Photos : page de photos 13-3
Le port de Plan :
le chemin sur le versant espagnol
Prise du sommet du Tuquet de Caouarère,
vue, vers le sud, sur la vallée du rio Cinqueta (vallée
de Gistain).
Au centre de la photo, la croupe qui descend du
Tuquet et dont la partie herbeuse est traversée par le chemin.
A droite, le contrefort mi-herbeux, mi-boisé
de La Punta Suelsa.
Au fond, le massif du Cotiella.
Sur la diagonale de l'image, le relief
par lequel le chemin révèle sa présence, dans le gazon
tapissant la croupe qui descend du Tuquet de Caouarère. Des balises
jaune et blanche aident à le repérer.
Au fond, la crête-frontière, dont on
voit bien qu'elle est à peine échancrée par le
port de Plan (au milieu de l'image). De gauche à droite,
le col 2507, la bosse 2559, l'ensellement 2515, l'épaulement 2524 (où
est plantée la pancarte marquant le port), et le tuc de Monmour (2628
m). De l'épaulement descend une croupe herbeuse sur laquelle on devine
les derniers lacets du chemin.
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Une autre vue des vestiges
du chemin envahi par l'herbe, sous les pentes d'éboulis qui
descendent du Tuquet de Caouarère. A gauche on distingue ses lacets
sous le port de Plan.
Le chemin, dans une courte montée
avant de basculer dans le vallon La Basa au pied de la sierra de Picaruela.
Au fond, le massif du Cotiella.
Dans le vallon La Basa, les lacets
du chemin, soulignés par une végétation plus sombre
que le gazon qui le tapisse. Sur cette photo rien ne donne l'échelle
mais la largeur du chemin est à cet endoit d'environ 2 m. Au premier
plan, un des poteaux qui le balisent.
Le chemin descend ici vers un replat herbeux
et une croupe occupée par les ruines d'une cabane, la cabane des
Cubridors (1910 m). Il a été non seulement balisé
mais aussi débarrassé des genévriers qui le masquaient.
Au-delà, la bosse boisée dite Las Collas et
l'extrémité d'une croupe mi-herbeuse mi-boisée descendant
de la Punta Suelsa. A gauche la vallée du rio Cinqueta ; et
au loin le massif du Cotiella.
Sur le "plan des carlistes",
tapissé de fleurs, toute trace du chemin muletier disparait
dans une herbe épaisse.
Au fond, au-delà de la vallée du rio Cinqueta,
au centre de la photo, les pics d'Eristé, et à gauche
le massif des Posets.
Près d'une centaine de mètres
au-dessus de son arrivée au niveau du rio Cinqueta, le chemin traverse
un promontoire arrondi en forme de dôme, constitué de grès
rouge stratifié, avant de descendre sur son flanc (note
1).
Au deuxième plan : la vallée du rio Cinqueta
et la piste qui la remonte vers Viados (vers la gauche). Au fond, le massif
du Cotiella.
Le chemin dans la forêt,
à l'approche du fond de la vallée, où sa largeur est
à peu prés la même qu'ailleurs, 2 à 3 m. environ.
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La pancarte, à droite, indique
:"Hospital de Gistain". Ces pans de mur sont les ruines de
l'hôpital (ou hospice) qui, 50 m.au-dessus de la gorge du rio Cinqueta
et du pont de la piste de Viados (qu'on appelle "pont de l'Hospital"),
au pied des pentes qui montent vers le port de Plan, à l'altitude de
1500 m., était, côté espagnol, le pendant de l'hospice
de Rioumajou du côté français (au sujet des hospices
ou hôpitaux en général voir la note 2 de la page
consacrée à la carte
de Roussel). La piste qu'on voit à gauche n'est
pas le chemin du port : elle mène aux prairies qu'on voit en haut et
à gauche de la photo.
Au deuxième plan : la base du petit massif de grès
rouge qui domine l'Hospital (cartes
et photos de la note 1).
Malesherbes (1721-1794 ; magistrat issu d'une
lignée de grands juristes de la haute noblesse de robe, président
de la Cour des Aides, homme politique futur ministre, mais protecteur des
philosophes, ayant favorisé l'achèvement de l'Encyclopédie
et la liberté de la presse, ami de J.-J. Rousseau et de Diderot, courageux
critique, dans ses Remontrances adressées au roi, de l'absolutisme
royal mais défenseur courageux de Louis XVI, guillotiné sous
la Terreur en 1794), venu de France (Luchon) le 23 juillet 1767
par le port de Plan dans l'espoir (deçu) de visiter la mine de cobalt
de la vallée de Gistain (esprit ouvert, éclectique, il s'intéressait
à tout, en particulier à la géologie et à la minéralogie
), aprés avoir couché à l'hospice de Rioumajou où
il a souffert du froid, s'arrête à l'Hôpital de Gistain
(ou "Hospital d'Espagne"). Voici ce qu'il en dit dans le récit
de ce voyage (revue Pyrénées n° 163-164, 3-4-1990,
p. 264) :
"L'hôpital d'Espagne a encore
plus mauvaise mine que celuy de France. Nous n'avions point de vivres
pour ce jour-là ; on nous y fit une grande omelette avec de mauvais
beurre et de mauvais oeufs ; nous la mangeames cependant avec beaucoup de
pain qui n'estoit pas non plus trop bon. Mais nous éprouvasmes une
incommodité d'un autre genre ; c'est qu'il n'y a dans cet hôpital
ny chaise, ny table, ny même banc. Nous mîmes l'assiette de l'omelette
par terre et on se coucha à côté [...]."
