales de la géologie de l'Aubrac :
- le volcanisme sous la forme d'une butte tabulaire constituée
d'une variété de basalte (en
haut à gauche) ;
- le socle hercynien sous la forme d'affleurements de granite
clair, socle qui a été perforé par les volcans ;
- la période glaciaire quaternaire responsable,
par érosion, de l'aspect moutonné de ces affleurements.
En bas : extrait de la carte géologique Nasbinals
du BRGM (où le violet désigne le basalte, le rose clair le granite
et le vert très clair les dépôts glaciaires) superposé
à une carte géographique de Géoportail situant l'endroit
d'où a été prise la photo : proche d'une croix sur le
tracé du chemin du tour des Monts d'Aubrac (tireté surligné
en violet foncé).
L'Aubrac enneigé (l'hiver 2013), en toile de fond
d'un village aveyronnais, Saint-Julien-de-Rodelle (proche de Bozouls) (photo
François Carrière).
SOURCES utilisées
pour ces pages ; l'auteur du site s'est beaucoup appuyé sur :
- les cartes de l'IGN au 1/25000, Google Earth et
Géoportail pour les photos aériennes, et les données
de Géoportail pour les cartes d'état-major, les limites cadastrales
et les photos aériennes ;
- le livre d'Alexandre ALBENQUE, "Les Rutènes,
études d'histoire, d'archéologie et de toponymie gallo-romaines,
suivi de Inventaire de l'archéologie gallo-romaine du département
de l'Aveyron ", éditions du Beffroi, 1996 (réimpression
des éditions de 1948 et 1947) ;
- le travail de Jean DHOMBRES et Jean GINESTET paru dans la revue
Etudes aveyronnaises (Recueil des travaux de la Société
des lettres, sciences et arts de l'Aveyron), 1995, "La voie romaine
de Rodez à Lyon dans son parcours aveyronnais : étude topographique
du tracé", p. 219 à 249.
- le livre de Gérard COULON, "Les voies
romaines en Gaule", éditions Errance, collection Promenades
archéologiques, 2007, 2009, 2013 ;
- les revues :
* Histoire antique & médiévale,
n° 68, juillet-août 2013, Les voies romaines en Gaule. Voyage
au coeur de notre histoire ;
* Dossiers d'archéologie,
n° 343, janvier-février 2011, Les voies romaines autour de
la Méditerranée ;
- et les sites
web :
* "Aurelle-Verlac", de Patrick
FAVARETTO, où on trouve également de multiples informations
sur l'Aubrac, et les régions voisines : y voir la page Plan du
site (cliquer ici)
;
* celui rapportant les observations
archéologiques sur le terrain du Club Achéologie et Patrimoine
de la Maison des Jeunes et de la Culture de Rodez ; elles ont fait l'objet,
dans le site de la MJC d'un document Pdf intitulé "Voie romaine
entre Rodez et Javols" consultable ou téléchargeable
en cliquant
ici ;
En certains endroits le tracé de
la voie romaine est incertain et plusieurs hypothèses se présentent
selon les travaux archéologiques du passé : l'auteur du site
les signale toutes sans prendre parti, s'estimant incompétent et inexpérimenté
en archéologie. Cependant il s'est parfois permis, surtout en Lozère,
d'apporter le résultat d'observations personnelles : mais en sachant
qu'à partir de celles-ci il a pu faire des suppositions hasardeuses
et commettre des erreurs. C'est pourquoi il serait reconnaissant à
des personnes (archéologues professionnels ou amateurs), connaissant
la voie mieux que lui, si elles voulaient bien rectifier ces erreurs, ou lui
faire des suggestions, ou ajouter des commentaires, ou même des photos,
à l'adresse de courriel figurant dans la page Contact .
CONSEILS PRATIQUES
pour parcourir la voie romaine (s'ajoutant
à celui de consulter au préalable les sites web signalés
ci-dessus) :
![]() |
-
il est bon de se munir de bonnes chaussures imperméables (la végétation
pouvant être détrempée) et d'un bâton (de bois,
en particulier pour écarter les fils de fer barbelés et
les ronces), mais en sachant que les chiens n'aiment pas ça ; - les cartes IGN au 1 : 25000 (image ci-contre) sont indispensables ; - on peut y ajouter dans le sac les brochures suivantes, qui apportent en outre beaucoup d'informations sur l'Aubrac: en général : * les topo-guides de la Fédération Française de la Randonnée Pédestre : le GR 65 (et une de ses variantes, non balisée, ancien GR 65A), qui est un sentier de Saint-Jacques-de-Compostelle (chemin du Puy), et le GR 6 empruntent de longs tronçons de la voie romaine figurant sur des cartes au 1:50000 ; * ou le livre Aubrac édité par l'association Chamina : certains circuits de petite randonnée empruntent aussi la voie romaine ; * ou encore la brochure de Francis NOUYRIGAT, D'aubrac en vallée, sur le chemein de Saint-Jacques, édité par l'association Les Amis d'Aubrac et les éditions du Rouergue, 2002. |
Haut
de page
Des Monts du Lévézou (lieu-dit
"Beauregard", sur la route D28 entre Vezins et Vaysse Rodier) vue,
vers le nord-est, par delà la vallée de l'Aveyron et le causse
de Séverac, sur les Monts d'Aubrac qui barrent l'horizon, au-delà
de la vallée du Lot encombrée de nuages bas.
Du même endroit vue sur les
Monts d'Aubrac, à l'horizon, par delà le Causse de Séverac.
VOIR AUSSI une GALERIE DE PHOTOS de l'Aubrac (l'Aubrac au fil des saisons) dans une page spéciale , photos dont les auteurs sont "Eliane et Didier".
Une des photos de l'Aubrac par "Eliane
et Didier".
Liste
des pages de PHOTOS
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de page
Page
d'accueil
NOTES
:
1.
Les toits des bâtiments romains étaient constitués
de tuiles en terre cuite de deux sortes, les tegulae (singulier
: tegula, du latin tegere, couvrir, qu'on retrouve dans
le français tégument ) et les imbrices
(singulier : imbrex = tuile concave, d'où dérive le français
imbriqué = agencé comme les tuiles d'un toit) Voir le dessin de la figure ci-contre, où les photos sont celles de tégulae et d'imbrices trouvées dans le site romain religieux des Basiols, situé sur les Monts du Lévézou, dans l'Aveyron, au bord de la voie romaine qui allait de Rodez à St-Thibéry, près d'Agde, en passant par Millau). |
![]() |
2.
Quand il s'agit d'affronter un dénivelé (mais pas seulement)
le tracé d'une voie romaine
ressemble à celui des autoroutes actuelles. Les
deux vues de Google Earth de la figure ci-dessous illustrent cette ressemblance.
-
à gauche
: dans l'Aveyron, après
avoir traversé le plateau du Lévézou, la voie
romaine (tireté jaune) qui va de Rodez à Millau doit escalader
les Monts du Lévézou (dénivelé de 150 m environ)
pour en franchir la crête au site gallo-romain religieux des Basiols
; pour cela elle s'écarte de son axe général pour ensuite
monter en écharpe suivant un tracé presque rectiligne dont la
pente est faible, alors qu'un chemin (probablement médiéval
; tireté orange), qui d'abord se dirige droit vers les Basiols, doit
ensuite décrire un S dans la montée pour atténuer la
pente (source : Claude Favié, Une voie romaine sur le Lévézou,
Office du Tourisme de Salles-Curan, 1997 ; dans cette brochure on trouve,
p. 19, une citation de Margueritr Yourcenar qui, parlant de l'application
avec laquelle Rome construit ses routes, fait dire à l'empereur Hadrien,
dans Mémoires d'Hadrien : "Que de soins pour trouver
l'emplacement exact d'un pont ou une fontaine, pour donner à une route
de montagne cette courbe la plus économique qui est en même temps
la plus pure") ;
-
à droite
: le causse du Larzac est barré par un dénivelé
d'environ 80 m (la partie sombre en haut de l'image) dû à une
cassure le long de laquelle le compartiment nord du plateau est monté
par rapport à celui du sud (cassure liée au contre-coup de la
surrection des Alpes) ; l'autoroute (A 75) s'écarte ici aussi
de son axe général sud-nord pour le franchir en écharpe
(et pas seulement pour contourner le village de l'Hospitalet-du-Larzac), alors
que l'ancienne route (D 809) traverse le village et ensuite se tortille pour
franchir ce dénivelé.