Le pyrénéiste Alfred Tonnelé,
venant à pied des villages de Salinas et de Plan, s'y réfugie
en plein orage le 13 août 1858. "A notre entrée,
l'hospitalero et la vieille femme manifestent un sentiment de compassion.
Un grand feu est allumé ; nous changeons de vêtements, et nous
nous séchons. Une demi-douzaine d'Espagnols sont étendus sur
de larges bancs autour du foyer, dans la cuisine enfumée, qui est la
seule pièce de la maison. L'orage continus à rager.
On nous fait un dîner, que je trouve excellent ; je
n'ai jamais mangé de meilleur appétit ; deux assiettes de soupe
au lard, l'olla (légumes du pot), et des tranches de jambon
frit. J'offre une pièce de monnaie pour qu'on consente à m'aller
chercher, dans la tourmente, une jarre d'eau fraîche. Diner trés
animé, et gai [...]. Aprés le dîner, arrivent les carabiniers,
qui jouent aux cartes la moitié de la nuit. Je tombe de sommeil sur
les bancs ; il n'y a pas d'autre lit ici. Cependant on me fait monter dans
un galetas où on a étendu par terre une vieille paillasse recouverte
d'une couverture en lambeaux [...]. Reposé tant bien que mal parmi
le bruit des chats, qui se battent d'une façon sauvage jusque sous
nos pieds, et des Espagnols, qui parlent bien haut dans la chambre au-dessous"
(Alfred Tonnelé, Trois mois dans les Pyrénées
et dans le midi en 1858, Journal de voyage, édition Monhélios,
2002, page 83) (note 1).
Deux autres vues de l'hospital
de Gistain, tirées de la partie d'un site internet espagnol consacrée
à la vallée
de Gistain. Au fond, sur la photo de droite, le massif enneigé
du Cotiella.
VOIR AUSSI :
* outre les deux pages suivantes
consacrées au port de Plan
-
faisant la description de son chemin ;
-
retraçant son histoire).
* les
pages de photos suivantes :
13-1
- Le chemin du port de
Plan sur le versant français
13-2
- Le port de Plan lui
même
13-4
- Panoramas et environs du
port de Plan
13-5
- La Ténarèse entre la
Garonne et la vallée d'Aure
(avec
un lien pour une page sur
la voie romaine de l'Aubrac
dans
l'Aveyron
(13-8)
13-6
- La Ténarèse en
vallée d'Aure
13-7
- Le pic Batoua
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NOTES
:
1.
Les
irrégularités de la surface de ce petit massif de grès
rouge imposent de regarder où on met les pieds quand on le traverse..
L'auteur du site, lorsqu' il l'a traversé, s'est posé la question
de savoir si elles ne créaient pas des difficultés pour les
mulets (puisqu'il s'agit d'un chemin muletier). Quelque temps après
il a trouvé la réponse dans le récit de Malesherbes.
De la descente sur le versant espagnol c'est le seul passage sur lequel il
s'attarde dans son récit :
"[...] j'ay remarqué
entre autres, à l'endroit précisémént de l'arrivée
à l'hôpital d'Esapgne, des schistes rouges en forme de toit,
rangés les uns sur les autres pareillement comme un toit fort aigu,
avec cette différence que les ardoises d'un toit sont couchés
les unes sur les autres pour laisser couler la pluye, au lieu que celles-ci
le sont en sens contraire pour retenir, et les mulets emboutoient leurs pieds
contre ces arêtes ; mais il n'y a, d'une arête à l'autre,
bien plus loin que l'enjambée d'un mulet. Je ne comprends pas comment
ils pouvaient s'y tenir ; j'avais bien de la peine à m'y tenir à
pied."
Carte
géologique de la région de Bielsa, où on voit (dans le
coin inférieur droit) que la zone où se situent les ruines de
"l'Hôpital de Gistain" (marqueées par un point rouge),
à l''endroit où le rio Cinqueta (affluent du rio Cinca) change
de direction, se trouve dans le secteur de grès rouge du Permo-Trias
(couleur violet), en amont d'un secteur granitique.
Le
"pont de l'Hospital" sur la gorge du rio Cinqueta : photos
et carte.
Malesherbes
ne reste pas à l'Hospital pour la nuit, et raconte son "bivouac"
au bord du chemin ( il n'aime pas le faste qu'on pourrait attendre d'un grand
personnage issu de la haute noblesse de robe) :
"Après dîner, pendant que les mules se reposaient,
je descendis le monticule rouge de l'hôpital pour chercher un endroit
commode pour dormir. Sous le monticule, je passay la rivière sur un
pont très élevé [franchissant la petite gorge boisée
du rio Cinqueta] [...] . Il y avoit d'assés grands arbres, fresnes
et aulnes, et parmi eux un beau sorbier prenant racine près de l'eau
et faisant de l'ombrage sur le pont, et d'autres ensuite le long de la rivière.
Sous le pont la rivière fait nappe d'eau et cascade. A cinq ou six
pas, de l'autre côté, je trouvay une petite caverne dans un roc
de schiste, qui n'avait guère plus que ma largeur et dont le plan était
assés modérément incliné : j'avais devant moi
cette rivière profonde que j'entendais plus que je ne la voiyois, l'ombrage
des arbres aquatiques qui sont toujous frais, et en face de moy une petite
cascade.".
A
propos
de Malesherbes,
qui est peu connu, mais qui est une grandet figure clé du siècle
des Lunmières, voici comment Élizabeth Badinter, philosophe
et historienne spécialiste du XVIIIe, grande admiratrice de ce personnage
atypique,
et qui ne manque pas de panache, en fait le portrait subjectif dans un entretien
paru dans le hors-série n°12 de la revue Philosophie
magazine de février-mars 2017, p. 14
:
,
Page de photos mise à jour
le 21 janvier 2024.