3. Exemples de voies romaines :
-
en haut, à gauche : la via Domitia à la montée
du versant est de l'oppidum d'Ambrussum (entre Montpellier et Nîmes,
près de Lunel) ; la pente est forte (jusqu'à 8 à 9%)
et la chaussée est pavée de blocs de calcaire disposés
perpendiculairement à l'axe de la voie, entre des bordures. Les voies
romaines pouvaient être dallées ou pavées dans les villes
ou dans les fortes pentes (comme ici)
Les ornières, étroites (environ 10 cm),
ne résultent pas de l'usure (elles seraient alors plus larges) mais
ont été intentionnellement creusées pour guider les roues
des charriots lourdement chargés, afin d'empêcher leur dérapage,
surtout à la descente, quand du fait de la pente la charrue a tendance
à passer devant les boeufs (les voitures n'avaient pas de freins dynamiques
mais seulement des dispositifs de blocage). Leur écartement
est de 1,435 m. (soit 4 pieds et 8,5 pouces) ; c'était sans doute le
même dans tout l'empire romain ; il était conditionné
par les dimensions de l'arrière-train des chevaux et le fait que attelés
côte à côte ils ne devaient pas se géner, ainsi
que par le fait que les roues des chars ne devaient pas se trouver dans l'axe
des traces des sabots des chevaux, sans être non plus en dedans de celles-ci,
ni trop en dehors. On retrouve exactement le même écartement
entre les rails des voies ferrées actuelles (pour en savoir plus
: cliquer
ici : c'est un forum, voir le message R10, intitulé : "Le
cul des chevaux").
- en haut, à droite : une
voie romaine à Marmagne, près de Montbard, 15 km au nord-ouest
d'Alice-Sainte-Reine (Alésia) ; son ossature est contituée de
dalles de calcair,e ici aussi posées de champ, perpendiculairement
à l'axe de la voie.
- en bas : le bord,
dégagé par une fouille limitée, de la voie romaine
qui relie Rodez (Segodunum) à la via Domitia (à Saint-Thibéry,
13 km au nord-ouest d'Agde), dans l'Aveyron, dans la traversée du plateau
du Lévézou, près du ruisseau le Vioulou : la disposition
des dalles est la même mais il s'agit de dalles de schiste.
Autre
exemple de voie romaine
: un court tronçon de la via Domitia (voie Domitienne
; qui allait des Alpes à l'Espagne, en passant par Briançon
et Nimes) mis en évidence devant la mairie de Narbonne.
4.
"L' Aubrac" est
un haut plateau volcanique et granitique d'environ 40 km de long et 20 de
large, culminant à 1469 m. d'altitude, situé au centre sud du
Massif Central, à cheval sur trois départements :
Cantal, Lozère et Aveyron.
L'étymologie du nom Aubrac est considérée
comme étant la suivante : il aurait pour origine l'occitan
alto braco, issu
du
latin altus ("haut") (c'est un haut pays)
et d'un
mot peut-être gaulois bracu (en vieil occitan brac
= boue) (c'est une terre humide, marécageuse, boueuse).
À noter qu'est paru en janvier 2019 un roman,
dont l'auteur est Vanessa Bamberger (originaire de l'Aubrac), le titre
Alto Braco, et l'éditeur Liana Lévy : sa lecture
est une excellente façon de se familiariser avec les habitants et la
terre de l'Aubrac (voir sur Youtube une vidéo dans laquelle Vanessa
Bamberger parle de son roman sur le plateau de La Grande Librairie en fécrier
2019 : https://www.youtube.com/watch?v=6Yl9t0Arugk).
5. A noter que l'Aveyron est traversé par une autre voie romaine qui relie Rodez à Saint-Thibéry sur la côte méditerranéenne en passant par le Lévézou, Saint-Beauzély, Millau, le Larzac, etc. Cliquez ici pour en voir, sur une carte, un court tronçon de part et d'autre de Saint-Beauzély, d'après l'auteur du site (Pierre Carrière).
Page de photos mise à jour le
10 mai 2021